La S-Factory est un maillon de la chaîne qui va de la naissance d’une entreprise industrielle jusqu’à son épanouissement complet sous la forme d’une grande usine nécessitant de gros investissements. "Il n’existait pas ce type de lieu intermédiaire où une start-up industrielle pouvait commencer son développement, mettre au point ses prototypes, les tester et les fabriquer en petites séries, explique Armand Sylvestre, le cofondateur de cette Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Les start-up sont ici, pour un, deux ou trois ans. On les accompagne, le temps que leur projet prenne de la force, et puisse prendre son envol ailleurs."
Et le succès est au rendez-vous. "Nous sommes remplis à 94 % dans la partie entrepôt, quatre mois après notre lancement, rapporte François Gac, cofondateur et président de la S-Factory, créé en 2022. Le besoin d’espace pour l’industrie est croissant et fort. Il y a un retour de l’envie de produire des objets que l’on peut voir et toucher. C’est ce que permet l’industrie. Les gens veulent du concret, c’est le mot qui revient le plus dans leurs propos."
Éclosion de start-up industrielles
Relocalisation, réindustrialisation, volonté de souveraineté industrielle, succès du made in France, s’ajoutent à cette quête de sens comme autant de facteurs favorables à l’éclosion de nombreuses start-up industrielles. "Nous n’avons aucune démarche commerciale à mettre en place, souligne François Gac. Les projets viennent à nous et on doit sélectionner ceux qui nous semblent les plus en adéquation avec nos valeurs."
L’attrait pour l’entrepôt de 2 700 m2 de la S-Factory tient aussi à un autre élément : la dimension coworking, qui invite à l’entraide, la collaboration, entre porteurs de projets qui travaillent sous le même toit. "J’ai vu récemment tous les co-workers agglutinés autour de l’un d’entre eux qui avait un problème à résoudre, raconte François Gac. En cinq minutes quelqu’un a trouvé la solution. Ici, personne n’est isolé, on se serre les coudes, on décharge les camions ensemble. Le facteur humain est très important dans nos relations."
Qui trouve-t-on ici pour se serrer les coudes ? Beem energy, le fabricant de kits solaires pour les particuliers, Panopoli, une micro-usine de recyclage de plastiques et fabricant de plaques pour le bâtiment et le design, Older is Better, un reconditionneur d’électroménager, Kaers Labs, un concepteur de caméra pour la radiochirurgie ou Humbird, fabricant du woodybus, un véhicule de transport en commun à pédales pour les enfants. "Nous n’avons pas d’œillères pour les filières industrielles, explique François Gac. Mais toutes les entreprises industrielles que l’on héberge ont un point en commun : elles proposent des solutions à des problèmes environnementaux ou sociétaux, que ce soit au niveau du recyclage, du réemploi, de la mobilité, des énergies renouvelables ou de la santé."
130 places disponibles
En sus de cet entrepôt où les machines sont à l’œuvre, la S-Factory, qui compte huit salariés, vient d’ouvrir un espace de coworking plus traditionnel de 400 m2 qui mêle open space et bureaux fermés, tout à côté des ateliers industriels. "Il y a 130 places disponibles, déclare Armand Sylvestre. Nous sommes dans le quartier du bas-Chantenay, un quartier vivant et où des gens en télétravail pourraient avoir envie de venir. Ici, on mange à la même table, et on partage un moment de convivialité, entre ceux qui bossent avec leurs ordinateurs et ceux qui bossent sur des machines. C’est la vraie originalité de ce lieu."
