Il ne fait pas du leadership de son entreprise un "drapeau" qu’il dresserait comme un étendard de fierté. Pascal Cardi est pourtant le PDG du numéro un européen des équipements de protection extérieure et de confort pour bateaux (protection solaire, protection froid, protection embruns...), la PME NVequipment, basée à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée). À ce titre de "leader", il préfère une notion plus subjective : être considéré par les clients comme "le référent européen".
NVequipment est loin d’être un nain sur le plan économique : 14 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, une présence dans une cinquantaine de pays, 180 collaborateurs… Surtout, portée par la vigueur du secteur du nautisme, la PME, qui a déjà doublé son activité en douze ans, prend la route de la croissance : elle souhaite atteindre 20 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2024 ou 2025.
500 nouveautés par an
Chaque année, 15 000 produits sortent des ateliers de NVequipment. Dont 500 qui n’existaient pas l’année précédente, fruits du travail du bureau de R & D comprenant une vingtaine de collaborateurs. Pour qualifier l’activité de la PME, le dirigeant a recours à un parallèle tout simple : "Nos équipements sont au nautisme ce que la capote de voiture est à l’automobile, c’est-à-dire que nous concevons et fabriquons un produit composé d’une toile et d’une partie mécanique". Avec pour finalité de faciliter la navigation des plaisanciers sur des bateaux à voile ou à moteur. L’entreprise adapte aussi son offre à tous types de navigants, créant des produits simples et pratiques pour qui vogue la journée, plus complexes pour les adeptes d’un tour du monde.
Le "bimini", un équipement protégeant du soleil, ou la capote qui abrite des embruns sont parmi les produits phares du catalogue de NVequipment, entreprise née en 1977 en Normandie avant de migrer dans les années 90 en Vendée. En 2000, Pascal Cardi la reprend pour en être l’actionnaire majoritaire en compagnie de la filiale du Crédit Mutuel Océan Participations (32 % du capital) et des salariés (6 %).
Son voisin vendéen Beneteau, Fontaine Pajot à La Rochelle (Charente-Maritime), Catana au Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) : ces grands noms du nautisme sont autant de clients de NVequipment. Les constructeurs, qui comprennent aussi de plus petites marques concevant des bateaux bien spécifiques, représentent 55 % de l’activité de l’équipementier. La part restante se décompose en plusieurs marchés. Celui des loueurs de bateaux tout d’abord, "qui sont en pleine expansion", remarque Pascal Cardi. Les distributeurs ensuite, "on retrouve dans le nautisme ce qui existe dans l'automobile, décrypte le PDG, c'est-à-dire des concessionnaires." Les enseignes spécialisées dans la vente d’équipements sont un autre marché. Enfin, "et c’est moins connu, les selleries-voileries présentes dans les ports, qui permettent aux propriétaires d’équiper leur bateau d’occasion et qui sont nos clientes."
La location de bateaux de plaisance résiste
L’occasion, ou "la seconde monte" pour reprendre le terme adapté au secteur du nautisme, est un axe de développement "majeur pour NVequipment", observe Pascal Cardi, qui souligne être concentré sur ce débouché qui représente aujourd’hui un quart de l’activité de la PME. Un chiffre résume l’importance de cet axe possible de développement : 80 000 bateaux de seconde monte se sont vendus en France en 2021 pour… 11 000 neufs.
Plus globalement, NVequipment bénéficie d’une appétence de plus en plus marquée pour le nautisme. Certes, les constructeurs ont connu un trou d’air en 2020 suite à la crise du Covid (le chiffre d’affaires de Beneteau a par exemple chuté de 18,9 % par rapport à 2019). Mais le marché de la location a maintenu, lui, la tête hors de l’eau. "C’est devenu une bulle de sécurité pour les particuliers, qui ont découvert le côté naturel de la mer, la liberté qu’elle procure", analyse Pascal Cardi. Puis, la crise en partie passée, l’embellie est revenue en 2021 pour les constructeurs (le groupe Beneteau a terminé 2021 sur une croissance de 12 %, dont + 88,3 sur le dernier trimestre par exemple).
Aucune raison donc, selon Pascal Cardi, que l’horizon s’obscurcisse. "Les carnets de commandes 2022 des constructeurs sont déjà bien pleins et 2023 commence à se remplir", remarque le dirigeant, qui anticipe un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros pour 2022 et de 20 millions d’ici 2024 ou 2025.
Digitalisation et effort à l’export
Outre une ambition de progression de son activité en France, marché numéro un pour NVequipment, la PME va insister sur sa présence à l’international pour porter son développement, en premier lieu dans les pays où elle est déjà bien implantée que sont l’Espagne, l’Allemagne, l’Angleterre et l’Italie. "L’étranger représente 34 % de notre chiffre d’affaires. Tant que nous ne serons pas à 50 %, je ne serai pas satisfait", fait savoir Pascal Cardi, qui ajoute lorgner du côté des États-Unis "où beaucoup de bateaux français circulent, particulièrement de seconde monte."
La croissance programmée s’accompagne d’investissements. NVequipment, qui dispose sur son terrain 15 000 m² à Saint-Gilles-Croix-de-Vie d’un atelier dédié à la toile de 4 400 m² et d’un deuxième pour la mécanique de 1 500 m², fait de la digitalisation un pilier pour améliorer ses process. "Nous avons débuté ce projet en 2017. Aujourd’hui, l’ensemble des opérateurs travaille non plus avec du papier, mais avec des écrans et ordinateurs." En 2021, la société avait doté tous les postes d'opérateurs d’écrans tactiles.
"Chacun a accès à tous les plans des produits et voit l’avancement dans la fabrication, tout le monde est par conséquent impliqué dans le cheminement de l’équipement, de la conception à la production", se félicite le PDG.
Parmi les 800 000 euros d’investissements projetés en 2022, 500 000 euros sont injectés dans la poursuite de la digitalisation du process. Les 300 000 euros restants seront dédiés au développement des produits et à l’aménagement des ateliers. En l’espace de quelques mois, NVequipment a vu ses effectifs progresser de 150 à 180 collaborateurs et devrait atteindre, si les vents sont toujours aussi porteurs, la barre des 200 début 2023.
