Finistère
Le Guellec quitte Douarnenez pour se développer
Finistère # Industrie

Le Guellec quitte Douarnenez pour se développer

S'abonner

Le fabricant de tubes métalliques Le Guellec va quitter Douarnenez pour Quimper en 2020. Un investissement de 7 millions d’euros pour un bâtiment neuf qui doit permettre à l’entreprise de voir plus grand.

Le nouveau bâtiment de Le Guellec à Quimper a été conçu par Soft avec l'architecte A3 Argouach — Photo : © A3 Argouach

« C’est vraiment à contrecœur que l’on quitte Douarnenez pour Quimper », soupire François Körner, le président de Le Guellec (70 salariés, 9 M€ de CA). Le fabricant de tubes métalliques de précision par étirage à froid est basé à Douarnenez depuis 1966. « La ville fait partie de notre histoire : la famille Le Guellec a créé l’entreprise à Paris en 1946 mais avait voulu revenir dans sa région d’origine, notamment pour participer au pôle électronique breton », relate l’actuel dirigeant, qui a repris Le Guellec en 2008, avant de devenir actionnaire majoritaire en 2013.

4 ans de recherche

« Nous sommes arrivés au bout de ce que l’on pouvait faire sur notre terrain actuel. Nous fonctionnons déjà avec des bouts de bâtiments achetés au fur et à mesure. Cela fait 4 ans que la réflexion a été entamée ! », indique François Körner. L’entreprise est en effet enclavée dans la zone de Pouldavid. « À mon arrivée en 1996, nous l’étions déjà. Nous avions, en 1998, racheté un bâtiment qui nous avait permis de doubler notre surface. » Mais l’usine n’est, de toute façon, plus adaptée : « le process ne pouvait pas être optimisé dans des bâtiments d’âges différents ». Le patron a donc recherché du côté de la zone de Lannugat. « Je suis allé voir Douarnenez Communauté. Ils ont proposé des choses, mais rien de probant n’est sorti. Il y avait notamment une ancienne usine, mais il aurait fallu tout raser pour reconstruire. Je veux bien faire des efforts pour rester à Douarnenez, mais si le projet doit être moins bien, coûter plus cher et être plus long à aboutir, ce n’est économiquement pas possible ! », regrette le président.

Le choix de la raison

Photo : © Isabelle Jaffré

Avec peu de clients dans l’Ouest et 45 à 50 % de son chiffre d’affaires à l’export, Le Guellec n’a qu’une seule bonne raison de rester dans le Finistère : « le savoir-faire. Ce sont nos salariés qui l’ont. Dans notre secteur de niche, c’est notre plus-value ! », martèle le président, qui s’est mis en quête d’un terrain dans le Sud-Finistère.

Désormais, c’est donc à Quimper que l’histoire de Le Guellec va s’écrire. « C’est le choix de la raison à défaut d’être celui du cœur. Nous allons investir environ 7 M€ pour un nouveau bâtiment, zone de Kernévez, à l’Ouest de Quimper sur l’ancien site de Girex, qui est en friche », annonce François Körner. La nouvelle usine, construite par le contractant général brestois Soft, s’étalera sur 7 000 m² dont 1 000 m² de bureaux sur un terrain de 2,5 hectares. La livraison est prévue le 31 juillet 2020. « C’est impératif : nous devons absolument déménager pendant l’été pour ne pas trop perturber la production », explique le dirigeant, qui tient à préciser : « Nous n’avons eu aucune aide, contrairement à ce que certains pourraient croire. Nous avons simplement eu des conditions favorables pour racheter le terrain, l’ancien propriétaire étant en liquidation. »

Cintrage et innovation

Une fois dans ces nouveaux locaux, Le Guellec va pouvoir penser sérieusement à son développement. « L’année dernière a été stable. Nous allons viser une croissance de 2 à 5 % par an, chiffre le président. L’entreprise a fait appel à un cabinet spécialisé pour une remise à plat de son process industriel. « Nous allons aussi améliorer les conditions de travail des salariés. Et chose non négligeable, nous allons enfin ressembler à ce que nous faisons : un travail de précision pour des industries de pointe comme l’aéronautique », souligne François Körner. Le nouveau bâtiment moderne sera ainsi un atout lors des visites des clients de Le Guellec.

L’entreprise mise aussi sur une nouvelle activité, également de niche : le cintrage des tubes. « Nous avons racheté la petite société (3 salariés) normande avec qui nous travaillions. Le patron partait à la retraite et pensait arrêter l’activité. J’ai pris mon téléphone tout de suite ! », se souvient François Körner. L’ancien artisan s’est pris au jeu et est même rester un an et demi à Douarnenez pour transmettre son savoir-faire, qui devient l’un des axes de développement de Le Guellec.

« Un deuxième axe que nous allons développer est l’innovation », ajoute le dirigeant. La PME est actionnaire de la start-up Turbotech (10 salariés) depuis ses débuts. Celle-ci a levé plus de 6 M€ pour développer sa gamme de turbomoteurs pour l’aviation légère intégrant un échangeur thermique pour récupérer l’énergie des gaz d’échappement de la turbine, d’où l’implication de Le Guellec pour les tuyaux des échangeurs, aux côtés de Safran et Go Capital. « 3 403 tubes soit 2 km pour un échangeur exactement, précise François Körner, enthousiaste. Leur invention est très prometteuse. Ils ont une lettre d’intention pour 1 500 turbines et des perspectives grâce au développement de l’aviation légère. » Des essais du prototype sont d’ailleurs prévus début 2020.

Finistère # Industrie