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L'industriel textile Malterre doit sa survie à l'innovation
Somme # Textile # Innovation

L'industriel textile Malterre doit sa survie à l'innovation

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Rescapée de l’industrie textile picarde, l’entreprise de tricotage Malterre, à Moreuil, dans la Somme, a une nouvelle fois montré sa capacité d’adaptation en fabriquant des masques pendant la crise sanitaire.

L'entreprise de tricotage Malterre, dans la Somme, mise sur l'innovation pour des marchés de niche — Photo : Malterre

Face à la crise sanitaire liée au coronavirus, l’industriel Malterre a fait ce qu’il sait faire depuis plus de 30 ans : s’adapter. Ce tricoteur emploie 12 salariés à Moreuil, dans la Somme, et réalise un chiffre d’affaires de deux millions d’euros. Il a mis au point des masques anti-projections, avec une maille utilisée dans le domaine médical. Pour cela, l’entreprise a investi dans l’urgence près de 50 000 euros, pour une machine, un local, et l’embauche de 4 personnes supplémentaires.

« Au plus fort de la demande, nous avons produit jusqu’à 30 000 masques par jour, détaille son dirigeant, Laurent Malterre. Cela nous a permis de maintenir une activité, et la question a été vite tranchée de participer à la solidarité nationale ». Une activité qu’il ne va cependant pas conserver, après l’arrêt brutal des commandes de masques. « Je pensais que l’État allait encourager une production française au cas où l'épidémie reprendrait, regrette-t-il. Cela n’a pas été le cas, je passe donc à autre chose. »

Innover sur des marchés de niche

Et les projets ne manquent pas pour l’entreprise qui a survécu dans le textile grâce à la production à la demande. « Mon grand-père fabriquait des tee-shirts, puis il a refusé de collaborer au début de la guerre et a été déporté, raconte le dirigeant. Mon père a repris l’entreprise et, au plus fort de l’activité, jusqu’à 300 personnes travaillaient à Moreuil ». Mais Malterre n'a pas résisté aux vagues de délocalisations, notamment au Maghreb. Quand Laurent Malterre, la troisième génération, a souhaité continuer l’activité, dans les années 1980, « il ne restait que quelques machines à tricoter, invendables, dans un local à l’abandon. Nous n’avions pas de moyens, rien à vendre, alors on s’est mis à produire ce qu’on nous demandait ».

L’entreprise doit son salut à sa capacité d’innovation et à sa réactivité. « Nous faisons par exemple des housses spéciales pour recouvrir les cercueils dans le transport en avion. Ou encore des cibles thermiques pour les forces spéciales comme le GIGN », décrit le dirigeant. Certains contrats deviennent des marchés mondiaux, comme les bandes de voltige pour les acrobates de cirques, qui se vendent notamment en Chine et aux États-Unis. Ou encore des pistes d’escrime nomade, sur la demande au départ d’un club amiénois, qui se sont ensuite vendues dans plusieurs pays. Récemment, l’entreprise a mis au point une cagoule pour bébés grands prématurés, capable de recevoir des capteurs, élaborée avec le CHU d’Amiens. Une première mondiale qui a été brevetée.

La crise du Covid-19 a aussi accéléré une tendance démarrée il y a huit ans : le "made in France" dans l’habillement. Dès le départ, Malterre a su s’engouffrer dans ce secteur, avec des mailles bio et recyclées, ce qui représente aujourd’hui 60 % de son activité. « Cela reste un petit marché, environ 5 % des consommateurs, détaille le dirigeant, mais comme nous sommes peu à le faire, le carnet de commandes est plein. »

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