La cheffe d’entreprise Sylvie Bondil, gérante de la société malouine Taglab (35 salariés, 2,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021), fabricant des Fameuses Glaces de Saint-Malo (marques Moustache, Sanchez et Ty Skorn), s’est promis de ralentir un peu le rythme de ses déplacements. Cette patronne parcourt en effet les quatre coins de la France pour répondre au développement effréné de l’enseigne Moustache, la marque qu’elle a créée en 2014.
En cette rentrée 2022, elle cherche à recruter un animateur de réseau qui viendrait la seconder dans le pilotage des franchises. Il faut dire que le nombre de magasins "Moustache" explose. Derrière ses succursales historiques de Binic, Nantes et Cancale dans le grand Ouest, l’entreprise malouine aura ouvert 32 points de vente en franchise en trois ans. À Caen, Toulouse, Tours, Arcachon, Avignon… ce qui représente une centaine d’emplois créés environ. Une dizaine de nouvelles boutiques devraient encore ouvrir chaque année dans l’Hexagone. "Je ne fais aucun démarchage, ce ne sont que des appels entrants. C’est un projet qui commence à avoir une notoriété, qui attire. Dans cinq ans, nous pourrions être une centaine de franchisés", sourit Sylvie Bondil, 55 ans.
300 000 litres de glace annuels
Au sortir d’un été caniculaire favorable au commerce, Taglab prévoit de terminer son année comptable 2022 (en septembre, NDLR) sur un chiffre d’affaires record de 3,2 millions d’euros, en hausse de 50 % sur un an. L’entreprise artisanale récolte là les résultats de choix entrepris par sa dirigeante quelques années plus tôt, en 2018, lorsque la PME a investi dans un nouveau laboratoire sur la ZAC Les Mottais, à l’entrée de Saint-Malo. L’outil de 1 200 m² fabrique annuellement 300 000 litres de glaces. "Il est configuré pour faire plus du double et pour pouvoir répondre à une demande nationale et internationale", souligne Sylvie Bondil. À l’époque, la repreneuse, ancienne patronne de la société Pataugas à Paris, n’avait pas eu trop le choix que de déménager son laboratoire. "L’ancien lieu de fabrication sur le port était dans un état pitoyable. Les services vétérinaires allaient le fermer". Malgré cette déconvenue, la cheffe d’entreprise, dont on devine le caractère de femme à poigne, s’est retroussé les manches. "Pour convaincre les banques de me suivre dans mon projet d’investissement, il fallait que je fasse rentrer du chiffre d’affaires coûte que coûte. J’ai démarré en vendant mes produits aux grands comptes et aux restaurateurs." Pari réussi grâce à des recettes gourmandes, qui ont auguré la suite de l’aventure. C’est là, en 2018, qu’entre dans l’affaire l’expérimenté Gérard Sanchez, fondateur des glaces Sanchez. Cette "institution de Saint-Malo", reconnu pour son tour de main, est aujourd’hui, à 70 ans, le directeur R & D de l’entreprise. "Avec lui, on a refait tout le travail de recettes à partir de ce qui existait déjà. Nous avons retiré tout ce qui n’était pas bon en produits chimiques, nous avons baissé les taux de sucre et les taux de gras. Et nous avons amorcé la montée en gamme…"
"Devenir le meilleur glacier de France"
La reconnaissance est là, comme en témoigne cette médaille d’or décrochée, en 2021, au concours international de Lyon. Mais le tandem vise plus haut. "Notre ambition, c’est de devenir le meilleur glacier de France, en continuant de nous améliorer et en faisant du bon". Pour ce faire, Moustache a lancé 11 nouvelles saveurs cette saison (crème de cacao, nounours guimauve, Paris-Brest…), élargissant encore sa gamme qui compte aujourd’hui près de 150 parfums. "Nous sommes sans cesse en renouveau", souligne la dirigeante. En parallèle, Sylvie Bondil teste de nouveaux supports de vente insolites comme des triporteurs, des containers ou encore des corners de vente à emporter.
Derrière le réseau de franchisés Moustache - qui génère 73 % du chiffre d’affaires global de l’entreprise - et ses succursales, Taglab fournit également en crèmes glacées la Laiterie de Saint-Malo (filiale du finistérien Sill Entreprises, NDLR), ainsi que des enseignes de distribution alimentaire (Métro et Ecomiam) et des restaurateurs. Le modèle économique est bien rodé. "Les premières années ont été dures, mais je n’ai jamais eu un seul euro de résultat négatif. C’est ma plus grande fierté", indique Sylvie Bondil. Aux commandes d’une entreprise rentable depuis 2020, la cheffe d’entreprise peut maintenant savourer son succès, comme une bonne glace. "Les bonnes années sont devant moi", assure-t-elle.
