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La chaudière bois et méthane Liger essaime en France
Morbihan # Production et distribution d'énergie # Collectivités territoriales

La chaudière bois et méthane Liger essaime en France

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Le pôle décarboné Liger de Locminé, dans le Morbihan, premier site à coupler chaudière bois et unité de méthanisation de France, passe à la vitesse supérieure en déployant son réseau national de stations biogaz. Outre le biocarburant, il produit de la chaleur verte, de l’électricité, du biofertilisant et du biocombustible.

— Photo : Xavier Eveillé

« Nous voulons absolument être à la pointe et réduire la contribution de notre territoire en CO2. Liger ne se contente pas de produire de l’électricité mais l’entreprise vise aussi à engager toute l’économie locale dans ce cercle vertueux », martèle Grégoire Super, président de la société d’économie mixte (SEM) Liger et vice-président de Centre Morbihan Communauté. C’est sur la base de cette feuille de route, initiée en 2010 et tenue depuis par l’expert en économie circulaire Marc Lemercier, que le programme Liger (14 millions d’euros d’investissement) s’est développé avec plusieurs industriels, à Locminé.

Premier site à coupler chaudière bois et unité de méthanisation de France, l’unité décarbonée Liger produit, à partir de déchets issus de l’agroalimentaire et de la collecte de bois en local, de la chaleur verte, de l’électricité, du bio fertilisant, du biocombustible ou encore du biocarburant. Il emploie une trentaine de personnes sur site (chiffre d’affaires non communiqué) et produit 5 millions de mètres cubes de biogaz, 1,6 mégawatt de bois brûlé, 10 300 mégawattheures d’électricité ou encore de la résorption d’azote (à hauteur de 223 tonnes par an) et de phosphore (145 tonnes par an). Sa production d’électricité verte couvre la consommation hors chauffage de 4 120 foyers, soit 16 480 habitants.

150 stations BioGNV en France

Il passe à la vitesse supérieure en déployant son réseau de stations bioGNV (gaz naturel pour véhicule) dans toute la France. Baptisé Karrgreen®, ce réseau est porté par la filiale Liger BioConcept SAS. Après une première station pilote à Locminé et une station commerciale à Ploërmel, 150 autres stations sont attendues dans toute la France sous trois ans. Ce cap des 150 stations n’est d’ailleurs pas une limite : « Le potentiel s’élève à 1 700 stations décarbonées de ce genre » dans toute la France, rappelle Marc Lemercier.

« Les stations Karrgreen sont ouvertes à l’ensemble des usagers du réseau routier (automobilistes, routiers et autocaristes) qui peuvent en outre y recharger les batteries de véhicules électriques », évoque Grégoire Super. Elles sont conçues par l'entreprise drômoise Prodeval (16 M€ de CA). « Nous revenons cette semaine encore d’une réunion avec la communauté d’agglomération de Reims dans la Marne et la chambre d’agriculture qui se montrent intéressées. » Liger BioConcept compte assurer le développement de son réseau grâce à un système de franchise. « Les stations appartiendront à des sociétés de territoire détenues à hauteur de 70 % par les utilisateurs, les sociétés de transport, les coopératives agricoles ou les chambres de commerce », expose ainsi Marc Lemercier.

Des annonces attendues

C’est le modèle de la société d’économie mixte Liger, qui chapeaute BioConcept SAS : elle est détenue à 58 % par la collectivité de Locminé avec le soutien de la Région Bretagne, les groupes Eureden (3,1 Md€ de CA) et Jean Floc’h (500 M€ de CA). « L’intérêt pour les industriels est évident. Un groupe comme Eureden exploite une flotte de 600 poids lourds », souligne Grégoire Super. Le territoire de Locminé utilise également le BioGNV pour une partie de sa flotte de véhicules.

D’autres groupes sont intéressés. Des annonces de partenariat et d’implantations sont attendues dans les prochains mois. Il pourrait s’agir de groupes du secteur du transport et de la logistique.

Suivi de près par les pouvoirs publics

L’unité décarbonée de Liger Locminé va donc être dupliquée, car si la production du seul site de Locminé en bioGNV Karrgreen® permet d’économiser plus de deux millions d’euros de facture pétrolière (soit l’équivalent de 550 000 litres de gasoil), la demande est bien supérieure. L’intérêt pour ce programme de développement décarboné original retient d’ailleurs l’attention des pouvoirs publics depuis plusieurs années : le président François Hollande et Jean-Yves Le Drian avaient fait le déplacement en octobre 2016 à Locminé, lors de l’inauguration du site. Plusieurs délégations étrangères, du Canada jusqu’à Taïwan, sont également venues depuis. Liger suscite aussi l’intérêt de EDF. « Notre innovation est d’associer plusieurs process avec la maîtrise que nécessite chacun d’eux. Nous ne mettons pas en opposition les différentes énergies, mais nous les réunissons pour les optimiser, au contraire », défend Grégoire Super.

Face à Liger, d’autres acteurs s’organisent dans la région : Morbihan Énergies a également ouvert ses deux premières stations BioGNV à Vannes et, cet été, à Noyal-Pontivy.

Encadré

Des stations bioGNV clé en main

Si Grégoire Super est peu disert sur son chiffre d’affaires, c’est que Liger compte asseoir le cœur de son business model sur le développement de franchises bioGNV dans toute la France. Le coût d’une station bioGNV est estimé entre 1 et 1,6 million d’euros. « Pour les industriels, l’intérêt est double : réduire ses coûts de transport, mais aussi valoriser sa démarche RSE », explique Grégoire Super, président de la société d’économie mixte Liger. Dans le cas de la filiale BioConcept Liger SAS, elle compte associer ses partenaires à hauteur de 70 %. De nombreuses subventions existent et des accompagnements sont possibles : « Une combinaison avec une levée de fonds se fait bien. Les business plan sont montés sur 8 à 10 ans. L’investisseur a un retour assez rapide et il n’y a pas de pression sur les coûts actuellement. »

Environ 50 à 80 % du coût d’une station bioGNV est en l’occurrence supporté par le choix de la technologie de compression. Les coûts d’entretien, eux, peuvent varier de 2 000 et 3 000 € par an pour une toute petite station de véhicules utilitaires légers et entre 10 000 et 30 000 € par an pour une station de quelques dizaines de bus GNV (coût moyen constaté auprès d’un panel d’entreprises de maintenance, selon GRDF). À noter que les premières stations bioGNV implantées dans le département à Vannes et Noyal-Pontivy par Morbihan Énergies accueillent respectivement six et neuf poids lourds à l’heure.

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