Les premiers pneus rechapés Léonard, créés par Mobivia et Black Star, sortent de l’ex-site Bridgestone de Béthune
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Les premiers pneus rechapés Léonard, créés par Mobivia et Black Star, sortent de l’ex-site Bridgestone de Béthune

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Le nordiste Mobivia et le lyonnais Black Star lancent, sous la marque Léonard, une gamme de pneus rechapés produite à Béthune (Pas-de-Calais). L’usine, installée sur la friche Bridgestone, prévoit de produire à terme un million de pneus par an.

La marque de pneus rechapés Léonard est produite à Béthune, sur la friche laissée par l’ancienne usine Bridgestone — Photo : Jeanne Magnien

À Béthune dans le Pas-de-Calais, le site Bridgestone a repris vie. Fermée en 2020, l’usine de pneus abrite désormais les lignes de production de Léonard, la marque de pneus rechapés pour véhicules légers lancée par le groupe nordiste Mobivia (3,4 Md€ de CA, 23 300 salariés), et l’entreprise lyonnaise Black Star, qui se spécialise depuis 1979 dans les pneus de seconde vie. Cette dernière change aujourd’hui d’échelle, grâce à ce nouvel équipement. "Pour les poids lourds, les bus, le pneu rechapé représente 40 % du marché. C’est déjà une pratique bien installée, et un marché de niche sur lequel Black Star est un acteur reconnu. Sur le véhicule léger en revanche, les industriels européens ont quasiment tous disparu ces dernières décennies, la concurrence des pneus produits dans des pays à bas coûts étant trop forte", présente Laurent Cabassu, le directeur général de Black Star, qui s’apprête à passer de 3 millions à 30 millions d’euros de chiffre d’affaires dès la première année de Léonard.

Synergie industrielle

L’histoire de cette nouvelle marque est avant tout celle d’une belle synergie industrielle. À l’annonce de la fermeture du site de Bridgestone, les intérêts de Black Star et de Mobivia convergent : la première est à la recherche d’un site pour développer son activité vers le véhicule léger, la deuxième cherche à revaloriser les quelque 14 millions de pneus usagés collectés chaque année dans les ateliers de ses enseignes Norauto, Midas et Carter Cash.

Rachetée à 60 % par Mobivia, Black Star est désormais en capacité d’investir le site, que Bridgestone laisse bien pourvu en coûteuses machines. "Une usine de pneus, ce sont des centaines de millions d’euros d’investissements. Bridgestone s’est montré très généreux en partant, ils nous ont laissé énormément de matériels, sans quoi le projet n’aurait pas été possible. Personne dans le milieu n’a les moyens d’investir de telles sommes pour faire du pneu rechapé", glisse Laurent Houvenaghel, aux manettes d’Iwip, la division "Économie circulaire" de Mobivia, qui a chapeauté le projet. Au total, l’investissement est maîtrisé pour Mobivia, qui chiffre à 8 millions d’euros l’ensemble de la remise en état et de l’équipement de son usine, qui occupe 45 000 m² sur les quelque 160 000 m² de la friche Bridgestone.

Un million de pneus à l’année

Le site, qui emploie une soixantaine de personnes, dont une trentaine d’anciens salariés de Bridgestone, est en train de monter en charge. De 600 pneus par jour aujourd’hui, la production devrait passer progressivement à 1 000 pneus par jour, pour atteindre d’ici 2026, un million de pneus à l’année. À cet horizon, le site emploiera 200 personnes.

Après la mise sur le marché d’une dizaine de milliers de pièces en guise de test, qui ont rencontré un fort succès, Black Star est confiant dans le succès de sa gamme Léonard, qui cumule éco-responsabilité et petit prix. Avec un bilan carbone 63 % inférieur à un pneu neuf, grâce à la récupération de 80 % de la structure du pneu d’origine, dont seule la gomme est changée. Et au final, des performances comparables à des références haut-de-gamme, pour un prix de vente 30 % plus bas.

La marque sera distribuée, dès la fin avril, dans les enseignes du réseau Mobivia, Norauto, Midas, et Carter Cash, avant d’être, dès le mois de juin, proposée à des réseaux concurrents.

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