Tourisme : en Pays de la Loire, les professionnels du littoral rient, les autres pleurent
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Tourisme : en Pays de la Loire, les professionnels du littoral rient, les autres pleurent

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Pour les professionnels du tourisme des Pays de la Loire, le premier bilan de l’été est contrasté. Si ceux installés sur le littoral s’en sortent convenablement malgré la crise sanitaire, pour les autres, les chiffres sont mauvais. Et tous appréhendent une fréquentation maussade en arrière-saison.

Six professionnels sur dix du littoral ligérien assurent que leur activité a été identique ou même meilleure cet été que le précédent. — Photo : Caroline Scribe - Le Journal des Entreprises

Sept milliards d’euros de retombées économiques sur le territoire des Pays de la Loire, 65 000 emplois dont 22 000 saisonniers, 750 lieux de visite : le tourisme pèse un poids tel qu’il constitue le deuxième secteur de l’économie régionale. Une des grandes interrogations pour les professionnels qui en vivent était de mesurer les conséquences la crise sanitaire sur la saison estivale.

La réponse vient de tomber. Les chiffres, compilés par l’Observatoire Régional du Tourisme des Pays de la Loire, ont été rendus publics le 26 août. Deux précisions d’importance : sur 6 000 professionnels interrogés, seuls 800 ont répondu, et le baromètre a été établi entre le 12 et 19 août, soit avant que la saison d’été ne s’achève.

Effondrement du nombre des visiteurs étrangers

Les professionnels dont l’activité se situe sur le littoral des Pays de la Loire poussent un gros "ouf "de soulagement. Six sur dix déclarent une activité identique et même plus importante que durant la saison 2019. Les visites d’entreprises ont trouvé leur public, tout comme le tourisme rural, lequel est certes est en légère baisse mais ne dégringole pas.

D'autres indicateurs sont beaucoup moins reluisants. Parmi les plus marquants : 60 % des professionnels du tourisme urbain enregistrent une diminution de leur fréquentation, dont 86 % des hôtels.

Concernant les campings de la région, Nicolas Charrier, président de la fédération des Pays de la Loire de l’hôtellerie de plein air, note que « 75 % des gérants ont enregistré une baisse tant des nuitées que du chiffre d’affaires ». Et de constater « beaucoup d’annulations de campeurs pour des séjours de longue durée. »

Sans surprise, et c’est l’une des principales conséquences du Covid sur la fréquentation, le nombre de touristes étrangers est en net recul. Régine Wiest, vice-présidente de la fédération des offices de tourisme de la région, avance le chiffre de 75 %. Des gestionnaires de camping sont allés jusqu’à déplorer l’absence totale d’étrangers, une situation inédite. Ceux qui ont posé quelques jours leurs valises dans les Pays de la Loire sont, là encore sans surprise, européens : Britanniques, Belges, Néerlandais, Allemands et Espagnols.

L’économie du tourisme a en revanche bénéficié d’un regain d’intérêt des Ligériens pour leur région en cette période post-confinement. Dans le détail, 31 % des touristes français ayant écumé la région cet été sont originaires des Pays de la Loire, 24 % des régions limitrophes, 20 % d’Île de France, 25 % d’autres régions.

« Les mois de confinement ne se rattrapent pas »

Une inconnue dans toutes ces données, et de taille : nulle donnée financière. « Il est trop tôt », observe Franck Louvrier, conseiller régional (LR) en charge du tourisme et président du Comité régional du tourisme. Les comptes seront faits en fin d’année. Et ils ne devraient guère être reluisants.

Car outre la saison estivale contrastée, les trois mois de confinement ont fait très mal au secteur et « ils ne se rattrapent pas », ajoute Franck Louvrier. Et l’arrière-saison, qui débutera en septembre, est plus marquée du sceau du manque de visibilité ou celui de l’inquiétude que par la marque d’une reprise. Le peu de réservations, voire les annulations des vacanciers retraités, un tourisme d’affaires au point mort, l’incertitude sur les sorties scolaires, font que la note pourrait s’avérer douloureuse pour les mois qui viennent.

Le confinement, conjugué à un été en demi-teinte et à une arrière-saison incitant au pessimisme, font dire à 86 % des professionnels du tourisme interrogés qu’ils pensent perdre 30 à 40 % de leur chiffre d’affaires en 2020. Pis : un quart craint devoir mettre la clé sous la porte.

Une bonne nouvelle dans toute cette grisaille : "Rendez-vous en France", le plus grand salon professionnel international de l’offre touristique française, aura lieu à Nantes en mars 2021. Une première qui permettrait, peut-être, de remettre la main sur les touristes étrangers.

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