Frédéric Coirier (Meti) : "Il faut continuer à baisser les impôts de production"
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Frédéric Coirier (Meti) : "Il faut continuer à baisser les impôts de production"

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Pour Frédéric Coirier, coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti), la réindustrialisation de la France passe par la continuité de la baisse des impôts de production, que le gouvernement pourrait pourtant reporter.

Frédéric Coirier, dirigeant de Poujoulat et coprésident du Meti : "Il y a un vrai sujet de continuité sur la réduction des impôts de production et de tout mécanisme qui permet d’accroître les capacités d’investissement des entreprises si l’on veut se donner les chances d’une réindustrialisation" — Photo : Jean Andre Boutier

Le Meti se préoccupe d’un possible report de la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence qui se sont déroulées il y a quelques jours, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a laissé entrevoir que la disparition de cet impôt de production pourrait être partiellement reportée.

Association défendant les intérêts des 5 500 entreprises de taille intermédiaire françaises, le Meti "met en garde contre tout report des engagements pris en matière de baisse de la fiscalité de production". Pour cette organisation patronale, la baisse des impôts de production, amorcée en 2021 et devant se poursuivre en 2024, constitue "une réforme structurelle de compétitivité majeure". Elle "a contribué à redonner des marges de manœuvre à nos entreprises et à leur dynamique d’investissement", assure Frédéric Coirier, coprésident du Meti et dirigeant de Poujoulat, entreprise basée à Niort spécialiste du conduit de cheminée et de combustibles bois (1 900 salariés, 400 M€ de CA).

Les impôts de production restent très élevés en France

"Il y a un vrai sujet de continuité sur la réduction des impôts de production et de tout mécanisme qui permet d’accroître les capacités d’investissement des entreprises si l’on veut se donner les chances d’une réindustrialisation", plaide-t-il. En 2021, les impôts de production représentaient encore 80 milliards d’euros par an en France, soit deux fois plus que la moyenne européenne et quatre à cinq fois plus qu’en Allemagne. S’il assure que la France a tous les atouts humains, logistiques, géographiques, "il faut que les entreprises se battent à armes égales avec les entreprises européennes".

Au-delà de cet aspect comptable, il met également en avant "l’effet psychologique" de ces mesures.

"Tout ce qui a été fait en termes de baisse des impôts de production a été réinvesti et a contribué à la modernisation des outils de production"

Pour le dirigeant, ce "contexte économique plus favorable au développement des entreprises" aurait encouragé les PME et ETI à investir sur le territoire. Ainsi, la mesure a fourni toutes les preuves de retour sur investissement (ROI) : "En 2021, les investissements des ETI ont ainsi augmenté de 42 %", note-t-il. Autre chiffre qui plaide en la faveur d’un bon ROI, la hausse des créations nettes d’emploi. "De janvier 2021 à juin 2022 les ETI n’en ont jamais créé autant – plus de 50 000". En témoigne également la hausse des recettes des impôts sur les sociétés, qui sont passées entre 2018 et 2022 de 27 à 62 milliards d’euros, ce malgré la baisse du taux de 33 à 25 %. "Tout ce qui a été fait en termes de baisse des impôts de production a été réinvesti et a contribué à la modernisation des outils de production", insiste Frédéric Coirier. Une équation à somme nulle avec "un ROI quasi immédiat pour l’État qui couvre à court terme l’effort budgétaire qu’il a consenti".

Mur d’investissements

Ces allégements des charges des entreprises sont rendus d’autant plus nécessaires qu’elles "entrent dans une phase critique d’investissement massif. Les sujets de transformation digitale et environnementale s’accumulent et déclenchent un mur d’investissements nécessaire pour rester dans le match de la concurrence", au-delà du renouvellement classique de leurs parcs de machines et de l’amélioration de leurs bâtis. "Les objectifs de décarbonation, qui ont été fixés dans des délais très courts, nécessitent des investissements spécifiques presque aussi lourds que les besoins courants des entreprises", ajoute-t-il. Cela correspond peu ou prou à "doubler leurs investissements sur une période très courte" – 26 milliards d’euros d’investissements supplémentaires par an pour 11 000 ETI et PME de croissance, chiffre-t-il – alors que, dans le même temps, "les taux d’intérêt sont plus élevés et le contexte économique moins porteur", constate-t-il. Si, pour sa part, le chef d’entreprise a pris le sujet à bras-le-corps depuis dix ans en installant notamment des chaufferies au bois, il mesure le travail à fournir pour les industriels qui ne sont pas encore investis du sujet et n’ont "pas forcément les marges de manœuvre pour faire ces investissements qui ne sont pas à rentabilité immédiate".

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