Morbihan
Frédéric Lamour (Lamour du Web) : « Pas besoin d'être la Silicon Valley pour être dans le coup »
Interview Morbihan # Informatique

Frédéric Lamour président de Lamour du Web et de Kerpont Entreprises Frédéric Lamour (Lamour du Web) : « Pas besoin d'être la Silicon Valley pour être dans le coup »

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À 29 ans, Frédéric Lamour a déjà une belle expérience de l'écosystème entrepreneurial : dirigeant de l'agence digitale lorientaise Lamour du Web depuis cinq ans, il est aussi le président de Kerpont Entreprises, l'association qui rassemble les entreprises de la seconde plus grosse zone d'activité de Bretagne.

À 29 ans, Frédéric Lamour est à la tête de l'agence de communication digitale lorientaise Lamour du Web et président de l'association Kerpont Entreprises — Photo : Ségolène Mahias

Le Journal des Entreprises : Votre agence de communication digitale Lamour du Web fête ses cinq ans dans de nouveaux locaux, à Lanester (Morbihan). Quelles sont vos perspectives ?

Frédéric Lamour : Nous avons débuté à deux en 2014 et nous sommes aujourd'hui six, avec d'autres recrutements à venir. Notre activité progresse, entre les créations de sites web qui représentent 60 % de l'activité et les autres offres en webmarketing, formation, réseaux sociaux, accompagnement… Nous réalisons 500 000 euros de chiffre d'affaires, contre 300 000 euros en 2017. Nos clients sont issus de secteurs variés et d'horizons tout aussi divers. Ils sont Bretons, Parisiens, Bordelais, mais aussi Belges ou Américains. Nous sommes aujourd'hui toujours au sein de Technellys, à Lanester, mais dans des locaux plus grands. À moyen terme, nous devrions être 10 ou 12 et réaliser 1 M€ de CA.

Vos effectifs vont grandir. Est-ce compliqué de recruter ?

F. L. : C'est plus difficile de recruter à Lorient qu'à Nantes, mais ce n'est pas impossible. Il faut pour cela bien soigner sa marque employeur, en se posant la question de savoir ce que l'on peut offrir de plus ou de différent comme expérience professionnelle. Au sein de l'agence, je n'ai pas eu de difficultés majeures : j'ai même recruté une Bretonne qui travaillait à Grenoble et souhaitait revenir dans la région. La règle est de se démarquer.

Beaucoup de formations fleurissent dans le secteur du numérique, à l'heure où les entreprises peinent à trouver des salariés. L'offre est-elle à la hauteur ?

F. L. : Les besoins sont là, mais les formations sont nombreuses et pas toujours assez qualitatives. Je suis parrain de la licence e-commerce de l'IUT de Vannes et mon rôle est d'apporter une vision d'entrepreneur. La formation doit répondre aux besoins des entreprises. Et il faut avoir en tête que nos métiers exigent de se former en permanence pour être toujours à la pointe.

Comment Lorient et Vannes peuvent-ils tirer leur épingle du jeu face aux métropoles régionales voisines ?

F. L. : Je crois que la question se pose différemment selon l'âge. Un jeune actif peut être plus attiré par de grandes métropoles régionales pour tout ce qui touche à la vie culturelle, sociale... Lorsque l'on est plus entré dans la vie d'adulte, les agglomérations de Vannes et de Lorient ont de quoi séduire voire même d'être "the place to be". Pas besoin d'être la Silicon Valley pour être dans le coup. Nos territoires sont innovants, attractifs et si on ajoute le cadre de vie, la balance peut s'inverser par rapport aux métropoles !

Le Morbihan est candidat pour être labellisé "communauté French Tech". En tant qu'ancien président du Réseau Numérique 165 et dirigeant d'une entreprise numérique, qu'en pensez-vous ?

F. L. : C'est toujours bien de décrocher ce genre de label. French Tech est un outil de communication qui apporte de la notoriété. Rennes, Brest, Saint-Malo, Morlaix, Quimper et Lannion ne s'y sont pas trompés et ont joué cette carte. French Tech est connu en France et à l'étranger. En être contribue à la notoriété d'un territoire et cela peut être un critère de choix pour l'implantation d'entreprises exogènes.

À titre personnel et au sein de Lamour du web, je fonce et je développe mon entreprise sans attendre que le Morbihan soit communauté French Tech. Si cela se fait, ce sera du plus, mais pour que cette communauté vive, il faut des services autour.

Vous êtes président de l'association Kerpont Entreprises. Quelles sont vos priorités ?

F. L. : Kerpont est la seconde plus grosse zone d'activité de Bretagne, avec plus de 450 entreprises et 7 500 salariés. La question essentielle tourne autour des locaux et du foncier disponibles. Il ne doit pas se passer une seule journée sans que l'on ne me pose la question. Des extensions vont avoir lieu. La question est quand. L'heure est à l'étude des impacts environnementaux. Il y a d'autres sujets majeurs : l'un des principaux est la saturation des axes de la zone aux heures de pointe. Clairement, il manque un échangeur.

Pour pallier ces problématiques de saturation, pouvez-vous miser sur des accès en transport en commun ou encourager l'éco-mobilité ?

F. L. : Venir en transports en commun à Kerpont, c'est l'aventure, en termes de fréquence, mais aussi pour la sécurité. Rien n'a été prévu pour la mobilité douce : il n'y a pas de pistes cyclables ni de passages protégés. Il n'y a pas d'échanges avec l'association des entreprises de Kerpont sur ce sujet. En revanche, une action est menée avec Lorient Agglomération sur le covoiturage domicile-travail, afin de le développer. Une enquête a montré que 83 % des salariés de la zone viennent seuls en voiture, alors même qu’ils sont 46 % à être prêts à se déplacer en covoiturage.

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