Lucas G investit dans la logistique pour hausser ses ambitions à l'export
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Lucas G investit dans la logistique pour hausser ses ambitions à l'export

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L'industriel vendéen Lucas G, qui fabrique des machines agricoles pour l’élevage animal, mise sur le fort développement de ses ventes à l’international. Pour y parvenir, la PME de 240 salariés investit dans la construction d'une nouvelle plateforme logistique et dans son outil industriel.

Régis Legendre, président de Lucas G, un industriel vendéen spécialiste des machines agricoles pour l'élevage des animaux — Photo : David Pouilloux

Des engins agricoles s’étalent par dizaines sur les grands parkings de Lucas G, une PME de 240 salariés dont les immenses bâtiments se dressent à Chanverrie, une petite bourgade vendéenne à la frontière avec le Maine-et-Loire. Sur six hectares, l’industriel conçoit, développe, fabrique et distribue des machines pour l’alimentation des animaux. En huit ans, le groupe est passé de 16 millions d’euros à 35 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à différentes acquisitions. "Notre entreprise a aujourd'hui la gamme de produits la plus large au monde dans notre secteur d’activité, la conduite d’élevage", appuie Régis Legendre, le président de la société.

Gagner de la place et du temps

Pour rationaliser sa production, Lucas G vient d'annoncer la construction d'une plateforme logistique de 1 800 m2 sur un terrain de 11 hectares au Vendéopôle de La Verrie, une zone d'activités près de l'A87. Le futur bâtiment nécessite deux millions d'euros d'investissement à lui seul. Il rassemblera toutes les pièces détachées nécessaires à la fabrication des machines. "Souvent nos salariés disent "on court partout pour trouver les pièces", relate Étienne Gaborit, directeur industriel du groupe. Cette nouvelle plateforme logistique sera notre grand magasin. Un lieu de stockage des pièces pour le service après-vente et pour construire nos nouvelles machines. Des kits d'assemblage seront préparés et il n'y aura plus qu'à les livrer dans les autres bâtiments et les assembler." Une innovation en termes d'organisation qui permettra de gagner de la place dans les autres bâtiments et de gagner du temps.

En Vendée et au Japon

Atelier de soudure dans les usines de Lucas G, à Chanverrie — Photo : David Pouilloux

Trois opérations de croissance externe récentes ont permis à Lucas G d’étoffer sa palette industrielle : les rachats des PME aveyronnaises Calvet et Altec en 2018 et 2019, puis du vendéen Méchineau en 2021 (après un rapprochement en 2015). "Ces acquisitions représentent une diversification aussi bien sur les différents marchés d’élevage que sur les marchés géographiques, poursuit Régis Legendre. Nos machines servent les élevages avicoles comme les élevages caprins ou bovins, et elles se vendent en Vendée comme au Japon." Lucas G conçoit une cinquantaine de produits, dont des pailleuses, des griffes pour saisir les ballots de paille ou de foin, des remorques distributrices, des dérouleuses, des mélangeuses, des robots d'alimentation... Quelque 3 000 machines sont vendues chaque année. "Nous consommons 2 700 tonnes d’acier pour les fabriquer, résume Étienne Gaborit, directeur industriel du groupe."

Lucas G a aujourd’hui 50 ans. Ancien directeur commercial Europe de Manitou, Régis Legendre a acheté l'entreprise en 2013. Sa famille possède 95 % du capital, tandis que Bruno Cathelinais, l’ancien président du directoire de Beneteau aujourd'hui investisseur, détient 5 % des parts de la société. "Il nous conseille, nous aide, nous guide, notamment pour les investissements industriels et l’export" souligne Régis Legendre. Il y a cinq ans, Lucas G réalisait 1, 5 million d’euros de ventes à l’international, aujourd’hui c’est 10 millions d’euros, soit environ 30 % du chiffre d’affaires. "Nous sommes distribués dans une vingtaine de pays désormais, principalement en Europe de l’ouest et en Europe de l’Est ainsi qu’en Russie. Plusieurs de nos machines viennent de partir pour le Japon, un marché très prometteur, comme celui de l’Amérique du Nord. Notre objectif est de viser les 50 % de notre chiffre d’affaires à l’export d’ici à 2025."

Adapter la gamme au marché

Etienne Gaborit, directeur industriel de Lucas G. L'enterprise consomme 2700 tonnes d'acier par an — Photo : David Pouilloux

Ce changement de culture a été opéré par le nouveau patron, défenseur du Made in France. "Il y a huit ans, quand j’ai acheté l’entreprise, nous étions au milieu du gué au niveau commercial, explique le dirigeant de 46 ans. Certaines de nos machines passaient bien dans les bâtiments des exploitations de l’ouest de la France, mais pas en Allemagne ou dans les Pays de l’Est où les fermes sont plus basses. Nous n’avions pas les bonnes hauteurs de machines et l’on ne pouvait pas les mettre dans des conteneurs à l’export, car trop larges pour être mises sur des camions et donc partir en Pologne ou en Russie. Nous devions adapter notre gamme de machines au marché, et non demander au marché de s'adapter à nos machines. Par exemple, une machine automotrice qui part au Canada va travailler parfois par -30 ou -40 degrés. Nous avons dû faire des tests en chambre froide, à Cholet, pour qu’on puisse vendre des machines au Canada, sinon elles ne démarraient pas. Avoir développé ce savoir-faire technologique permet de vendre ces mêmes machines en Suède ou en Russie où l’on retrouve les mêmes conditions."

Lucas G a constitué un bureau d’études qui compte aujourd’hui une quinzaine de personnes, dont des ingénieurs et des techniciens. "Ils améliorent les machines actuelles et conçoivent les futures machines, explique Étienne Gaborit. Nous ne sommes pas les seuls sur ce marché, et la concurrence ne reste pas les bras croisés. Nous faisons parfois du sur-mesure pour nos clients et répondons exactement à leur besoin. Il faut être capable de répondre industriellement à un besoin parfois unique." Il ajoute : "Que ce soit pour une ferme bretonne ou un centre d’élevage russe de 10 000 vaches, nos équipes trouveront une solution."

Investissements dans l'outil industriel

La rouleuse industrielle dans les usines de Lucas G permet d'obtenir des formes rondes — Photo : David Pouilloux

L’ambition de Lucas G est aujourd'hui accompagnée d’investissements dans l’outil industriel inédits pour cette PME. D’ici à fin 2023, cinq millions d’euros seront investis, dont deux pour la plateforme logistique. La société a bénéficié d'un soutien de l'ordre de 600 000 euros de la part de Bpifrance, dans le cadre du volet "soutien à l'industrie du futur" du plan de relance national. Trois millions d'euros iront ainsi dans les équipements : une nouvelle découpeuse laser Trumpf vient tout juste d’arriver d’Allemagne, et deux nouveaux robots-soudeurs vont venir remplacer des machines vieillissantes sur le site industriel historique de Lucas G.

"Notre ambition pour 2025 sera accompagnée de 30 à 40 recrutements, estime Régis Legendre. Dans notre domaine, nous sommes l’un des leaders mondiaux." Et Lucas G compte bien le rester. Deux gros clients, des entreprises de taille internationale dont le nom reste confidentiel, vont permettre à la PME d’avoir un carnet de commandes en forte croissance dans les années à venir, pour atteindre 50 millions d'euros de chiffre d'affaires.

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