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Le groupe Beck débloque 170 millions d'euros pour reconvertir la friche de l'aciérie de Talange-Hagondange
Moselle # BTP # Investissement

Le groupe Beck débloque 170 millions d'euros pour reconvertir la friche de l'aciérie de Talange-Hagondange

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Le groupe alsacien Beck vient de dévoiler les contours de sept projets industriels engagés sur le site de l'ancienne aciérie de Talange-Hagondange, en Moselle. Un vaste programme s'étalant sur 30 hectares de terrain et qui va nécessiter un investissement total de 170 millions d'euros.

Le groupe Beck exploite déjà 35 hectares sur le site de l'ancienne aciérie de Talange-Hagondange, en Moselle — Photo : Jean-François Michel

Propriétaire depuis 2009 de 65 hectares sur la friche de l’aciérie de Talange-Hagondange, en Moselle, le groupe Beck va développer un programme d’aménagement comportant sept projets industriels, rassemblés sur 30 hectares. Additionnées, les données chiffrées des projets donnent la mesure de l’ambition : 500 emplois créés, 850 000 m2 de foncier valorisés, pour un total de 170 millions d’euros d’investissement.

Entreprise familiale installée à Oberbronn, dans le Bas-Rhin, réalisant 45 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un effectif de 230 personnes, le groupe Beck est aujourd’hui dirigé par Thomas Beck et s’appuie sur des filiales opérant dans le BTP, les matériaux, le stockage ou encore le recyclage et la valorisation de déchets du BTP.

Philippe Beck, dirigeant du Groupe Beck, a mûri le programme d’aménagement de la friche de l’aciérie de Talange-Hagondange pendant plus de 10 ans — Photo : Jean-François Michel

En 2009, le groupe, alors dirigé par Philippe Beck, le père de l’actuel dirigeant, a acquis une emprise foncière de 65 hectares située sur la friche de l’ancienne aciérie Thyssen de Talange-Hagondange. Sur 35 hectares, le groupe y a installé une filiale, portée avec la société mosellane Eurogranulats, EGLog, qui réalise aujourd’hui 6 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le stockage et le recyclage de matériaux destinés aux BTP. "200 000 tonnes de matériaux transitent chaque année par cette plateforme", rappelle Philippe Beck, qui a imaginé l’avenir du site autour d’activités ciblant l’économie circulaire ou le développement durable.

Une plateforme logistique et des services

La pièce maîtresse du programme a pour nom "Metal Park". Pour un investissement total de 110 millions d’euros, portés par le groupe Beck et la filiale du constructeur strasbourgeois KS Groupe (CA : 190 millions d’euros ; effectif : 430), AREFIM, spécialisée dans l’immobilier logistique, ce sont deux plateformes logistiques de 40 000 et 80 000 m2 qui doivent sortir de terre à horizon 2023. "L’aménagement s’appuie sur un concept que nous avons déjà déployé près d’Orléans, sous le nom de Cosmetic Park", souligne Édouard Sauer, directeur général d’AREFIM. Concrètement, en plus des activités logistiques proprement dites, l’investissement inclus des espaces de vie, des restaurants d’entreprises, des salles de sport ou encore des crèches : "L’enjeu, c’est d’attirer des signatures premium et de tourner le dos à l’entrepôt logistique situé au milieu de nulle part", insiste Édouard Sauer. Encore en pleine discussion, le directeur général évoque sans le confirmer l’intérêt d’un groupe automobile lorrain, très tourné vers un développement à l’échelle européenne.

"Après un siècle d'aciérie, il était nécessaire de prendre le temps pour inscrire ce territoire dans l'avenir"

À quelques centaines de mètres de là, c’est le groupe alsacien De Dietrich, toujours allié au groupe Beck, qui va mettre sur la table un total de 7,6 millions d’euros dont 2,3 millions d’euros apportés par l’Ademe, pour installer un pilote industriel visant à valider un procédé de neutralisation des déchets amiantés. "En France, chaque année, 300 000 tonnes de déchets amiantés sont produites", rappelle Frédéric Guichard, directeur du développement du groupe De Dietrich (CA : 155 M€ ; effectif : 1 100), basé à Reichshoffen, dans le Bas-Rhin. "Et à l’heure actuelle, il n’existe pas d’autres solutions que de les enfouir…" Allié à la start-up installée en Corse Neutramiante, qui a mis au point le process, De Dietrich veut maintenant faire la preuve qu’il est possible de passer à l’échelle industrielle. "Sur ce site, nous ne traiterons pas de grande quantité", tient à préciser Frédéric Guichard, qui sait que l’amiante alimente encore des craintes dans la population. "Dans nos laboratoires, nous parvenons à neutraliser 100 % des fibres d’amiante, sans émission. Maintenant, il faut réussir à une échelle plus large, et avec les 3 000 produits recensés qui contiennent de l’amiante".

Des CSR et une colline paysagère

Allié au groupe mosellan spécialisé dans l’aménagement et les travaux publics, Lingenheld, (CA : 175 M€ ; 520 collaborateurs), le groupe Beck veut installer une unité de méthanisation, "Méthalange", pour un montant de 9 millions d’euros. Cette unité, capable d’injecter dans les réseaux de gaz l’énergie nécessaire pour alimenter 1 200 foyers, va s’appuyer sur une technologie développée par une filiale du groupe Lingenheld, Lingenheld Environnement, dite "par voie sèche", et va utiliser les biodéchets issus de la restauration collective, mais aussi, potentiellement, des déchets organiques issus du zoo d’Amnéville. La mise en service est prévue pour le premier semestre 2023, et cinq emplois seront créés.

Pour chaque projet industriel, le groupe Beck s'est entouré de co-investisseurs — Photo : Jean-François Michel

Conscient de l’intérêt des industriels lorrains pour la production d’énergie grâce à des chaudières alimentées en CSR, pour combustibles solides de récupération, la filiale du groupe Beck, EGLog va investir 500 000 € dans une unité de production de CSR, qui seront acheminés depuis Talange-Hagondange jusqu’aux chaudières, comme celle de Dombasle Énergie ou Novacarb, grâce à la voie d’eau. Le Groupe Beck prévoit aussi de raccorder le site au réseau ferré, qui passe à proximité immédiate. Parmi les autres projets, on trouve celui d’une "colline paysagère", qui doit permettre d’enterrer définitivement les poussières de l’ancienne aciérie et de créer un belvédère, mais aussi une unité de production d’hydrogène, alimentée en électricité par des panneaux photovoltaïques.

"Nous avons mis du temps pour aboutir à ce programme", reconnaît Philippe Beck, qui explique avoir étudié des centaines de projets, reçu des dizaines d’investisseurs potentiels qui ne sont pas allés au bout de leurs idées. "Après un siècle d’aciérie, il était nécessaire de prendre le temps pour inscrire ce territoire dans l’avenir", explique le dirigeant, qui assure ne pas avoir eu de difficultés à convaincre ses partenaires financiers à le suivre.

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