Un Covid toujours menaçant, le prix de l’essence au sommet, une inflation galopante, une sécheresse possible, une main-d’œuvre introuvable et un conflit en Ukraine source d’inquiétudes : les augures pour le tourisme annonçaient, en juin, un été torride. À l’heure d’un premier bilan dévoilé mercredi 31 août et basé sur les 1 074 réponses d’une étude orchestrée par l’Observatoire du Tourisme, les professionnels affichent un sourire de satisfaction.
Après deux années ternes impactées par le Covid et les mesures sanitaires qui ont découlé de la pandémie, 83 % d’entre eux jugent la fréquentation supérieure ou stable par rapport à 2021. Dans les campings, 91 % des gérants annoncent une progression de l’activité, 9 % une stabilité.
L’étude démontre également chez tous les professionnels une satisfaction supérieure à celle de 2019, année où le coronavirus était un mot que seuls les initiés connaissaient. Il ne s’agit là que d’un ressenti, les données officielles n’étant compilées qu’en fin d’année civile.
Le retour des touristes étrangers
Le patriotisme touristique, soit la volonté (et la possibilité) des Français de passer des vacances dans leur pays, avait permis de sauver les meubles l’an passé. Et même si 40 % d’entre eux ne sont pas partis en 2022, cette "clientèle française" a de nouveau été fidèle. Alors que les touristes sont domiciliés majoritairement dans la région (16 %), en Bretagne (10 %), et en Normandie ou encore en région parisienne, cette année des clientèles en provenance de régions habituellement moins présentes, venant notamment du Sud et de l’Est, ont gonflé le bilan. À titre d’exemple, la part de touristes venant de la Nouvelle-Aquitaine, estimée à 2,7 % en 2021, est passée à 9 % en 2022.
Surtout, cette saison marque le grand retour des étrangers, dont les Belges, Néerlandais, Allemands, comme à l’accoutumée mais en plus grand nombre. Surtout, le Brexit étant dans le rétro, les Britanniques sont revenus en force. Et pour des raisons qui demeurent inexpliquées, les Américains ont débarqué en nombre. Les étrangers représentent environ 20 % des visiteurs.
Une autre manière de prendre le pouls des professionnels est de se pencher sur leur chiffre d’affaires : 85 % de ceux qui ont répondu à l’enquête l’estiment satisfaisant ou très satisfaisant pour la saison.
Conséquence directe, alors que les entreprises du tourisme de la région ont contracté pour 310 millions d’euros de PGE, 25 % l’ont remboursé. 6 % font savoir qu’elles ne parviendront pas à l’épurer.
Les points qui fâchent
Mais les professionnels du secteur pointent aussi des écueils. Le principal : les grandes difficultés de recrutement. "Ce qui pose la question de l’attractivité de nos métiers et du logement des saisonniers", remarque Catherine Quérard, présidente du GNI (Groupement national des Indépendants Hôtellerie et Restauration).
Les conséquences pour le secteur ont été multiples. "Des services ont été fermés en pleine saison", observe Olivier Dardé, président de l’UMIH 44 (Union des métiers des industries de l’hôtellerie). "Nous n’avons pas pu répondre à toutes les sollicitations", se désole Patrick Groussin qui représente les autocaristes des Pays de la Loire au nom de la Fédération régionale des Transports de Voyageurs (FNTV). "Des colonies de vacances ont dû être annulées", remarque Véronique Croué-Guellerin, présidente de l’UNAT (Union nationale des associations de tourisme et de plein air) Pays de la Loire.
Autre point noir, et même si en la matière il est délicat de généraliser, le panier moyen des touristes était en baisse. En cause, les secousses sur le pouvoir d’achat liées à l’inflation. Enfin, la fédération de l’hôtellerie de plein air regrette "les incivilités" de touristes à l’endroit du personnel alors que dans l’hôtellerie et la restauration, on fustige le comportement d’une certaine clientèle, "très exigeante et parfois un peu agressive". Une des raisons pour laquelle les professionnels ont eu ainsi toutes les peines du monde à retenir leurs collaborateurs.
L’avenir en rose
L’arrière-saison s’annonce sous de très bons auspices, notamment en septembre où la fréquentation est habituellement supérieure à celle de juin. Près de 50 % des hébergements sont réservés sur ce mois. Le tourisme d’affaire devrait reprendre après le Covid qui a annihilé les velléités en 2020 et 2021. L’association Visitez nos Entreprises (64 adhérents) prépare pour la Toussaint ses Journées régionales avec 230 entreprises qui ouvriront leurs portes. À plus long terme et a contrario de ce que révélait le baromètre l’an passé, "82 % des professionnels se disent désormais confiants ou tout à fait confiants pour l’avenir de leur activité."
Après l’agroalimentaire, le tourisme représente le deuxième secteur d’activité des Pays de la Loire, avec 6,3 % du PIB régional. Ce qui représente 6,9 milliards d’euros reversés chaque année dans le circuit économique régional. Le tourisme concerne 14 100 entreprises et représente 65 000 emplois en pleine saison pour satisfaire 19 millions de touristes sillonnant les Pays de la Loire chaque année.
