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Hop! Training : "La reprise d'Icare va permettre d'écrire une autre page de son histoire"
Interview Finistère # Aéronautique # Investissement

Philippe Goetz directeur général de Hop ! Training et co-repreneur de l’entreprise "La reprise d'Icare va permettre d'écrire une autre page de son histoire"

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Fin mars, Gilles Bréchet et Philippe Goetz, avec Priscus Finance, reprendront le centre de formation de pilotes Hop ! Training. Les nouveaux dirigeants conserveront le nom de l’entreprise à sa création par Brit Air en 1991, Icare, avec l’ambition d’aller encore plus loin grâce à un investissement de 8 millions d’euros. Philippe Goetz, révèle les détails du projet.

Raphaël Schmidt de Priscus Finance, Philippe Goetz, directeur de Hop ! Training et Gilles Bréchet, dirigeant de Greenfield Business Resources vont reprendre officiellement le centre de formation des pilotes Icare fin mars 2022 — Photo : Isabelle Jaffré

Pourquoi reprenez-vous le centre de formation Hop ! Training à Morlaix ?

À l’été 2020, Air France a annoncé le retrait de sa filiale Hop ! de l’aéroport de Morlaix. Cela concernait aussi le centre de formation de pilotes Hop ! Training, que je dirige depuis 2017. L’entreprise possède deux simulateurs de vols pour des avions CRJ. Depuis cette annonce, il s’agissait de trouver une alternative afin de pérenniser l’activité.

Comment avez-vous trouvé vos associés pour cette reprise ?

J’ai été mis en relation avec Raphaël Schmidt de Priscus Finance via la Région. C’est lui qui a contacté Gilles Bréchet, dirigeant de Greenfield Business Resources. Ce dernier fait du conseil aux entreprises mais a une expérience dans l’aéronautique puisqu’il a passé 12 ans chez l’entreprise Safran. Nous avons commencé à travailler sur le projet en octobre 2020. Pendant ces 18 mois de travail, nous avons construit un relationnel fort. Piscus Finance nous apporte son savoir-faire en termes d’ingénierie financière et de relations avec les banques et les collectivités.

Le projet a-t-il été simple à mettre en place ?

Nous avons eu le soutien des collectivités comme la Région, Morlaix Communauté. Mais nous n’avons pas forcément réussi à aller aussi vite qu’on l’espérait. Nous souhaitions faire coïncider la reprise avec le plan de départs volontaires ouvert en 2021. L’idée était de donner le choix aux 38 salariés de l’époque entre s’inscrire dans la reprise ou partir dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi. Plusieurs facteurs ont joué dans le rallongement de projet comme la crise sanitaire. Nous devions vérifier que notre business plan n’était pas affecté.

Aujourd’hui, comment l’entreprise fonctionne-t-elle ?

Il n’y aura pas d’interruption dans les formations. Le centre de formation emploie 23 personnes dont 17 salariés qui sont restés. Comme il fallait des gens pour faire tourner le centre, nous avons embauché des CDD en attendant de pouvoir les prendre en CDI une fois la reprise effective vers fin mars.

Quels sont les termes de la reprise ?

Ils ont été approuvés début janvier par Air France. La compagnie nous cède les actions de Hop ! Training. Gilles Bréchet sera majoritaire au capital, Priscus Finance a une part très minoritaire et intervient en tant qu’actionnaire dormant. La holding créée s’appelle Greenfield Aviation Services mais la marque commerciale restera Icare. Celle-ci est connue et reconnue mondialement et nous souhaitons conserver cet avantage. Nous nous inscrivons dans une histoire. Le centre de formation a été créé en 1991 par la compagnie Brit Air et possède un savoir-faire et des équipes incroyables. Il s’agit d’un retour en avant. L’ambition est d’aller plus loin encore. La reprise va permettre d’écrire une nouvelle page de la déjà longue histoire d’Icare.

C’est-à-dire ?

