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Dans le Morbihan, Knauf Industries rend son outil de production plus économe
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Dans le Morbihan, Knauf Industries rend son outil de production plus économe

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Depuis Guémené-sur-Scorff, dans le Morbihan, Knauf Industries transforme le polystyrène expansé en caisses à poisson, barquettes de viande ou éléments de calage pour l’électroménager. L’industriel conforte son assise en mettant les économies d’énergies et de matières au cœur de sa stratégie.

— Photo : Ségolène Mahias

Une usine installée sur une île, l’image est quasi une réalité pour Knauf Industries (32 salariés) à Guémené-sur-Scorff, dans le Morbihan. Entité du géant mondial Knauf (34 000 salariés, 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires), composante de la division Industrie, l’établissement morbihannais se trouve sur un îlot du Scorff, la rivière voisine. Un emplacement qui ne doit rien au hasard.

« C’est ici qu’en 1969, un ancien mareyeur local a fondé Emballex, aujourd’hui Knauf Industries. Il fabriquait des caisses à poissons pour son usage puis cela a pris son essor », expose Nicolas Pantzer, directeur du site depuis quatre. Ces caisses à poissons et, depuis, de nombreux emballages, sont fabriquées à partir de polystyrène expansé. Or, pour fabriquer ces produits, l’industriel prélève quelque 150 000 m3 d’eau. Pompée à froid puis chauffée pour atteindre 110 degrés au plus chaud afin de faire cuire les pièces et ensuite refroidie, cette eau est, au final, rejetée dans le Scorff. « Notre consommation réelle n’est que de 10 000 à 15 000 m3 par an », précise Nicolas Pantzer. En agissant sur le refroidissement, l’entreprise a réduit sa consommation, mais elle entend aller plus loin. « En 2021, nous voulons mettre notre site en circuit fermé pour notre utilisation d’eau », annonce le directeur du site. Pour cela, un travail important est engagé avec l’agence de l’eau et le syndicat du Scorff. L’entreprise est aussi et surtout partie prenante du programme Ecod’o (lire par ailleurs) le programme d’actions pour les économies d’eau des entreprises dans le Morbihan.

Eau en circuit fermé

Pour fonctionner en circuit fermé d’eau, l’industriel prévoit d’investir pour récupérer les 10 % de consommation d’eau. « Ces 10 % : ce sont la vapeur d’eau ainsi que l’évaporation que nous avons au niveau de notre tour aéro-refroidissante ». Pour ce faire, un groupe « froid » sera acquis et installé : un investissement qui se chiffrera aux alentours de 230 000 euros de même que l’installation du circuit fermé qui se situera dans le même budget. Reste une interrogation : l’état du vieillissement de l’eau dans un circuit fermé. Cette autonomie en eau permet à l’industriel d’anticiper d’éventuelles restrictions ou interdictions de prélèvement saisonnières, par exemple, qui compromettraient son fonctionnement. Quant au rejet d’éventuelles particules plastiques, il a été le sujet d’un travail mené entre 2015 et 2016 qui permet d’éviter ce genre de problématiques.

À l’image de la réduction de l’eau, Knauf Industries inscrit la réduction de ses consommations énergétiques dans sa stratégie. « En 2014, nous avons été le premier site industriel du Grand Ouest à utiliser du gaz naturel liquéfié (GNL) dans nos process. Il arrive de Montoir-de-Bretagne, deux fois par semaine. Nous limitons ainsi les coûts et les impacts sur l’environnement. ». À la clé, 26 % de CO2 en moins. Une problématique de nuisance sonore d’un compresseur a conduit à sa suppression et à une baisse de 28 % de la consommation d’électricité. « Nous avons mis en place des machines moins énergivores et nous avons réduit le temps de production. » Depuis 2017, le site morbihannais a opté pour une production à flux tendus. Commandées avant midi, ses caisses sont livrées avant 5 heures du matin pour ses clients situés entre La Turballe (44) et Saint-Malo (35).

Spécialiste de la pêche

L’industriel est fortement présent sur le marché des caisses dédiées aux professionnels de pêche. 65 % de sa production est destinée à ce secteur. Son second marché concerne les barquettes de viande à hauteur de 35 %. Son activité est complétée par d’autres débouchés industriels : éléments de calage d’électroménager mais aussi boîtes de coffre dans les véhicules ou bien encore pour l’isolation extérieure de bâtiments. Un marché émerge : celui des flotteurs dans les ports de plaisance. Faciles d’utilisation et en mise en œuvre, ces flotteurs gagnent du terrain.

Seconde vie pour le polystyrène

Knauf Guémené est en veille sur des opportunités. Le groupe a ainsi conçu une caisse à poissons issue d’un polymère faisant la part belle à des matières premières provenant de la biomasse. Dans la même logique, l’usine locale s’est lancée dans la récupération des polystyrènes usagés. Pour ce faire, elle a mis en place des points de collecte, majoritairement dans des déchetteries bretonnes mais aussi avec les entreprises Guyot Environnement et les recycleurs bretons. L’entreprise chiffre à une centaine de tonnes son potentiel de collecte. Transformés en pains de polystyrène, ces produits peuvent ensuite être retransformés pour des usages non alimentaires.

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