Rhône : Groupe Serfim renforce son maillage territorial

Rhône : Groupe Serfim renforce son maillage territorial

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Après le récent rachat d'un bureau d'études à Barcelone et l'ouverture d'un relais de prospection en Tunisie, l'insatiable ETI lyonnaise devrait s'emparer ce mois-ci d'une PME francilienne de 200 salariés.
— Photo : Le Journal des Entreprises

140 ans et pas une ride. Fondée en 1875, le groupe Serfim (ex-Serpollet) est sur tous les fronts (industriels) : dépollution, énergie, eau, recyclage, TIC... L'entité, qui a plus que doublé son chiffre d'affaires en moins de 10 ans, a décidément faim de croissance. « Mais dans un esprit start-up », tient à prévenir Guy Mathiolon, son P-dg depuis plus de 30 ans, figure de l'entrepreneuriat lyonnais. Cet ex-président de la CCI locale ne parie en effet que sur « la dynamique de l'innovation » dixit, et mise sur l'agilité que lui confère l'indépendance capitalistique de son entreprise dont il est actionnaire à 80%. Les autres 20 % étant entre les mains d'une cinquantaine de collaborateurs, tous salariés de l'ETI. « Depuis 2006, nous mettons en place chaque année une promotion de collaborateurs qui rentrent au capital de Serfim. Ils ont en revanche l'obligation de vendre leurs actions dès lors qu'ils quittent l'entreprise. Cette particularité dans l'actionnariat nous donne une force essentielle et nous permet de ne pas nous poser de question sur l'avenir de notre capital pour au moins les 20 ans à venir». Et fait la différence face aux groupes concurrents cotés en Bourse. « Mes camarades de jeu dans les travaux publics et l'environnement, ce sont des mastodontes comme Vinci, Bouygues, Eiffage ou encore Veolia. Ils ont une force de frappe bien plus importante que celle de Serfim Groupe mais ils sont aussi plus lourds et plus compressés dans leurs process ». Tandis que dans son bureau de Vénissieux, jure Guy Mathiolon, tout peut aller très vite. En témoigne le rachat annoncé, qui devrait être finalisé ce mois-ci d'une PME francilienne (non identifiée lors de la parution de cet article mais pesant 40 millions d'euros de CA et 200 salariés). « En matière de croissance externe, il y a une chose qu'il faut avoir en tête, c'est l'opportunisme. Si vous avez trouvé la bonne affaire, alors il faut être rapide et foncer », insiste Guy Mathiolon.

Seul à bord !
Cette ETI historiquement tournée vers Rhône-Alpes renforce donc ses positions en Ile-de- France. Par nécessité stratégique. « Aujourd'hui, dans les métiers des travaux publics, 50 % du chiffre d'affaires national se fait en Ile de France. Et ce, sans parler du Grand Paris ni des opportunités que peut représenter l'organisation des JO 2024, si toutefois Paris est retenue ! ». Ainsi l'homme - qui en trois décennies a multiplié par 30 le périmètre business de Serfim Groupe - anticipe... avec une apparente sérénité. Sa force : ne dépendre de personne, martèle le capitaine de ce navire de 1.600 salariés. Être seul à bord. « Nous avons la chance d'être un groupe qui n'est pas rongé par sa dette. Notre endettement moyen-long terme est en effet couvert par notre trésorerie ». Une exception pour un généraliste en travaux publics, secteur réputé à faibles marges. Autre priorité, définie dans la "stratégie 2025", feuille de route du Groupe Serfim pour les 10 prochaines années : renforcer sa part à l'international (seulement 1 % du CA actuel). « Nous devons avoir une démarche plus structurée à l'étranger », concède le P-dg. « Voila pourquoi nous venons de faire l'acquisition d'un bureau d'études à Barcelone spécialisé dans la dépollution. C'est pour nous une plateforme de développement qui nous ouvre la porte sur les pays hispanophones. Nous avons également un nouveau relais en Tunisie, grâce auquel nous prospectons sur les métiers à niche comme les TIC, la dépollution et le recyclage. Ce qui nous permettra à terme de couvrir tout le Maghreb et le pays du Golfe ».

R&D à tous les étages
Pour rester dans la course, l'entreprise - également actionnaire de référence avec GL Events du club lyonnais Lou Rugby - diversifie sa R&D. « Nous sommes longtemps restés, jusqu'au tournant des années 2000, une entreprise qui faisait des tranchées puis sommes allés vers plus de valeur ajoutée », argumente Guy Mathiolon. En témoigne ainsi l'activité TIC de la structure, lancée il y a une dizaine d'années sur deux grands métiers : les réseaux de fibre optique (en anglais FTTH pour "fiber to the home") et le numérique avec les panneaux d'information écrans publicitaires dans les gares et métros. « C'est un secteur sur lequel nous avons un potentiel d'innovation considérable. Idem pour la méthanisation ». Serfim vient d'ailleurs de poser la première pierre en Haute-Savoie de Terragr'eau, un site de méthanisation-compostage collectif. Objectif ; transformer chaque année sur place 40.000 tonnes d'effluents en biogaz. Gigantesque.


(Vénissieux) P-dg : Guy Mathiolon 1.600 collaborateurs CA 2015 : 235 millions d'euros www.serfim.com