Louis Dreyfus Armateurs (LDA) et l'armement danois DFDS ont démarré le 1eroctobre un partenariat visant à optimiser leurs opérations sur le Transmanche. Ce rapprochement s'inscrit dans une perspective de «consolidation» sur le Détroit où les opérateurs maritimes et le tunnel se livrent un duel sans merci (1). En 2011, près de 21,3millions de passagers, 5millions de véhicules de tourisme et 3,3millions d'unités de transport routier ont traversé le Détroit à bord des ferries ou des navettes d'Eurotunnel. Et la récession au Royaume-Uni qui pèse sur le volume de trafic n'a guère diminué l'offre sur ce secteur malgré le naufrage de SeaFrance. MyFerryLink, la Scop qui en est issue exploite trois unités rachetées par Eurotunnel. Avec ses géants Spririt-of-Britain et Spirit-of-France, P & O Ferries a franchi une étape dans la taille des navires en lice.
Redistribution des cartes
Détenue à 82% par DFDS et 18% par LDA, la nouvelle entité qui met en oeuvre une flotte de huit ferries opère sur Dunkerque et Calais-Douvres, Dieppe-Newhaven et LeHavre-Portsmouth. Du côté du Conseil général de la Seine-Maritime, on observe avec beaucoup d'attention cette redistribution des cartes qui aura forcément une incidence en Manche centrale. Directeur général adjoint des services et directeur général du transmanche (Smpat), Jean-Pierre Lucas insiste sur «l'attachement très fort des deux côtés de la Manche à la liaison historique Dieppe-Newhaven qui symbolise la proximité quasi-culturelle entre les territoires concernés».
Inquiétude au Département
La ligne est opérée par LD Lines, filiale à 100% de LDA, dans le cadre d'une Délégation de Service Public (DSP). Avec le Seven-Sisters, elle offre deux services quotidiens entre le port cauchois et son traditionnel vis-à-vis de l'East Sussex. Mais la collectivité locale ne dissimule pas une certaine inquiétude quant au flou qui entoure encore le fonctionnement de la structure DFDS/LDA. «Le rapprochement s'accompagne de mouvements de personnes. Nos interlocuteurs habituels s'effacent», note Jean-Pierre Lucas qui se dit «impatient de rencontrer les dirigeants de DFDS». La volonté de défendre la pérennité de la ligne dans le nouvelensemble est manifeste. D'autant que «2012 devrait être l'un des meilleurs crus depuis sa reprise par le Département au début des années 2000. La croissance des trafics passagers et fret devrait atteindre 4% (1). Et il reste des niches de trafic à aller chercher». Une chose est certaine, la contribution importante du Département a valorisé la ligne dont le fonds de commerce appartient à la collectivité qui subventionne à hauteur de 14,5millions d'euros par an le service transmanche dieppois (17millions d'euros avec la compensation du surcoût carburant). Une somme à mettre en perspective avec un revenu de4,4millions pour l'affrètement des navires par LD Linesdont le travail pour la fiabilisation de la ligne a été indéniable.
Nouvelle consultation en 2014 pour la DSP
La consultation pour l'attribution d'une nouvelle DSP au 1erjanvier 2014 occupe déjà les esprits. Pour Jean-Pierre Lucas, il faudra aboutir à «un contrat sur des bases différentes pour éviter des ajustements incessants et pour avoir un regard sur l'exploitation plus proche qu'actuellement». En attendant, le département de Seine-Maritime peut se réjouir du fait que le port de Newhaven, dont il est propriétaire, a été retenu par l'Allemand Eon comme port d'attache et de maintenance pour l'important parc éolien offshore qu'il construira au large de Brigthon.
(1) En 2011, la ligne a acheminé 258.342 passagers, 83.448 véhicules de tourisme, et 27.781 camions.
Le rapprochement opéré en octobre entre LD Lines et le Danois DFDS vise officiellement à optimiser leurs opérations sur le Transmanche. Quel sort les deux opérateurs pourraient-ils bien réserver à la ligne Dieppe-Newhaven?
