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SBM : Un "asset deal" fait bondir le groupe familial de 83 à 300 millions d'euros
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SBM : Un "asset deal" fait bondir le groupe familial de 83 à 300 millions d'euros

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Spécialisé dans les produits naturels de protection du jardin, le groupe lyonnais vient d'accomplir une croissance hors norme en rachetant deux activités de Bayer.

— Photo : Le Journal des Entreprises

SBM passe dans la cour des grands. Ce groupe lyonnais créé en 1994 et basé à Écully, spécialisé dans le développement, la fabrication et la distribution de produits de protection des cultures pour les professionnels (agriculture) et les particuliers (jardin et habitat) vient de finaliser le rachat de l'activité Consumer de l'unité "Environmental Science" de l'Allemand Bayer. SBM développement est tenu par le Président-fondateur Jean-Paul et son fils, directeur général Alexandre Simmler, uniques actionnaires de la holding financière. Cette croissance externe hors norme dont les modalités financières n'ont pas été dévoilées, a consisté à absorber Bayer Jardin en Europe et Bayer Advanced en Amérique du Nord. De là est née la nouvelle marque SBMLife Science. Sous cette enseigne qui pèse 80 % de l'activité du groupe, sont regroupées les marques grand public de Novajardin vendues dans les jardineries (Solabiol, Capiscol, Caussade et ANTI). Et les chiffres donnent le tournis. SBM, qui détient cinq filiales, deux dédiées aux activités industrielles et trois dédiées au déploiement commercial de ses produits, vient de quadrupler son chiffre d'affaires. Celui-ci est passé de 83 millions d'euros à plus de 300 M€. Quant au nombre de ses collaborateurs, il a été multiplié par deux et demi, passés de 250 à 600, dans vingt-quatre pays du monde. Avec Bayer Jardin qui rentre dans le giron du groupe, SBM pèse 120 millions d'euros de chiffres d'affaires supplémentaires en Europe et 110 millions d'euros aux États-Unis. 230 personnes proviennent du groupe allemand, auxquelles s'ajoute une centaine d'embauches pour remplir les fonctions supports. « Nous avons fait appel à un cabinet d'avocat et à des cabinets de conseil comme Sage, GFI, Cap Gemini... pour nous accompagner dans nos démarches » signale le dirigeant qui décrit qu'un des plus gros enjeux de cette acquisition fut de « construire un ERP (logiciel qui permet l'unicité des informations, NDLR) complet en 6 mois ».

Asset deal

« Cette opération d'asset deal (reprise partielle ou totale d'une société par l'achat d'actifs plutôt que d'actions ou de parts, NDLR) est assez rare par son ampleur, indique l'avocat lyonnais qui était en charge de piloter l'opération, Loïc Jeambrun, associé chez Jakubowicz Mallet-Guy & Associés. L'homme a ainsi coordonné l'opération dans 17 pays, pour autant de réglementations différentes. « Si on parle de cession de fonds de commerce en France, décrit l'homme de droit, en Allemagne par exemple ce terme n'existe pas. Il a fallu se plier à de multiples facteurs juridiques complexes ». Au total, une centaine de confrères ont travaillé de concert avec lui dans le monde entier pour finaliser l'opération, en coopération depuis Lyon avec le cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre (droit social). Un site internet dédié a été créé pour partager le flux des informations. L'opération a été menée sans anicroche, les deux parties tenaient à faire les choses très correctement et sans précipitation. « Nous avons approché Bayer Jardin et Bayer Advanced au printemps, décrit Alexandre Simmler. Il s'agissait pour nous de poursuivre notre stratégie de développement engagé dès 2000. Avec un portefeuille très franco-français, cet achat nous offrait l'opportunité de sortir des frontières de l'Hexagone ». Les dirigeants ne voulaient pas partir de zéro, la vente de Bayer était pour eux une opportunité à saisir. « Nombreuses étaient les entreprises intéressées, souligne Jean-Paul Simmler. Si nous avons convaincu le groupe c'est que nous avions la volonté de garder tout le personnel qui voulait bien nous rejoindre ». « Cet aspect était très important pour les dirigeants allemands » décrit son directeur général, Alexandre Simmler. D'ailleurs, le personnel de Bayer, qui pesaient peu dans la galaxie de l'Allemand, se serait, selon les dirigeants, senti valorisé en intégrant une entreprise dans laquelle le jardin pèse 80 % de l'activité.

Étapes cruciales

Mais des étapes cruciales doivent encore être franchies pour permettre à cette nouvelle entreprise à digérer la croissance. Mi-octobre, quelques jours après la finalisation du rachat, son Président-fondateur Jean-Paul Simmler, 74 ans, un ex-cadre de Rhône-Poulenc qui a racheté une usine à son employeur en 1994, avait l'apparence de la sérénité. Son plan pour les trois ans à venir: déployer un solide marketing commercial dans tous les pays.

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