L'Université de Lorraine et 14 industriels planchent sur la décarbonation du ciment
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L'Université de Lorraine et 14 industriels planchent sur la décarbonation du ciment

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Des chercheurs lorrains, luxembourgeois, belges et allemands ont peut-être trouvé la solution pour réduire significativement le bilan carbone du ciment. Pour les aider, 14 industriels de la Grande Région se mobilisent. Parmi eux figurent deux entreprises de Meurthe-et-Moselle : la société des travaux de la Vezouze et Vicat.

La cimenterie Vicat, basée à Xeuilley en Meurthe-et-Moselle et engagée dans la production de ciment bas carbone, fait partie du projet européen CO2REDRES — Photo : Groupe Vicat

L’objectif est ambitieux : diminuer d’environ 30 % le bilan carbone du ciment. L’Université de Lorraine a officialisé le 28 février le lancement du projet CO2REDRES en partenariat avec trois autres universités européennes : Luxembourg, Liège (Wallonie) et Trèves (Rhénanie-Palatinat). Ce projet, financé pour deux ans par le programme européen Interreg Grande Région, a pour ambition de "chercher à produire localement de nouveaux ciments et bétons à faible impact environnemental, lit-on dans un communiqué. La voie suivie est celle des argiles calcinées. Ces matières réactives peuvent être additionnées au ciment ou au béton, pour remplacer les laitiers de hauts fourneaux ou les cendres volantes de centrales à charbon, aujourd’hui quasi-disparus de la Grande Région."

Argiles calcinées et calcaire

Concrètement, ces argiles sont cuites à 750 °C, bien en deçà des 1 450 °C nécessaires pour obtenir le clinker (constituant de base du ciment) et dégagent beaucoup moins de CO2. D’après les premiers essais, les liants intégrant des argiles calcinées (appelés "LC3") pourraient bien abaisser d’environ 30 % le bilan carbone du ciment. Ces "LC3" sont aujourd’hui au cœur des thématiques d’études de l’équipe dédiée aux matériaux pour le génie civil de l’Institut Jean Lamour à Nancy (laboratoire du CNRS et de l’Université de Lorraine). Cette dernière a cherché à optimiser les proportions d’argiles calcinées et de calcaire dans les mélanges afin de conserver, voire améliorer, les propriétés finales du ciment.

Deux industriels meurthe-et-mosellans sont partenaires

Les chercheurs de Nancy ont ainsi identifié quatre ressources argileuses prometteuses parmi une quarantaine d’échantillons issus de boues de lavage des granulats et de déblais fournis par les partenaires industriels du projet. Ces derniers, au nombre de 14, sont tous implantés dans la Grande Région à l’image des luxembourgeois Feidt, Cloos, Cimalux, des belges CBR et Tradecowall, de l’allemand Rech Kies ou encore des français Saint-Gobain Weber et Eqiom. La société des travaux de la Vezouze à Tanconville (Meurthe-et-Moselle) et la cimenterie Vicat à Xeuilley (Meurthe-et-Moselle), déjà bien engagée dans la production de ciment bas carbone, sont également de la partie.

Après plusieurs tests sur pâtes de ciments et mortiers, deux argiles calcinées ont été sélectionnées. Reste à produire des bétons "témoins" et à effectuer une analyse complète du cycle de vie pour évaluer l’impact environnemental d’un tel processus. "L’ensemble des résultats obtenus devrait permettre d’offrir aux acteurs de la construction dans la Grande Région la possibilité de fabriquer des ciments bas carbone viables, contenant des argiles calcinées issues de ressources secondaires et locales", conclut l’Université de Lorraine.

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