Michel Safronoff, le président de Cargill Cacao & Chocolat France, le reconnaît bien volontiers: «nous avions sous-estimé les investissements financiers exigés». Avec le rachat en 2003 de l'usine rouennaise de OCG cacao, le groupe de Minneapolis avait mis la main sur une unité de transformation de fèves de cacao destinées à la fabrication de chocolat et de poudre de cacao. Une acquisition «stratégique», selon la direction de l'entreprise qui permettait au groupe de renforcer sa présence en Europe grâce à un modèle unique de site «complètement intégré». Si le bilan semble aujourd'hui satisfaire les dirigeants, c'est au prix d'investissements conséquents, de l'ordre de 6M€ cumulés, entrepris pour mettre aux normes un outil vieillissant.
1M€ pour réduire les rejets odorants
Situé à l'entrée Sud de l'agglomération, sur la commune de Grand Quevilly (zone d'activité du Grand Aulnay), le site et son activité sont peu connus des Rouennais, malgré les effluves caractéristiques qui s'en échappent. Ou plutôt, qui s'en échappaient, devrait-on dire aujourd'hui. Car il s'agit bien là d'un des chantiers les plus emblématiques menés par Cargill depuis sa prise en main du site. Grâce à un investissement global de 1M€ du groupe nord-américain, l'usine affiche depuis quelques mois un bilan nettement plus flatteur en la matière: «les concentrations d'odeurs ont été réduites de 85% et celles de Composé Organique Volatils (COV) de près de 99%», assure Patrick Davailleau, le directeur général de Cargill Cacao & Chocolat France. «L'étape de la torréfaction assure le développement de l'arôme ainsi que de la couleur des grains», explique-t-il, mais elle génère en contrepartie 95% des nuisances odorantes et 87% des émissions de COV issus directement de la transformation de la matière première. La nouvelle installation de traitement des fumées par oxydation thermique a donc, semble-t-il, rempli son rôle pour la plus grande satisfaction des riverains, mais Cargill veut enfoncer le clou et annonce un programme en cours de finalisation pour réduire les émanations des extracteurs d'air des ateliers de production, avec un objectif de réduction de l'ordre de 50%. Côté émissions, toujours, mais de CO2 cette fois-ci, le groupe de Minneapolis ne veut pas être en reste et envisage très sérieusement de réduire la part de ses approvisionnements de fèves en provenance d'Afrique de l'Ouest depuis le port duHavre pour les transférer directement chez son voisin rouennais qui devrait en absorber «50% à l'horizon 2012 (contre un tiers aujourd'hui)», et peut-être bien plus dans les années qui viennent selon Patrick Davailleau. Dans le même ordre d'idée, une plate-forme de réception de fèves en vrac avait été réalisée sur le site en 2006 pour recevoir directement les conteneurs chargés de l'indispensable matière première. Cargill n'avait alors pas hésité à investir près de 3M€.
6M€ investis à Grand-Quevilly depuis 2003
Au total le groupe a engagé plus de 6M€ sur son site de Grand-Quevilly depuis 2003 pour améliorer son «efficacité environnementale», en matière de gestion des eaux notamment, avec la réalisation en 2008 d'une station de prétraitement des eaux industrielles ainsi qu'un bassin de confinement des eaux d'incendie de 900m³. En 2011, le site s'est même équipé d'un système d'extinction automatique d'incendies pour 1.200.000euros! Enfin, le groupe annonce sa volonté d'améliorer d'ici 2015 d'au moins 5% son efficacité énergétique ainsi que sa consommation d'eau. Cargill transforme 15% des 4 Mt de la récolte mondiale de fèves de cacao et se présente comme le numéro deux en Europe (derrière Barry-Callebault, présent à Louviers). Le site de Grand-Quevilly détient 18% de parts de marché en France et traite 115.000 tonnes chaque année.
Guilaume Ducable
agroalimentaire Le groupe nord-américain a racheté en 2003 l'usine OCG Cacao de Grand-Quevilly et y a depuis investit plus de 6 M€, notamment en matière de réduction des émissions de COV et de rejets issues de la torréfaction de fèves de cacao.
