Pourquoi le dirigeant de ProLoisirs a prêté des voitures électriques à ses salariés
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Pourquoi le dirigeant de ProLoisirs a prêté des voitures électriques à ses salariés

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Le dirigeant de ProLoisirs, Jean-Marc Chaubenit, a décidé de mettre à la disposition de ses salariés des voitures électriques pour leurs trajets professionnels et personnels. Inscrite dans la démarche RSE de cette entreprise de Charente-Maritime, la mesure présente de multiples vertus selon son patron - autant pour l'environnement que pour la bourse de ses salariés et l'attractivité de sa PME.

Démarche de fidélisation autant que de RSE : la PME ProLoisirs a doté 24 de ses salariés de voitures électriques — Photo : Pro Loisirs

Qui réussira à parcourir le plus de kilomètres au volant de sa voiture électrique ? La question anime les discussions de bureau chez ProLoisirs, une PME charentaise de 48 salariés. « C’est devenu un petit challenge entre nous, raconte Sandra, assistante commerciale. Pour l’instant, les performances vont de 280 à 320 km avec une batterie pleine. » Implantée à Pons, entre Cognac et Royan, ProLoisirs conçoit et distribue du mobilier de jardin à des enseignes comme Leroy Merlin, Bricomarché ou Jardiland. Mais on y discute beaucoup d’automobile depuis l’installation, fin 2018, d’un parc de 24 véhicules électriques Renault Zoé.

Proposée à l’été 2018 par son patron, cette démarche RSE atypique a d’abord surpris. « On se demandait si c’était sérieux ou pas, tellement il y avait d’avantages », se souvient Sandra. Qu’une entreprise installe un parc de véhicules électriques, rien d’extraordinaire. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas de voitures destinées aux autres missions de l’entreprise.

Une voiture électrique pour aller au travail… et en vacances

Les commerciaux de la PME, qui sillonnent le Sud-Ouest, ont ainsi gardé leur voiture diesel, qui possède une autonomie plus élevée. Les 30 autres salariés se sont vus prêter une voiture neuve clé en main… pour les trajets domicile-travail et de loisirs : rendre visite à sa famille, faire ses courses, partir en week-end ou en vacances. Dans la limite de 15 000 km par an. Au total, 24 salariés ont dit oui. Outre l’achat des véhicules, ProLoisirs prend aussi en charge la location des batteries, l’entretien, l’assurance du conducteur et de son conjoint ou encore « le plein » grâce à 10 bornes de recharge installées sur le parking de l’entreprise. « Il y a juste à rouler dedans », résume le patron, Jean-Marc Chaubenit.

« Avec ces 24 voitures électriques, j’ai voulu donner du pouvoir d’achat à mes collaborateurs, en réduisant leurs dépenses de transport. »

Pour réduire encore davantage les émissions de CO2, le dirigeant a ensuite proposé à ses salariés de se séparer en échange d’un véhicule polluant utilisé au sein de sa famille. Jean-Marc Chaubenit a lui-même vendu sa voiture personnelle, utilisant aujourd’hui celle de son épouse pour les longs trajets. Même si l’option reste facultative, la plupart des nouveaux conducteurs de Zoé ont déjà franchi le pas ou se sont engagés à le faire prochainement. Pour Jean-Marc Chaubenit, tout le monde doit participer à la réduction des émissions de CO2 : l’État, notamment via « les bonus/malus, le développement de centres de recherche sur le recyclage des batteries ou les batteries à faible consommation de matières rares », mais aussi les entreprises et les particuliers.

L’investissement total s’élève à 360 000 € sur 5 ans pour l’entreprise. « Soit 15 000 € par voiture au lieu de 25 000 € prix initial, en combinant les aides liées au bonus écologique pour l’achat d’un véhicule électrique neuf, une enveloppe de 6 000 € par voiture, plus une remise du constructeur. » Renault ayant fait un geste au vu du nombre d’unités commandées et pour saluer cette démarche atypique.

Une action RSE autant qu’un atout pour recruter

Outre la RSE, cette démarche s’inscrit dans une logique de fidélisation du personnel. Jean-Marc Chaubenit utilisait déjà des leviers, comme l’intéressement ou la participation, pour partager les bénéfices de l’entreprise avec ses salariés. « Cette fois, j’ai préféré donner du pouvoir d’achat, en réduisant les dépenses de transport des collaborateurs. Cela constitue un outil de valorisation sans taxe, hormis l’avantage en nature déclaré. »

Une philosophie qui fait écho à l’actualité. Avant même la crise des Gilets jaunes, le patron charentais remarquait autour de lui que le coût du carburant et de l’entretien des automobiles grévait fortement le budget des salariés. Les yeux rivés sur les cours des matières premières nécessaires à sa production, Jean-Marc Chaubenit a senti venir l’orage. « Quand j’ai vu le prix du pétrole augmenter avec le niveau de taxe actuel, que les prix à la pompe dépassaient 1,50 € le litre, je me suis dit que ça allait devenir compliqué de venir au boulot pour certains. On a déjà eu des salariés absents pour cause de panne, par exemple. » Pour se rendre chez ProLoisirs, certains collaborateurs parcourent plus de 80 kilomètres par jour.

Un budget voiture qui pourrait aussi perturber les recrutements à terme. « Un candidat à l’embauche n’a peut-être pas envie de dépenser 300 euros par mois pour financer une voiture qui lui permet d’aller travailler… Il préférera peut-être décliner l’offre et continuer à chercher du travail, mais plus près de chez lui », anticipe Jean-Marc Chaubenit. Et, pour mettre toutes les chances de son côté lors de ses prochains recrutements, le dirigeant de ProLoisirs prévoit déjà d’investir dans l’achat de cinq nouveaux véhicules électriques.

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