Les nuages gris, bien présents en juillet, mêlés à l’inflation et à la baisse du panier moyen, laissaient présager une saison touristique en berne. Surtout après une année 2022 de tous les records. "Ce n’est pas une année à prendre en repère car elle était exceptionnelle", témoigne François Taillandier, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. "2023 marque la fin de l’effet rebond". D’après l’Observatoire du tourisme de Solutions & co, qui a mené une enquête auprès de 745 professionnels du tourisme (sur un total d'environ 14 000 entreprises touristiques sur la région), ces derniers présentent un bilan honorable, 65 % d’entre eux estimant que la saison s’est passée comme prévu, voire mieux que prévu. "Malgré l’inflation, les touristes ont conservé leurs vacances mais ont fait des arbitrages", commente Franck Louvrier, président du comité régional du tourisme. "De nombreuses activités rétro-littorales ont permis de maintenir des fréquentations élevées lors de journées pluvieuses". L’étude met également en avant le retour des touristes étrangers, une tendance soulignée par 57 % des professionnels, et notamment le retour de la clientèle britannique.
Vers un tourisme des quatre saisons
Ce premier bilan, réalisé jusqu’au 21 août, donne une bonne indication mais n’est pas exhaustif de la saison 2023. "Le bilan est en demi-teinte sur la haute saison (juillet-août)", précise Catherine Quérard, vice-présidente du Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR). Mais la présaison en mai et juin avait été fructueuse, et les mois à venir pourraient également être bons, avec des taux de réservation prometteurs pour septembre (45 %) et même octobre (28 %). "La période est dorénavant plus étalée", estime Franck Louvrier. "Nous nous dirigeons de plus en plus vers un tourisme des quatre saisons, une bonne nouvelle qui demande de s’adapter". De leur côté les autocaristes remplissent également leurs carnets de commandes, avec un taux de réservation de 68 % en septembre. La coupe du monde de Rugby, au cours de laquelle Nantes accueille quatre matchs, n’y est pas pour rien dans ces chiffres. "L’automne annonce une belle activité avec l’arrivée des groupes de supporters", souligne Patrick Groussin, président de la Fédération nationale des transports des voyageurs de Loire-Atlantique.
Un retour des touristes d’Île de France
Par rapport aux années précédentes, la Sarthe s’est distinguée avec une saison très satisfaisante liée aux 100 ans des 24 heures du Mans. Autre changement, la hausse de la clientèle d’Île de France, qui représente sur la région 30,5 % des touristes (+8,2 points par rapport à 2022). "Elle dépasse la clientèle de proximité qui était revenue en force lors des années Covid. Les habitants des Pays de la Loire, qui ne représentent plus que 12,6 % contre 21,8 % des touristes l’année dernière, repartent dans d’autres régions ou à l’étranger", remarque Cécile Onillon-Patron, responsable de l’Observatoire régional du tourisme.
Du côté des ressources humaines, de nombreux professionnels soulignent leurs difficultés de recrutement, qui persistent avec les années et ont contraint certains établissements à fermer en pleine saison. Et cela ne s’améliorera sûrement pas l’année prochaine, avec les JO 2024 qui pourraient bien happer une partie de la main-d’œuvre.
