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La reprise d'Ascoval par Altifort compromise faute de fonds
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La reprise d'Ascoval par Altifort compromise faute de fonds

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Coup de tonnerre dans un ciel qui semblait s'être éclairci au-dessus de l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve. Le groupe Altifort, autorisé par la justice à reprendre le site le 19 décembre, n'aurait en fait pas réuni les fonds nécessaires. Il a annoncé son désistement le 21 février.

— Photo : Altifort

Avancée d'abord par nos confrères du Figaro, la nouvelle a été rapidement confirmée dans la journée du 21 février : Altifort est en passe de renoncer à la reprise d'Ascoval, faute d'avoir réuni les fonds nécessaires. C'est un coup de massue pour les 281 salariés du site, qui depuis le 19 décembre et l'autorisation de reprise accordée à Altifort par le tribunal de Strasbourg, pouvaient s'estimer tirés d'affaires.

Les financements font défaut

Las, Altifort, qui venait à peine de prendre pleinement possession du site, le 1er février dernier, a fait part de difficultés de financement aux autorités, en début de semaine. Et dans un communiqué, publié jeudi, le groupe franco-belge confirme que, en dépit de ce qui était affirmé, tous les fonds annoncés et attendus pour la reprise ne sont pas réunis.

Pour rappel, le groupe s'était engagé devant la justice et le ministère de l'Economie à investir 35 M€ pour la reprise du site, 10 M€ en fonds propres et 25 M€ en fonds obligataires. Altifort s'était aussi engagé à trouver de nouveaux clients pour assurer la survie du site, fournisseur exclusif du groupe Vallourec, jusqu'à ce que ce dernier ne s'en sépare, début 2018.

Montage et stratégie s'écroulent

Ces fonds faisant défaut, c'est tout le montage financier du projet qui s'écroule. En tout, Altifort prévoyait d’investir 152 M€ sur le site, dont 85 M€ pour le financement d'un train à fil, synonyme de diversification de la production et des débouchés du site. Une stratégie à laquelle Bart Gruyaert, le DG d'Altifort, nous confirmait encore croire dur comme fer, dans une interview réalisée le 6 février dernier.

« Nous sommes sûrs de notre projet, il ne reste qu’à travailler dur pour que cela fonctionne. »

« L’intégration d’Ascoval est une grande étape pour un jeune groupe, mais tous les éléments sont réunis pour rendre l’aciérie compétitive », nous confiait alors Bart Gruyaert. « Avant tout, elle est l’une des plus modernes d’Europe. Ensuite, le coût de l’électricité est bas en France, comme celui des matières premières, alors que la main d’œuvre est au même prix qu’en Allemagne. Du point de vue du marché, celui des aciers spéciaux est à 90 % européen, il est protégé. Et même si l’industrie automobile ralentit à l’avenir, la demande en aciers spéciaux, allégés par exemple, va augmenter. Nous faisons tout ce qui est possible pour démarcher des clients, et trouver de nouveaux débouchés. Nous sommes sûrs de notre projet, il ne reste qu’à travailler dur pour que cela fonctionne. »

Retour devant le TGI de Strasbourg

Au moment de la reprise, Altifort annonçait avoir réuni 70 M€ de fonds privés, en crédit-bail et en affacturage. Sur les sommes annoncées, quel est le montant effectivement détenu par le groupe ? Réunis à Bercy le 20 janvier, pour acter la déconfiture, les différents acteurs du dossier se retrouveront une énième fois devant la justice, le 27 février, à Strasbourg, pour déterminer l'ampleur des manquements au plan de reprise, et la suite à donner au dossier. D'ici-là, Altifort assure, dans un communiqué, rechercher "toutes les solutions alternatives" pour trouver les financements manquants et pouvoir maintenir son plan de reprise.

Une issue qui semble désormais peu probable. Si la reprise devait être annulée, il s'agirait d'un retour à la case départ pour Ascoval et ses salariés, après des mois de mobilisation autour de celui qui apparaissait comme "le repreneur de la dernière chance". Reste donc à savoir qui sera sur les rangs pour reprendre le site. Bercy a fait savoir que d'autres repreneurs potentiels avaient déjà été recontactés.

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