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B&B Hotels parie sur l'avenir en levant 180 millions d'euros
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B&B Hotels parie sur l'avenir en levant 180 millions d'euros

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Malgré la pandémie qui ralentit le marché hôtelier et afin de préparer la reprise, le groupe breton B & B Hotels vient de lever 180 millions d’euros. Dans le même temps, il a acquis plusieurs hôtels, notamment en Allemagne.

Fabrice Collet, président du groupe brestois B & B Hotels croit en un retour d’activité pour fin 2021 — Photo : B&B Hotels

Pour B & B Hôtels, l’année 2020 aurait dû être une année de croissance. Au lieu de cela, le groupe brestois a perdu près de 50 % de son chiffre d’affaires, passant d’environ 500 millions d’euros en 2019 à 300 millions en 2020. "Nous misions plutôt sur 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, regrette Fabrice Collet le président du groupe depuis 2018, . La crise sanitaire nous a aussi coûté 100 millions d’euros de trésorerie". Un coup dur amenuisé par un prêt garanti par l’État (PGE) de 90 millions d’euros. "Ce prêt a été salutaire. Le rôle de l’État a été formidable et déterminant pour la suite", reconnaît le dirigeant qui a aussi négocié les loyers des bâtiments des hôtels. "95 % des propriétaires ont accepté de nous accorder des loyers gratuits contre une prolongation des baux. C’est une véritable marque de confiance."

Car le groupe n’est pas du genre à se recroqueviller. Et au-delà de l’aide de l’État, B & B Hôtels a pu bénéficier du soutien de ses actionnaires et banquiers qui lui ont permis de lever 180 millions d’euros en mars dernier. Objectif : sécuriser sa situation financière et poursuivre ses ambitions de développement à l’international. Cette levée de fonds se compose de 100 millions d’euros de dette bancaire et 80 millions d’euros d’augmentation de capital. Cette somme va notamment permettre au groupe de poursuivre ses acquisitions et la construction de nouveaux hôtels dans les 5 à 10 années à venir. "Nos investisseurs et nos actionnaires - en particulier notre actionnaire principal Goldman Sachs - ont tout de suite répondu présents lorsque nous les avons sollicités pour effectuer cette levée de fonds. Cela montre bien que l’hôtellerie reste un secteur qui a de beaux jours devant lui, bien qu’il soit fortement impacté par la crise sanitaire", insiste Fabrice Collet.

Rachat de LetoMotel

Car si la situation sanitaire a porté un coup de frein à l’activité hôtelière partout dans le monde, B & B Hôtels cherche déjà à préparer la reprise. En France, le revenu par chambre disponible a, par exemple, chuté de 61,3 %, en Allemagne, de 63,8 % (source : MKG_destination). Pas de quoi arrêter B & B Hôtels. Le groupe vient d’acquérir en Allemagne la chaîne LetoMotel et a repris, depuis le 1er mars 2021, l’exploitation des quatre hôtels de la chaîne sous les noms de B & B Hotel München-Moosach, B & B Hotel München-Trudering, B & B Hotel München-Olympiapark et B & B Hotel Nürnberg City-Süd. Le futur B & B Hotel Augsburg-West est actuellement en construction et devrait ouvrir en juin 2021. Avec cette acquisition, le groupe compte désormais 142 hôtels dans 91 villes allemandes. Il se rapproche de son objectif d’étendre son réseau à 300 hôtels en Allemagne d’ici 2030.

Au total, une soixantaine d’ouvertures sont prévues cette année dans le monde. Le groupe, né en 1990 avec l’ouverture de deux hôtels à Brest et Saint-Malo par l’entrepreneur brestois François Branellec, a depuis 2019 pour actionnaire principal la banque d’affaires américaine Goldman Sachs qui l’a racheté au fonds PAI Partners. Il est présent dans 12 pays, de la France à la Slovénie en passant par le Brésil et la République tchèque avec près de 550 hôtels. Et bientôt 14 de plus, avec des projets en 2021 en Hongrie et aux Pays bas.

Chercher la croissance

"Nous regardons aussi du côté du Danemark. Avec le Covid, les cartes ont été rebattues et des opportunités qui n’existaient pas avant se sont créées", constate Fabrice Collet, qui donne un exemple. Depuis deux ans, B & B Hôtels était intéressé par un hôtel à Saint-Jean-de-Luz, mais les propriétaires ne voyaient pas d’urgence à vendre. Mais avec la crise, leur vision a changé et B & B Hôtels a racheté l’établissement.

Pour asseoir sa notoriété, le groupe brestois a soif de croissance. C’est même son ADN. À partir de 2003, B & B Hotels est devenu un groupe d’envergure internationale en à peine quinze ans. Le groupe a vu le nombre de ses hôtels quadrupler, pour arriver à un total de 424, dont 262 en France et affichait en 2016 un volume d’affaires de 424 millions d’euros en 2016 (+15 % par rapport à 2015).

" Cette entreprise a un projet "

En 2020, les quelque 550 hôtels de la chaîne auraient dû accueillir 20 millions de visiteurs. "Nous avons fait dix millions. Ce qui est mieux que prévu et que nos concurrents. Si nous avions fait comme eux, nous aurions seulement accueilli 8 millions de personnes", estime le président. Car pendant la crise, B & B a continué à travailler. "S’il y avait un point positif à retenir de cette crise, c’est que cette entreprise a un projet, qu’elle porte avec ses valeurs, ses traditions, sa petite histoire bretonne", assure Fabrice Collet, qui rappelle au passage que le siège est brestois (150 salariés) et le restera.

"Nous avons été les premiers à fermer les hôtels : un moment dur pour nos hôteliers et salariés. Mais nous avons été les premiers à les rouvrir dans de bonnes conditions sanitaires", constate le dirigeant. Dès avril 2020, la chaîne annonçait travailler sur une certification par un organisme extérieur. "Pas un simple label pour l’affichage mais bien une certification contraignante !" Mi-juin 2020, 288 hôtels français, deux belges et quatre suisses du réseau étaient certifiés par le cabinet Socotec. " Nous avons ainsi pu accueillir les salariés des PME et TPE. Ces entreprises qui ne pouvaient pas se permettre de ne pas travailler et c’est un grand honneur ", souligne Fabrice Collet. Le dirigeant est également fier de ses équipes supports qui ont, par exemple, livré une nouvelle plateforme numérique dans les temps malgré le télétravail avec parfois des enfants à gérer.

Mieux finir 2021

L’autre satisfaction pour le groupe a été de se sortir de cette année 2020 sans plan de restructuration. "Nous avons préparé l’avenir plutôt que de rentrer chez nous", sourit le président. Celui-ci nourrit un espoir : "que 2021 finisse comme 2020 avait commencé, confie-t-il. Nous avions fait une croissance phénoménale sur les premiers mois de 2020." Une croissance à retrouver donc mais qui ne dépend pas uniquement du groupe. "Je pense vraiment qu’une fois la crise sanitaire derrière nous, les gens vont vouloir recommencer à voyager et qu’il y aura un retour spectaculaire d’activité !", positive le dirigeant.

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