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Terminal méthanier : Dunkerque met les gaz
Dunkerque # Production et distribution d'énergie

Terminal méthanier : Dunkerque met les gaz

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Le terminal méthanier de Dunkerque, entré en fonction le 1e r janvier 2017, a déchargé et stocké le gaz naturel liquéfié de quatre navires. À peine six mois après son démarrage, des projets de diversification de service voient déjà le jour sur le site.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le terminal méthanier de Dunkerque, qui aura nécessité un investissement global de 1,2 milliard d'euros, est entré en fonction le 1 e r janvier dernier. Depuis, et à l'heure où nous mettons sous presse, quatre navires de gaz naturel liquéfié ont accosté sur les quais du port de Dunkerque pour y décharger et gazéifier leur source d'énergie. Dunkerque LNG - filiale à 65 % d'EDF, à 25 % du Belge Fluxys et à 10 % du groupe Total - est propriétaire de l'infrastructure. Son exploitation est, elle, confiée à la société Gaz-Opale, filiale à 51 % de Dunkerque LNG et à 49 % de Fluxys.

EDF et Total comme clients

Dans ce paysa ge où les échanges gaziers mondiaux se développent à très vive allure, le terminal méthanier de Dunkerque présente une capacité de stockage de 600.000 m³ répartis en trois cuves. Avec toujours l'espoir d'étendre cette capacité en construisant une 4 e cuve et une seconde jetée, « quand l'opportunité se présentera. Toutes nos décisions d'investissement sont actées quand les projets deviennent rentables », confie-t-on au sein de Dunkerque LNG. Travaillant essentiellement avec deux clients : EDF et Total, le terminal a une capacité annuelle de regazéification de 13 milliards de m³ qu'il émet sur le réseau GRT Gaz, soit environ 20 % de la consommation annuelle française et belge de gaz naturel. Ce qui le place à la position du plus important terminal d'Europe continentale. « Sur les 13 milliards de m³ de capacité annuelle, le terminal de Dunkerque en vend 10 milliards : 8 milliards de m³ pour EDF et 2 milliards avec Total », précise Béatrice Prud'homme, directrice générale de Dunkerque LNG et présidente de Gaz-Opale.

Nouveaux services

'il connaît les pays de provenance du gaz naturel liquéfié, Dunkerque LNG n'a aucun regard sur les logiques géographiques de ces pays. « D'ailleurs, il est plus question de stratégies économiques que de dimensions géographiques en réalité. Les clients étant plus sen sibles aux logiques de vente et de réseau », ajoute Béatrice Prud'homme. C'est pourquoi, même pas six mois après sa mise en route commerciale, le terminal de Dunkerque réfléchit déjà à la mise en place d'un certain nombre de nouveaux services.

Rechargement des navires depuis le terminal

Le premier des projets sur la table étant celui du rechargement des navires en gaz naturel liquéfié. « L'idée est de permettre à nos clients de stocker le GNL dans nos cuves, non pas pour le gazéifier et le diffuser sur le réseau, mais pour le mettre en attente avant de le récupérer pour le ramener vers d'autres terminaux, par exemple, peut-être plus stratégiques pour eux », explique Béatrice Prud'homme. Un dispositif qui permettrait aux clients du terminal d'équilibrer leur flux en fonction des prix du marché et des flambées des prix. « Le réservoir fonctionnant alors comme un "thermos" capable de garder le gaz sous forme liquide dans la cuve », complète la directrice générale de Dunkerque LNG. La première phase test, cet été, baptisée « rechargement lent » devrait conduire à un débit de 4.000 m³ par heure avant d'atteindre les 8.800 m³ par heure d'ici fin 2018, pour limiter la d urée d'immobilisation des navires sur la jetée. Le montant d'investissement de ce nouveau service, « financé par les clients », n'est pas communiqué.

GNL routier et maritime

Les deux autres projets de diversification en réflexion tournent autour de l'exploitation du GNL sur le site du terminal. Une utilisation pour le routier (en tant que carburant GNL pour les camions) devrait conduire à la construction d'une station sur les terres du Port Ouest. « Nous visons les camions-citernes, pour lesquels nous allons ouvrir de nouveaux services », fait savoir Béatrice Prud'homme qui mentionne que l'investissement sera limité, sans toutefois en indiquer le montant. Enfin, le GNL en tant que carburant se découvrira une autre perspective sur le terminal dunkerquois mais à destination des navires cette fois. « C'est un projet porté par le Grand Port Maritime de Dunkerque. Il s'agit de construire un point de charg ement de barge d'avitaillement pour les petits méthaniers », explique Dunkerque LNG. Les flux en Manche et Mer du Nord étant soumis à des règlements en termes de rejet de particules, l'intérêt d'un carburant plus propre est grand. « C'est un marché en cours de développement dans le monde des méthaniers », relativise Béatrice Prud'homme avant d'ajouter : « Il répond à une forte attente de nos clients, c'est pourquoi nous devons y répondre à Dunkerque ».

L'exemption, exception dunkerquoise

Prévu pour une durée de 50 ans, l'infrastructure est la seule sur le terrain national à disposer d'une particularité de gestion : une exemption totale à l'accès régulé des tiers et à la régulation tarifaire. « C'est une disposition dont nous avons fait la demande à la construction. Elle nous a été accordée », explique Béatrice Prud'homme, avant d'ajouter : « Cela nous permet d'augmenter et diversifier les approvisionnements tout en facilitant l'accès de nouveaux entrants ». L'exemption, valable 20 ans, garantit une certaine liberté de mouvement dont les autres terminaux méthaniers français ? Montoir-de-Bretagne en Loire-Atlantique ainsi que Fos-Cavaou et Fos-Tonkin près de Marseille ? sont exclus puisqu'ils sont, eux, régulés.

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