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Chevalait veut développer une filière industrielle de lait de jument
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Chevalait veut développer une filière industrielle de lait de jument

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Le lait de jument de Chevalait commence aujourd'hui à se faire une place en France et à l'étranger. Cette PME normande compte passer à la vitesse supérieure en développant une véritable filière industrielle de lait de jument. Elle expose son savoir-faire, ce week-end, pendant trois jours au Festival Fenô de Caen.

Etienne et Julie Decayeux élèvent 110 juments qui produisent chaque année entre 70 000 et 80 000 litres de lait — Photo : Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Fille d’éleveur de chevaux et fils d’éleveur de vaches, Julie et Étienne Decayeux ont choisi de faire perdurer leurs héritages familiaux en constituant leur propre élevage de juments. Avec une idée en tête : produire du lait de jument. « Nous avons démarré avec sept juments en 2004, puis vingt-cinq en arrivant à Neuville-près-Sées, dans l'Orne, trois ans plus tard », se souvient Julie Decayeux. Malgré une fièvre qui ravage tout le troupeau peu de temps après la création de Chevalait, le couple d’éleveurs ne se décourage pas. Une persévérance qui porte ses fruits puisque leur élevage compte à présent 110 juments à la reproduction, trois étalons et une centaine de poulains chaque année. L’entreprise, forte d’une dizaine de salariés et d’un chiffre d’affaires de 600  000 euros en 2017 (dont 20 % à l‘export), produit entre 70 000 et 80 000 litres de lait de jument par an. Sur ce marché de niche, Chevalait revendique le leadership en France.

Du lait pour les nourrissons

Julie Decayeux élève, avec son mari, plus de 110 juments à la reproduction — Photo : © Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Le tiers de la production de lait est mis en bouteille et pasteurisé directement en atelier sur la ferme, puis commercialisé sous forme de lait frais principalement dans les réseaux bio. « Le lait de jument est pauvre en matières grasses et se montre donc une alternative nutritionnelle intéressante pour les nourrissons qui présentent des problèmes digestifs. Il a aussi des vertus dermatologiques qui permettent de soigner des problèmes de peau comme l’eczéma et le psoriasis », explique l’éleveuse. Chevalait a diversifié ses produits et transforme aujourd’hui 45 % de la production de lait en poudre et 22 % en produits cosmétiques biologiques. L’entreprise a ainsi monté un atelier de séchage pour développer ces marchés et embauché une animatrice pour étendre la commercialisation des produits dans le réseau des pharmacies. Les produits Chevalait sont aujourd’hui vendus dans tout l’ouest de la France ainsi que sur un site de e-commerce récemment créé.

La PME en quête de partenaires

Pour poursuivre sa marche en avant, Chevalait part en quête de partenaires industriels avec lesquels s’associer pour structurer une véritable filière de lait de jument : « La demande pour le lait en poudre infantile est très forte car c’est le plus proche du lait maternel. Notre objectif est de créer une vingtaine d’unités comme la nôtre en Normandie pour arriver à 1 % du marché français du lait infantile, contre 0,02 % aujourd’hui », annonce Étienne Decayeux, « Pour y parvenir, Chevalait a besoin « de l’appui d’un partenaire industriel qui puisse nous aider à structurer le marché et commercialiser le lait sur une grande échelle. »

Premier objectif à atteindre pour démarrer la conquête de ce marché du lait infantile : obtenir l’autorisation de mise sur le marché par l’agence européenne de la santé auprès du ministère de l’Agriculture et la reconnaissance du lait de jument comme ingrédient dans les préparations infantiles. L'entreprise a reçu la promesse d’Hervé Morin, président de la Région Normandie, d’intervenir personnellement auprès du ministère afin de faire avancer le dossier.

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