Petits prix et responsabilité environnementale peuvent aller de pair. C’est en tout cas le pari de l’enseigne nordiste Carter Cash (850 salariés, CA : NC) qui, depuis vingt ans propose des pièces et produits pour l’entretien automobile, en revendiquant un positionnement résolument bon marché. Mais pour autant, la filiale du groupe Mobivia (Norauto, Midas…), basée à Villeneuve-d’Ascq, soigne son offre et ses services, et n’hésite pas innover.
L’enseigne, qui s’est dotée en 2021 d’une direction dédiée au développement durable, construit ainsi une offre basée sur l’économie circulaire. Depuis 2016, pneus rechapés, batteries régénérées, alternateurs et démarreurs reconditionnés, ont fait leur apparition dans les rayons.
"Nous misons sur des produits à impact positifs, tout en veillant à accompagner nos clients dans cette démarche, au travers d’une signalisation claire. Souvent, les produits issus de l’économie circulaire sont plus chers que du low cost. Nous les rendons accessibles au plus grand nombre", se félicite Thierry Deuzé, le directeur général de Carter Cash. L’enseigne, qui compte 73 magasins en France et 850 salariés, ne communique pas son chiffre d’affaires, mais assure connaître une croissance constante et rentable.
Circularité en magasins
La circularité commence dès les magasins. Si l’enseigne offre cinq euros pour la reprise de batteries usagées, son activité de mécanique lui permet également de mettre la main sur des matières premières. Ses ateliers, accolés aux magasins, proposent en effet montage des pneus, vidange et pose de plaques d’immatriculation. "La mécanique n’est pas notre métier, mais tous nos magasins ont une partie atelier où nous proposons quelques services à petit prix. C’est un produit d’appel, qui représente 5 à 6 % de notre chiffre d’affaires. Cela nous permet aussi de dissuader nos clients de procéder à des vidanges sauvages, puisque nous sommes moins chers qu’une prestation au noir, " expose Thierry Deuzé. Surtout, pneus et huiles de vidange sont désormais récupérés par Carter Cash, et recyclés.
L’enseigne a lancé en 2021 la première huile de moteur régénérée, élaborée à partir d’huile usagée. "Finalement, ce sont nos fournisseurs que nous avons eu le plus de mal à convaincre. Mais nous étions sûrs de notre produit, qui répond aux plus hauts standards de qualité, et notre clientèle nous fait confiance. Si nous pouvons assurer les volumes, nous allons à terme remplacer notre huile premier prix par cette huile régénérée. Pour aller plus loin, nous sommes également en train de travailler sur une huile biosourcée."
Monter de nouvelles filières
"Cette offre de produits issus du recyclage représente 5 à 10 % de notre volume de ventes, nous aimerions la doubler à terme. Le principal problème reste le sourcing. Ce sont des chaînes d’approvisionnement déjà très pénuriques, et avec les tensions actuelles sur les matières premières, tout le monde se rue sur les matières recyclées", note Thierry Deuzé. Grâce au projet "Blackstar" porté par Mobivia sur la friche Bridgestone à Béthune, l’enseigne devrait dès l’année prochaine pouvoir se fournir plus facilement en pneus rechapés "premium". Elle est également en train de monter une filière industrielle pour ses batteries régénérées, dont la durée de vie peut être prolongée jusqu’à trois fois. Parmi les autres projets à l’étude, Carter Cash réfléchit à proposer les produits liquides en vrac, pour limiter les déchets inutiles. Et travaille avec ses fournisseurs pour tendre vers le "zéro plastique", et supprimer les emballages.
