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Bysco tire son épingle du jeu avec la fibre textile à base de byssus de moules
Nantes # Textile # Innovation

Bysco tire son épingle du jeu avec la fibre textile à base de byssus de moules

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Créée en août 2021, Bysco se lance dans l’utilisation du byssus de moules pour concevoir des textiles. Elle souhaite servir de bureau d’études pour les industriels à la recherche de matériaux biosourcés. Dans les semaines qui viennent, la start-up nantaise devrait rassembler 500 000 euros pour développer son outil industriel d’ici à fin 2022.

Florence Baron et Robin Maquet, cofondateurs de Bysco qui utilise le byssus des moules pour concevoir des textiles — Photo : David Pouilloux

L’idée est venue à Robin Maquet lorsqu’il était élève en école d’ingénieur. "J’étudiais à l’époque le bilan carbone du bateau d’un skipper, raconte l’ingénieur de 27 ans et fondateur, avec Florence Baron, à l'été 2021 de l'entreprise nantaise Bysco (pour Byssus Compagny), une SAS au capital de 20 000 euros. Entre 70 à 80 % du bilan carbone de la construction du navire était lié à l’utilisation de matériaux fibreux, fibres plastiques, fibres carbone ou fibres de verre pour la coque, les voiles ou les cordages." Robin Maquet s’interroge sur la possibilité de les remplacer par un matériau fibreux alternatif, naturel, biosourcé, au moment où il fait un stage en Irlande chez un producteur de moules. Le bivalve produit du byssus, une fibre qui permet aux moules de rester accrochées aux rochers et de résister aux vagues. On l'appelle aussi soie de mer. "C’est une protéine collagène, explique l'entrepreneur. Elle a des propriétés mécaniques intéressantes, un peu comme la soie d’araignée, et on peut la trouver en grande quantité."

Une première ligne de production

Robin Maquet est persuadé que l’on peut fabriquer un matériau textile intéressant à partir du byssus. Il faut dire qu’il connaît le domaine : il s’est formé à l’ingénierie textile à Roubaix, à l’École nationale supérieure des arts et industries textiles. "Le byssus est un sous-produit issu de la récolte et du nettoyage des moules, raconte le jeune dirigeant. Il est chargé de sable, de vase, de coquilles, de matière organique. La première étape consiste à isoler le byssus des autres composants en le lavant. C’est ce que nous faisons sur notre première ligne de production installée à Cancale (Ille-et-Vilaine)." Aujourd’hui, ce nettoyage s’effectue de façon manuelle. "Notre objectif est de concevoir dans les mois qui viennent un module technologique qui permet d’automatiser cette étape afin d’avoir un meilleur rendement", dit le dirigeant. On va déposer un brevet sur cette technologie."

Pour l’implantation de la prochaine ligne de production, deux options sont sur le tapis : Cancale ou la Barre-de-monts (Vendée). Ces deux villes sont au cœur de trois régions productrices de moules : les Pays de la Loire, la Bretagne et la Normandie. "Elles rassemblent environ 60 % de la production de moules en France", estime Robin Maquet, dont la start-up, soutenue par Atlanpole, conserve son siège social Nantes, au sein de l’incubateur de l’IMT Atlantique.

Robin Maquet, cofondateur de Bysco, une start-up nantaise qui utilise le byssus des moules pour concevoir des textiles — Photo : David Pouilloux

Remplacer les fibres issues du pétrole

La fibre textile à base de byssus peut remplacer des matériaux issus du pétrole. "Notre offre est d'abord de servir de bureau d’études aux industriels à la recherche d’un textile biosourcé. On répond à leur besoin en structure textile en proposant une nouvelle matière jusque-là non utilisée." Un premier client leur demande de travailler sur un ballon de foot 100 % made in France et 100 % biosourcé, ballon qui intégrerait une partie en byssus pour le rendre "plus moelleux". Les premières lignes du chiffre d’affaires sont là : 15 000 euros. Le duo travaille également sur un plancher de TGV ou un module de confort acoustique… "On propose à nos clients un prototype, qu’ils testent, et, s’ils sont satisfaits, on peut imaginer qu’ils nous en commandent en grande quantité." C'est la deuxième offre de l'entreprise : assurer la production industrielle du textile.

L’objectif le plus urgent consiste à trouver des fonds pour développer l’outil industriel. Le dépôt de dossiers est déjà fait du côté de la Région Pays de la Loire, de Bpifrance et d’Airbus Développement. À cela s’ajoute un prêt bancaire. "Nous avons besoin de 500 000 euros, déclare Florence Baron, la cofondatrice de Bysco. Les réponses vont tomber dans quelques jours."

L’ambition autour de la "soie marine" ne manque pas chez Bysco. "On veut devenir le leader du textile à base de byssus en France, et être capable de traiter 4 500 tonnes de matière première. La suite ? Nous implanter à l’étranger dans les pays producteurs de moules, l’Espagne, Italie, Irlande ou Pays-Bas. Et maîtriser toute la chaîne de valeurs jusqu’à développer à Cholet une filière de production de textile. Comme c’était le cas avant." Mais pas avec du byssus, cela va de soi.

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