GRTgaz : « La filière du biométhane est dynamique dans la région, ne la cassons pas ! »
Interview # Production et distribution d'énergie # Prospective

Amaury Mazon délégué territorial Centre Atlantique de GRTgaz GRTgaz : « La filière du biométhane est dynamique dans la région, ne la cassons pas ! »

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La filière biométhane, qui se développe à partir du traitement des effluents agricoles, connaît une belle dynamique dans la région. Elle risque cependant d'être fragilisée par le projet de Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE). « Ne cassons pas une filière qui grandit. Laissons nos campagnes produire le gaz de demain », invoque Amaury Mazon, délégué territorial Centre Atlantique de GRTgaz, spécialisé dans le transport gazier.

Amaury Mazon, délégué territorial Centre Atlantique de GRTgaz — Photo : © GRTgaz

Le Journal des Entreprises : Que représente la filière du biométhane dans les Pays de la Loire ?

Amaury Mazon : La filière est lancée. En 2018, six sites (Angers, La Séguinière, Mortagne-sur-Sèvre, L’Oie, Chantonnay et Benet) injectent du biométhane dans les réseaux gaziers pour une capacité de production de 127 millions de kWh. C’est l'équivalent de la consommation annuelle de 10 500 foyers. Et cette dynamique va se poursuivre, puisque 45 projets sont enregistrés. Cela représente une augmentation de 600 % du volume injecté. À l’horizon 2020, c’est 4 % de la consommation régionale de gaz qui pourrait être fournie par le biométhane, une énergie renouvelable, non-intermittente et facilement stockable.

Par quels acteurs ces projets sont-ils portés ?

A. M. : C'est ce qui fait la spécificité des Pays de la Loire. On voit émerger des projets collectifs, au sein desquels des exploitations agricoles constituent une société commune avec des industriels pour traiter leurs effluents d’élevage. C’est le cas du site Bioloie à l'Oie, qui associe le producteur de canards Soulard et le fabricant de méthaniseurs Fonroche.

« Nous sommes conscients que la filière doit être compétitive, mais nous avons besoin de temps. »

C'est dans cet esprit qu’a été créé le cluster Methatlantique en 2018. Il a vocation a construire la filière avec les entreprises du territoire : des équipementiers, des développeurs de projets, des banques, etc. viennent compléter le portage par le monde agricole. Signe de la dynamique du territoire également, le partenariat signé avec l'IREO (une école d'agriculture vendéenne, NDLR) des Herbiers pour créer la première formation en alternance, consacrée à l'exploitation des sites de méthanisation.

Pourquoi craignez-vous pour l'avenir de cette filière qui semble bien partie ?

A. M : La filière est partie. Les projets sont là. Mais tout cet écosystème est fragilisé par le projet de Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE). Tout d’abord, il manque l'ambition, puisque les perspectives d'injection à l'horizon 2023-2028 sont en retrait par rapport à l'actuelle PPE et à la production potentielle, au vu des projets déjà enregistrés. Par ailleurs, l’Etat a prévu une baisse des coûts beaucoup trop rapide, qui ne laisse pas le temps de grandir à la filière.

Quelle trajectoire souhaiteriez-vous ?

A. M . : Nous sommes conscients que la filière doit être compétitive, mais nous avons besoin de temps. A l’horizon 2023, nous aurons le volume de projets et le recul nécessaire pour définir le business model et consolider la filière. Nous avons envie que le gaz de demain soit produit dans nos campagnes. De plus, la méthanisation ne répond pas seulement à un enjeu énergétique. Derrière, il y a de la création d'emploi, le traitement des déchets, de l'économie circulaire. Ne cassons pas une filière d’avenir qui grandit !

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