Nous allons investir huit millions d’euros. Actuellement, nous opérons deux simulateurs de CRJ dans un hall. Nous allons récupérer un hangar de maintenance de Hop ! pour le transformer en hall. Il accueillera un troisième simulateur, cette fois d’Airbus A 320. Nous sommes en phase de sélection du fournisseur. L’arrivée de ce simulateur est prévue à l’été 2023.

Icare va opérer deux simulateurs d’avions CRJ et investit pour un troisième simulateur, d’airbus A 320, cette fois — Photo : Isabelle Jaffré

Pourquoi ce choix de l’A 320 ?

C’est l’avion le plus vendu dans le monde. L’idée est d’élargir notre clientèle et de lui proposer davantage de choix de formation. Il y a aujourd’hui besoin de former beaucoup de pilotes pour faire voler tous ces avions qui sont soit déjà en service soit en commande. Cela coïncide aussi avec la reprise du trafic aérien avec la crise sanitaire. Déjà au temps de Hop !, les pilotes "maison" ne représentaient que 50 % de notre clientèle. Notre zone de chalandise est le monde entier sauf l’Amérique du Nord. Nous avons des pilotes qui viennent de toute l’Europe, de Russie, d’Afrique, du Moyen-Orient et même d’Amérique du Sud.

Quel est votre objectif de chiffre d’affaires ?

Lors des années de référence pour Hop ! Training, avant la crise, nous réalisions 5 à 6 millions d’euros de chiffre d’affaires. Celui-ci a chuté de 50 % avec le Covid. La moins bonne année a été 2021, car les contraintes sanitaires ont été plus fortes pour nous. Nous recevons des pilotes du monde entier et une quarantaine était imposée pour les pilotes arrivant d’en dehors de la zone Shengen.

Nous espérons retrouver l’équilibre pour fin 2023 ou 2024, lorsque nous aurons atteint un régime de croisière avec le troisième simulateur. Ensuite, nous voulons générer suffisamment de résultat pour avoir la capacité d’investir au-delà de trois simulateurs. La priorité est de retrouver au plus vite un chiffre d’affaires entre 5 et 6 millions d’euros. Ensuite, je pense que l’on pourra aller au-delà.

Comment comptez-vous faire ?

Avec le simulateur d’A 320, nous allons monter en compétences. Nous avons également d’autres pistes de développement comme accueillir des simulateurs de partenaires auquel nous louerions nos halls pour qu’ils y installent leur propre simulateur. Nous avons aussi des contacts pour des formations dans l’aviation d’affaires. Nous allons procéder étape par étape. Ce sont des investissements lourds : un simulateur coûte plusieurs millions.

Quel rôle les collectivités ont-elles eu dans le projet ?

Sans leur appui, la reprise n’aurait pas pu aboutir. La Région Bretagne va nous apporter une garantie sur l’emprunt auprès des banques autour de 50 %. C’est la communauté de communes de Morlaix qui rachète le site de Hop ! et qui va nous louer les halls. Ils vont également contribuer aux travaux de mises aux normes des hangars, ce qui nous permet d’alléger l’investissement de départ.

D’autres projets sont en cours pour sauver l’aéroport de Morlaix. Cet écosystème est-il important pour votre reprise ?

Nous avons des liens avec les autres projets via des réunions avec la préfecture et sous-préfecture notamment. Le maître mot est de dire que chaque projet doit bâtir son business plan de façon indépendante. Mais si des synergies peuvent se créer, nous irons dans le bon sens. L’autre projet important, c’est la compagnie aérienne Céleste qui a vocation à s’installer à Morlaix. Nous discutons bien entendu de leur besoin de formation. Des projets de maintenance sont également dans les tuyaux. Un écosystème fort ne peut être que bénéfique pour dynamiser le site.

Morlaix possède des atouts par rapport à de gros hubs aériens comme Paris ou Berlin. Même s’il est plus long d’arriver jusqu’ici, une fois sur place, tout est à cinq minutes à pied : hôtels, restaurants. Notre but est aussi de contribuer à l’économie morlaisienne.

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