Vous organisez, pour la seconde année consécutive à La Baule, les Rencontres pour une industrie durable et responsable (Ride). Quel est l’objectif de cet événement ?
À travers cette manifestation, nous poursuivons trois objectifs. Le premier est d’accélérer la prise de conscience des acteurs industriels vis-à-vis des grands enjeux auxquels est confrontée l’industrie. Ces enjeux correspondent aux cinq piliers évoqués dans le "Manifeste pour une industrie écoresponsable" que nous avions publié dès 2020, juste après la crise sanitaire. Ce manifeste, qui rassemble aujourd’hui 80 signataires, de la PME aux grands groupes et aux acteurs académiques, prône une industrie sobre et durable, une industrie qui place l’humain au cœur de ses préoccupations, une industrie efficiente et innovante, une industrie collaborative et solidaire, une industrie stratégique qui réponde aux objectifs de souveraineté nationale. Ride a également vocation à permettre aux chefs d’entreprise, responsables de production et RSE, etc. d’échanger avec leurs pairs ayant déjà engagé des transformations. Enfin, Ride a pour mission d’aider les industriels à trouver des solutions concrètes via les stands d’une vingtaine d’exposants.
La thématique retenue pour Ride cette année est la résilience. Pourquoi ?
L’idée est de faire comprendre aux entreprises qu’on a dépassé le stade du constat. Il y a désormais urgence à agir, à engager les transformations en vue de créer un nouveau modèle industriel durable. Le pôle EMC2 est à la disposition des entreprises du territoire pour les accompagner dans cette voie, tant par le décryptage de leur environnement, que par des propositions d’accompagnement thématisées, articulées autour de deux grands sujets : la transformation digitale et la transformation environnementale. Nous les aidons ensuite à rechercher des financements adaptés aux projets. C’est compliqué pour les chefs d’entreprise de trouver les bons interlocuteurs sur des métiers aussi nouveaux. Nous sommes là pour les orienter.
Selon vous, les industriels du territoire font-ils preuve de résilience ?
Je vois s’esquisser deux catégories d’entreprises. D’un côté, émergent des entreprises qui veulent faire bouger les lignes. Sans être exhaustif, je pense au fabricant de ciments décarbonés Hoffmann Green, au producteur d’hydrogène vert Lhyfe, à Neolithe qui transforme les déchets en granulats, à Bysco qui valorise le byssus de moule, aux acteurs de la filière vélique, aux entreprises qui travaillent sur les composites, les allègements de structure… Il faut aussi citer les grands groupes comme Airbus, Chantiers de l’Atlantique ou Naval Group qui font avancer les choses. De l’autre côté, il y a encore des entreprises de l’ancien monde qui n’évoluent pas. Mais il faut bouger ! Les entreprises qui ne se transforment pas ne survivront pas à la prochaine crise. Il faut profiter du contexte actuel qui est très favorable à l’industrie, porté par les enjeux de réindustrialisation, de relocalisation et de souveraineté nationale. Je fais Ride pour accélérer cette évolution et toucher les entreprises moins convaincues, moins engagées. Le pôle EMC2 ne peut pas à lui seul porter cette évolution. C’est pourquoi, nous agissons avec d’autres réseaux du territoire, comme la CCI Nantes Saint-Nazaire pour lancer un programme de décarbonation de l’industrie.
Quel sera le programme de cette journée ?
Pour poser le sujet de la résilience industrielle sur notre territoire, nous avons invité Olivier Lluansi, auteur du livre "Les néo-industriels - L’avènement de notre renaissance industrielle", qui fait le constat que, depuis 20 ans, la France n’a vu émerger aucune figure industrielle inspirante. Louis Gallois, qui est notre parrain depuis la création du pôle en 2005, dialoguera avec des étudiants ingénieurs de l’ICAM, car nous voulons des jeunes qui changent l’industrie de l’intérieur. Il y aura une deuxième séquence autour d’Éric Berger, référent industriel du Shift Project (NDLR : un think tank qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone) qui défend une vision équilibrée entre la nécessité pour une entreprise de se développer et les limites planétaires auxquelles nous sommes confrontés. Deux tables rondes consacrées à la mise en mouvement clôtureront cette journée.
