Les Canalisateurs de Lorraine appellent à accélérer le renouvellement des réseaux d’eau
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Les Canalisateurs de Lorraine appellent à accélérer le renouvellement des réseaux d’eau

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Trop souvent ignorées dans les réflexions autour de la raréfaction de l’eau, les entreprises rassemblées au sein de la délégation lorraine des Canalisateurs veulent désormais porter des engagements pour se faire entendre.

Le taux de renouvellement des réseaux d’eau en France plafonne à 0,67 % — Photo : Le Journal des Entreprises

En France, le déficit d’investissement dans les réseaux d’eau et d’assainissement est estimé à près de 2 milliards d’euros par an. Trop vieux, ces réseaux fuient : à l’échelle de la Lorraine, les dernières données de la Cellule économique régionale de la construction Grand Est montrent qu’en moyenne, 4,4 m3 d’eau potable par kilomètre de canalisation et par jour sont perdus. Soit 77 millions d’euros gaspillés chaque année.

"Il y a urgence à investir pour les territoires en matière de réseaux, de manière curative et préventive. La gestion de l’eau et déjà centrale et cruciale", indique Sébastien Streiff, le président des Canalisateurs de Lorraine, structure rassemblant 40 entreprises pour 2 500 salariés au sein de la Fédération régionale des travaux publics, à l’occasion d’une matinée de réflexion organisée pour la Journée mondiale de l’eau.

Car depuis les tribunes de l’ONU jusque dans le plus petit village vosgien, le constat est partagé : l’eau va manquer. "Sur le territoire métropolitain, les débits moyens des cours d’eau vont baisser de 20 à 40 %", souligne Sébastien Streiff, en citant des données du ministère de l’Écologie. Déjà, au cours de l’été 2022, "25 communes du Grand Est ont dû avoir recours à des camions-citernes pour assurer leur approvisionnement en eau", rappelle Christophe Leblanc, directeur général adjoint de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse.

Quatre engagements pour avancer

Une ressource qui se raréfie et des réseaux qui fuient, relâchant jusqu’à 25 % de l’eau y circulant : les ingrédients d’un problème insoluble ? Soucieux d’apparaître comme des porteurs de solutions, les membres du réseau des Canalisateurs viennent d’adopter quatre engagements, à décliner dans les entreprises de la profession : construire des réseaux performants, optimiser les solutions proposées aux collectivités, viser la neutralité carbone en 2050 et se mobiliser pour les milieux naturels.

En France, le renouvellement des réseaux, fixé comme une priorité pour éviter de gaspiller chaque année un milliard de mètres cubes, est au point mort, avec un taux de renouvellement moyen de 0,67 %. "À ce rythme, il faudra 160 ans pour arriver à renouveler entièrement le réseau", calcule Sébastien Streiff, en appelant les élus des collectivités à se mobiliser pour atteindre un taux de renouvellement de 2 %.

Une eau "pas assez chère"

Dans certaines collectivités, des élus engagés montrent déjà la voie. Ancien dirigeant dans les travaux publics, Jean-Luc Thiéry est aujourd’hui président du Syndicat intercommunal des eaux (SIE) du Haut du Mont, dans les Vosges. Sans sourciller, l’élu a su dire à ses administrés que "l’eau n’était pas assez chère", en programmant depuis son arrivée à la tête du syndicat "une augmentation annuelle, tous les ans, de 15 centimes par mètre cube" : "Nous avons des investissements à faire et nous avons 20 ans de retard sur l’entretien du réseau", affirme Jean-Luc Thiéry.

Concrètement, en 2020, le syndicat intercommunal des eaux du Haut du Mont a pompé 550 000 m3 pour alimenter les habitants et a essuyé 225 000 m3 de pertes. Après travaux, en 2022, les résultats sont encourageants : "Nous avons pompé 560 000 m3 et nous avons enregistré 180 000 m3 de pertes", détaille le président du SIE du Haut du Mont, qui ne se satisfait pour autant pas de cette première étape : "Je dois encore passer deux marchés pour deux millions d’euros chacun et nous allons programmer 1,8 million d’euros d’investissement pour étanchéifier les réservoirs". Après ces chantiers, les pertes devraient être encore réduites de 100 000 m3. " Avoir de l’eau potable au robinet, c’est un petit miracle quotidien rendu possible par le travail des Canalisateurs", insiste Sébastien Streiff.

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