Alexandre Fretti (Malt) : "Nous sommes tous des freelances en puissance"
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Alexandre Fretti directeur général de Malt "Nous sommes tous des freelances en puissance"

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Après Lyon, Munich, Madrid et Bordeaux, la place de marché en ligne de consultants freelance Malt s’installe à Nantes fin octobre. Cette future licorne de la French Tech a opéré une levée de fonds de 80 millions d’euros en juin. La plateforme propose 300 000 freelances à ses 40 000 entreprises clientes. En pleine croissance, Malt pèse aujourd’hui 200 millions d’euros de chiffre d’affaires et vise le milliard en 2024, selon les projections de son directeur général Alexandre Fretti livrées au "Journal des Entreprises".

Alexandre Fretti, directeur général de Malt — Photo : DR

Malt s’implante à Nantes. Quels services proposez-vous ?

Notre métier est de proposer sur notre plateforme des freelances aux entreprises qui cherchent des talents externes pour mener à bien leur projet, pour l’accélérer. Aujourd’hui, 300 000 freelances sont inscrits sur Malt. Plus de 40 000 entreprises ont déjà fait appel à nos services : des TPE, des PME, mais aussi 36 des 40 entreprises du Cac 40. Les 80 millions d’euros que nous avons levé en juin auprès de Goldman Sachs et Eurazeo visent pour un tiers à accélérer notre développement en région. Sur nos 200 000 consultants indépendants français (100 000 à l’étranger), la moitié vit en province, dont 15 000 en Pays de la Loire et en Bretagne. Nous allons implanter un bureau à Nantes et recruter 20 collaborateurs. Nous serons à la Cantine numérique, un lieu de coworking qu’affectionnent les freelances qui sont au cœur de notre activité.

Pourquoi choisir Nantes et pourquoi renforcer votre maillage territorial ?

Nantes est un bassin d’emplois qui compte, dans le numérique notamment. On peut y trouver des clients et des talents. Des entreprises locales comme iAdvize, My Money Bank, La Fourchette/The Fork nous font déjà confiance. Par ailleurs, Malt utilise une technologie unique qui fait correspondre le profil d’un consultant freelance avec le besoin d’une entreprise, en proposant des critères de localisation. C’est important que Malt soit au plus près de ses freelances, et nos freelances aux plus près de leurs clients.

Dans quel contexte s’inscrit la réussite de Malt ?

Nous vivons une révolution dans le monde du travail. La pandémie mondiale, les confinements et le télétravail ont changé la relation au travail, à l’entreprise. Il y a une aspiration à plus de liberté, de choix, d’indépendance. Aujourd’hui, environ 15 % des travailleurs sont freelances. Une enquête que nous avons conduite montre que 43 % des salariés envisagent de devenir freelance. C’est une vague qui déferle et un mouvement de société. L’image de la personne qui est freelance parce qu’elle ne trouve pas de CDI est fausse, c’est l’inverse qui se passe, c’est un choix pour beaucoup. Des étudiants qui sortent d’école choisissent directement ce statut. Nous sommes tous un freelance en puissance. Le CDI n’est plus l’alpha et l’oméga dans le monde du travail. Nous passons d’une économie du CDI à l’économie à la demande. Dans les biens de consommation, pour la voiture par exemple, c’est déjà le cas depuis longtemps. On n'en achète de moins en moins, on loue ou on utilise Blablacar. C’est l’usage plutôt que la possession.

Quel intérêt un freelance a de s’inscrire sur Malt ?

Chaque mois, entre 5 000 et 8 000 freelances s’inscrivent sur notre plateforme gratuitement. Quand une entreprise dépense un euro en consulting chez nos concurrents (Accenture, Sopra Steria, Cap Gemini), le salarié touche 50 centimes. Avec nous, c’est 85 centimes. Un autre critère est important : les consultants freelance veulent choisir avec qui ils veulent travailler, quand et comment. Ce n’est pas le cas quand ils travaillent au sein d’une entreprise. Cette liberté est importante à leurs yeux. Et lorsque l’on est inscrit sur notre plateforme, c’est 40 000 clients potentiels, de la TPE du coin au grand compte du Cac 40. Cette diversité plaît. La solution technologique permet aux indépendants et aux organisations de gérer en toute sécurité leur relation, de l’émission du "brief" jusqu’au paiement de la mission. Nos freelances opèrent dans la transformation numérique des entreprises, le marketing, la création, la communication. Mais aussi dans les ressources humaines, la finance, le juridique... Des prestations intellectuelles qui concernent tous les secteurs de services aux entreprises.

Pourquoi les entreprises font appel à vous plutôt que de recruter ?

Notre atout maître, c’est la rapidité. Pour faire appel au service d’un freelance de Malt, on peut le faire de manière autonome sur notre plateforme et trouver rapidement le talent qui nous convient pour une mission. La moitié de nos clients font comme ça. L’autre moitié est accompagnée par un de nos salariés. Le client nous donne son brief et, à partir d’un logiciel d’intelligence artificielle, on s’engage à trouver trois profils qui correspondent à la mission en moins de 48 heures. Notre autre engagement, c’est que le freelance démarre sa mission dans les six jours. Là où il faut en moyenne six mois pour recruter un cadre, Malt propose le bon freelance en moins de deux jours et parfois en quelques minutes.

La France compte aujourd’hui 24 start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars. Parmi elles, Dataïku, Sorare, Contentsquare, ManoMano, Voodoo, Blablacar, Deezer, Doctolib, OVHcloud, Mirakl, DentalMonitoring. Est-ce votre ambition de compter parmi les futures licornes françaises ?

Nous sommes aujourd’hui une scale-up, c’est-à-dire une entreprise en hypercroissance entre la start-up et la licorne. Notre chiffre d’affaires sera d’environ 200 millions d’euros en 2021 avec 300 salariés. Nous serons 400 salariés l’année prochaine et 1 000 d’ici à 2024, avec un milliard de chiffre d’affaires cette année-là. Nous pensons atteindre le statut de licorne d’ici à dix-huit mois. Pour cela, nous avons sur la table des projets de croissance externe, avec l’achat d’entreprises à l’étranger, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Angleterre. Le marché du freelancing s’élève à 40 milliards d’euros en France, 350 milliards en Europe où nous serons présents dans 10 pays. Nous voulons devenir le leader européen du freelancing.

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