Pythagore, concepteur et fabricant de plans de travail de cuisine en matière minérale, surfe sur une vague qui n’en finit plus de s’étendre. Affichant une hausse annuelle moyenne de chiffre d’affaires de 10 % depuis dix ans, l’entreprise a même connu une croissance de 40 % en 2021, exercice qu’elle a clos à 9 millions d’euros. Basée dans les Côtes-d’Armor, à Bon-Repos-sur-Blavet, la PME de 70 salariés bénéficie de l’engouement pour les cuisines des particuliers bretons et, plus largement, du grand quart nord ouest de la France, qui constitue son terrain de jeu. Ses clients sont des cuisinistes, agenceurs, architectes mais aussi, depuis trois ans, des acteurs de la promotion immobilière. "Cette activité de gros dossiers, de 100 cuisines par exemple, représente aujourd’hui 10 % de notre activité et va encore se développer", explique Nicolas Perrine, qui a racheté l’entreprise il y a huit ans.
Dans le cadre de ce nouveau marché des résidences, appart-hôtels, etc., Pythagore intervient dans toute la France et bénéficie de la volonté des promoteurs d’équiper leurs cuisines de matériaux plus solides que le bois, à la durée d’amortissement plus importante. L’entreprise costarmoricaine, qui intervient également dans une moindre mesure dans les salles de bains, fabrique des plans de travail en marbre, granit, céramique, quartz, pierres reconstituées… qui viennent notamment du Brésil, d’Inde, de Norvège et du Zimbabwe.
Une extension de deux millions d’euros
Cette croissance entraîne naturellement une évolution de l’outil de production de la société. Déjà agrandis de 1 500 m² en 2020, les locaux dédiés à la fabrication vont cette fois quasi-doubler de volume, passant de 3 700 m² à 6 700 m². L'investissement se monte à deux millions d’euros. Côté machines, l’enveloppe n’est pas encore déterminée mais elle devrait se situer entre 1 et 3 millions d’euros, avec au moins trois nouvelles unités de découpe. "Nous allons automatiser notre process, qui reste artisanal, en limitant les manipulations des produits", explique le chef d’entreprise. L’effort financier servira également à la mise en place d’outils de digitalisation, qui permettront notamment d’équiper d’un code-barres chaque matière première qui entre dans l’entreprise, afin de la suivre dans le flux de production. La digitalisation permettra également de fluidifier le process en permettant une meilleure communication entre le bureau d’études et l’atelier. Le travail de calepinage (décoration) pourra, par exemple, être préparé en amont et évitera une perte de rythme dans la production. Le nouvel outil devrait être opérationnel au premier semestre 2023.
80 collaborateurs à la fin de l’année
Ce travail de digitalisation et d’automatisation n’aurait pu être mis en place sans haut débit internet. Pythagore revient de loin dans ce domaine puisqu’en voulant mettre en place un nouveau progiciel de gestion intégré (ERP) en mode Saas, il y a trois ans, la PME s’est aperçue que ses débits étaient bien insuffisants. Après un an de recherche, la solution est venue de la société finistérienne Xankom, qui a développé un système de haut-débit hertzien, soutenu par la Communauté de communes du Kreiz-Breizh (CCKB).
Jusqu’où va aller l’entreprise costarmoricaine, qui lorgne déjà les terrains alentour pour se développer encore au besoin ? "Il y a un vrai engouement sur la cuisine et les gros acteurs européens investissent massivement dans leurs capacités de production", observe Nicolas Perrine. "Nous sommes soutenus par la CCKB et la Région Bretagne, qui savent que nous sommes passés de 22 salariés il y a huit ans à 70 aujourd’hui." D’ici la fin de l’année, les effectifs se porteront à 80 collaborateurs. "L’aventure industrielle est intéressante et nous apprécions de faire monter en compétences beaucoup de salariés mais la réalité est que nous restons une entreprise familiale, loin des acteurs européens qui affichent 200 millions d’euros de chiffre d’affaires."
