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Recrutement : les indemnités chômage en débat
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Recrutement : les indemnités chômage en débat

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De plus en plus de chefs d’entreprise finistériens pointent du doigt le problème d'indemnités chômage trop élevées en France qui empêchent, selon eux, les recrutements alors que la croissance repart. Ils ont pu exposer leurs propositions au Premier ministre Édouard Philippe mi-février, lors de son déplacement à Plomodiern.

— Photo : © Emmanuelle Genoud

La problématique revient sans cesse sur le tapis chez les chefs d’entreprise finistériens : comment recruter et faire infléchir la propension des salariés de certains secteurs à désormais préférer l’intérim à un CDI ? « Il faut revoir les indemnisations », insistait encore en début d'année face à des dirigeants Jean-Charles Le Borgne, président de la Fédération du BTP du Finistère, lors de la présentation des chiffres d'activité bretons par la Banque de France. Face aux bons résultats 2018 et aux belles perspectives 2019, certains patrons, aussi bien du bâtiment que du transport, s’interrogeaient tout haut : « C’est à se demander ce que ça serait si on avait pu recruter selon nos besoins ! ».

Et le problème touche tous les secteurs. « On a du mal à trouver des informaticiens. Le marché brestois est très concurrentiel dans ce domaine et on fait face à une inflation des salaires », note Patrick Carlotti, directeur général de l’éditeur de logiciel AC3 (180 salariés, 24 M€ de CA).

Des propositions concrètes

Le sujet était aussi au centre des préoccupations des quelques patrons invités à Plomodiern à débattre, mi-février, en présence du Premier ministre Édouard Philippe et du président - finistérien - de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, dans le cadre du Grand Débat national.

Parmi les chefs d’entreprise qui ont interpellés le chef du gouvernement, Philippe Gastoud, gérant de l’entreprise Breizelec (80 salariés à Dineault), commence par formuler des propositions sur les thèmes de la formation et de l’emploi. Il souligne notamment sa difficulté à trouver des salariés expérimentés et demande au Premier ministre de pouvoir embaucher un chômeur pendant deux ans et de lui verser un complément de salaire, en plus de ses indemnités chômage qu’il continuerait à toucher pendant cette période. « Cela lui permettrait de se former, de gagner plus et d’acquérir une expérience. Tout cela en baissant les coûts de l’entreprise et en ne coûtant pas plus cher à l’État », défend-il.

Un débat « explosif »

Le Premier ministre choisit d'ouvrir le débat sur de possibles « contreparties » demandées aux chômeurs pour reprendre le chemin de l’emploi. Un débat qu’il sait « explosif », alors même que l’État reprend la main sur la réforme de l’assurance-chômage au lendemain de l’échec des négociations entre syndicats de salariés et organisations patronales. Un échange apprécié par Philippe Gastoud : « Il nous a écoutés et donné l’impression qu’il comprenait de quoi l’on parlait. »

Même son de cloche chez Laurent Simon, responsable de l’Intermarché de Plomodiern. Lui aussi a interpellé Édouard Philippe sur sa difficulté à recruter. « Certains gagnent plus à rester à la maison qu’à venir travailler. Des gens refusent des CDI pour toucher une prime de précarité. On a les bras qui en tombent, expliquait-il pendant le débat. Même si nous sommes conscients qu'il existe des gens en grande difficulté, il faut que les salariés gagnent davantage à travailler et qu’ils aient envie de travailler ». Si les patrons finistériens se sont sentis écoutés, reste à savoir s’ils seront entendus.

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