Hervé Biche, troisième génération à la tête de Sodimac, le spécialiste des remorques et des épandeurs, n’est pas prêt à abandonner l’esprit d’initiative dont a fait preuve son grand-père lorsqu’il a créé, en 1947, l’entreprise. Avec le directeur opérationnel de l’entreprise, son beau-frère Xavier Trotel, le PDG a lancé le plan Agri 2025, pour continuer de développer la société.
Les bénéfices de ce plan d’actions ne manquent pas de se voir sur le site historique de Sodimac, à Saint-Pôtan. Une grue, des bâches et des poutrelles témoignent des travaux menés pour déposer 7 000 m² de toiture sur les 24 000 m² de l’entreprise qui s’étalent sur plusieurs bâtiments. Un ouvrage qui n’entame pas démesurément les finances du constructeur de machines agricoles puisqu’il possède le matériel, la matière première et les compétences nécessaires. Car depuis 1957, Sodimac s’était diversifié dans les charpentes métalliques. En 2021, cette activité a pris fin.
110 concessionnaires et agents
"Cette activité était très concurrentielle et mener deux métiers était un peu compliqué", explique Hervé Biche. "Nous avons décidé de nous recentrer sur l’élaboration et la construction des remorques et épandeurs, activité pour laquelle nous avons récupéré les 12 000 m² consacrés aux constructions métalliques." Et cette surface imposante ne sera pas de trop pour absorber la croissance de l’activité sur le métier historique de Sodimac. "Notre croissance est très forte, nous récoltons les fruits de notre présence commerciale sur le terrain depuis 2016", savoure Xavier Trotel. Le chiffre d’affaires 2021 en témoigne. Il est stable, à 15,2 millions d’euros, la progression de l’activité agricole ayant compensé l’arrêt de celle des constructions métalliques.
Cette équipe commerciale, pourtant réduite (cinq personnes), apporte un support commercial et technique, et anime un réseau de 110 concessionnaires et agents, situés principalement dans le "croissant laitier" (Ouest, Nord, une partie de l’Est et du Massif Central), mais aussi depuis quelques années dans le Sud ouest et le centre. "Le travail est fait, nous avons une belle pénétration de marché mais la marge de progression est encore très importante", souligne Hervé Biche et Xavier Trotel. Les 84 modèles de remorques et d’épandeurs conçus grâce à un bureau d’études intégré et fabriqués par Sodimac, bénéficient d’une image de fiabilité gagnée au fil des années. "Le marché de l’occasion ne trompe pas : nos produits sont recherchés et se revendent très bien", assure Xavier Trotel.
Quatre millions d’euros d’investissement
Pour absorber cette augmentation des ventes, qu’Hervé Biche évalue à 25 % d’ici à 2023, le plan Agri 2025 prévoit des investissements dans l’outil de production. Deux millions d’euros vont ainsi être consacrés à l’achat d’une plieuse numérique, d’un robot de soudure et d’une découpe laser. Un effort financier qui devrait bénéficier du plan France Relance. Le progiciel de gestion de l’entreprise (ERP) a été changé pour un coût d’un million d’euros. Un autre million est dépensé dans le cadre des travaux de toiture, qui ont été accompagnés d’améliorations sur l’isolation des bâtiments et la consommation énergétique.
Ces investissements seront accompagnés par une industrialisation plus poussée de la production, sans que la fabrication avec option, qui permet de s’adapter aux demandes spécifiques des clients finaux, ne soit abandonnée. "Les machines agricoles sont de plus en plus techniques, notamment avec la présence de l’électronique", soulignent les deux dirigeants. Les nouveaux modèles élaborés par l’entreprise pôtanaise bénéficient de ces technologies, comme le dernier sorti, l’épandeur Rafale Performeur. Après deux ans de mise au point et d’essais, il a été commercialisé en 2021 et bénéficie d’une table d’épandage permettant une utilisation de produits différents et une répartition de l’épandage mesurée et maîtrisée. Sodimac s’attache également à soigner le look de ses produits, avec leur couleur orange historique et ses capots et garde-boue. L’électronique, suivant un cahier des charges très précis, le train roulant et les essieux des véhicules sont sous-traités.
D’autres produits sont à l’essai et devraient sortir cette année et en 2023. Quels sont-ils ? Les deux hommes garderont le mystère mais une diversification vers des machines utilisables dans les travaux publics ou même par des particuliers est murmurée. Elles viendront encore soutenir une activité en perpétuel besoin de main-d’œuvre. "Nous avons recruté une dizaine de CDI en 2021, on en fera autant en 2022 et on s’est ouvert à l’alternance en 2020 mais on pourrait faire plus et l’activité est freinée par manque de candidats", regrettent les deux Costarmoricains. Il n’empêche, alors que 400 machines sont sorties en 2021 de l’usine de Saint-Pôtan, 500 devraient y être produits en 2023.
