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Bridgestone ferme son usine de Béthune, 863 emplois menacés
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Bridgestone ferme son usine de Béthune, 863 emplois menacés

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Le fabricant japonais de pneus Bridgestone annonce la fermeture de son usine de Béthune, qui emploie 863 personnes. Vieillissante, l'unité de production n'est plus performante sur un marché qui se durcit, selon l'équipementier.

L'usine Bridgestone de Béthune, dans le Pas-de-Calais, fabrique des pneus de deuxième monte, un marché de plus en plus compétitif en Europe. — Photo : CC0

Coup dur pour le Béthunois, qui risque de perdre 863 emplois d’un coup. Implantée depuis les années 60 dans le Pas-de-Calais, l’usine de pneus de l’équipementier japonais Bridgestone, la seule du groupe en France, va fermer ses portes d’ici juin 2021. La nouvelle est tombée le 16 septembre, à l’occasion d’une réunion du comité social et économique extraordinaire, dont le contenu a pris tout le monde de court.

Pour justifier sa décision, le groupe japonais (30 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2019) évoque dans un communiqué les « évolutions à long terme de l’industrie du véhicule de tourisme en Europe », qui le contraignent à « réduire sa surcapacité de production et améliorer son efficacité opérationnelle ». Selon lui, « la cessation totale et définitive de l’activité de l’usine de Béthune » serait « la seule option » pour maintenir sa compétitivité en Europe. L’équipementier évoque notamment la montée en puissance de la concurrence « de marques asiatiques à bas coût » sur un marché du pneu qui reste stable.

Volumes et investissements en baisse

Pourtant présentée en 2015 encore comme « stratégique » pour le groupe Bridgestone en Europe, l’usine de Béthune est de facto en perte de vitesse sur un marché du pneu de deuxième monte (ou de remplacement) de plus en plus compétitif. Ces dernières années, la production était ainsi en baisse régulière, passant de 16 000 pneus par jour en 2018 à 9 000 en septembre 2019, compte ainsi La Voix du Nord. Pour autant, l’annonce de la fermeture sèche du site a surpris autant les salariés que les politiques.

Dans un communiqué commun, le gouvernement et la Région Hauts-de-France s’insurgent ainsi contre la décision de Bridgestone, et en contestent « la brutalité, la pertinence et les fondements ». Ils réclament l’examen « des scénarios alternatifs à la fermeture du site et en tenant compte des possibilités offertes par les plans de relance national et régional. »

Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée chargée de l’Industrie, monte directement au créneau : « Que les choses soient claires : il est inacceptable que Bridgestone abandonne la partie sans s’être battu pour faire aboutir des solutions alternatives. Bridgestone doit assumer ses responsabilités. Les conséquences économiques (du) Covid-19 n’expliquent pas tout, loin de là. La stratégie industrielle du groupe interroge : désinvestissement dans l’usine de Béthune, sur-spécialisation du site sur un marché en déclin, dialogue social dégradé. » L’État comme la Région affirment leur soutien aux salariés, « avec pour seul objectif le maintien de l’emploi industriel sur le site de Béthune ».

La promesse d’un plan de reclassement

De son côté, Bridgestone, qui emploie 3 500 personnes en France au sein de son réseau de distribution, se dit « pleinement conscient des conséquences sociales » de la fermeture du site, et promet la mise en œuvre d’un plan d’accompagnement, pour favoriser le reclassement des salariés en interne et en externe. Au niveau du territoire, l’équipementier Bridgestone annonce vouloir « mettre en œuvre un plan de revitalisation ambitieux pour l’emploi », et s’engage à rechercher « activement » un repreneur pour le site. Pas sûr que cela suffise à faire passer la pilule.

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