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Kasinos de Bretagne ouvre un complexe novateur à Perros-Guirec
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Kasinos de Bretagne ouvre un complexe novateur à Perros-Guirec

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Après plus de deux ans de travaux, le Grand Hôtel, à Perros-Guirec dans les Côtes-d’Armor, rouvre ses portes. Porté par Kasinos de Bretagne (qui comprend six des quatorze établissements bretons), il comprend un casino, un restaurant et un bar, ouverts depuis janvier, un hôtel de 57 chambres, un spa et un bar en terrasse. Quinze millions d’euros de travaux auront été nécessaires.

Hugo Corbillé, président de Kasinos de Bretagne, savoure la vue du cinquième étage du Grand Hôtel — Photo : Matthieu Leman

C’est un endroit unique en Bretagne. Le Grand Hôtel de Perros-Guirec, dans le quartier de Trestraou, cumule les activités de casino, hôtel, restaurant, bar et spa. Le bâtiment qui accueille tous ces services a ouvert en deux temps, d’abord en janvier pour la partie casino, restaurant et bar, puis début avril pour la partie hôtel, spa et bar rooftop. Derrière ce projet à quinze millions d’euros, figure la marque du leader des jeux de casino en Bretagne, qui possède six des quatorze établissements présents dans la région : Kasinos de Bretagne.

La holding, baptisée Holding Bretonne des casinos et présidée par Hugo Corbillé, possédait déjà un casino dans la cité balnéaire, qu’elle avait racheté au groupe Barrière en 2016. "Le lieu n’était pas optimal. Dès le début, nous avions le projet de le délocaliser car nous ne pouvions pas y développer d’activités annexes", explique le chef d’entreprise.

La salle de jeux du Casino de Perros-Guirec, comptera à terme 100 machines à sous — Photo : Matthieu Leman

En 2017, le Grand Hôtel, situé non loin de là sur la digue de la station costarmoricaine, ferme ses portes. Des groupes hôteliers s’y intéressent mais renoncent. En effet, le vénérable édifice date de 1896 et les derniers grands travaux dont il a pu bénéficier remontent alors aux années 1970, si bien que le bâtiment n’est plus aux normes correspondant à un complexe purement hôtelier. "Le coût pour un modèle seulement hôtelier rendait compliqué un rachat pour les hôteliers. Mais pour nous, avec l’activité casino en plus, ça passait", se souvient le dirigeant de la holding basée à Fréhel.

La façade conservée

Le groupe, qui sortait de deux créations dans le Morbihan, avec les casinos de Larmor-Plage en 2013 (17 millions d’euros d’investissement) et de Vannes en 2015 (quinze millions d’euros), rachète donc, en 2018 le Grand hôtel pour 3,5 millions d’euros. Les travaux sont étudiés, budgétés, tenant compte notamment de faiblesses structurelles découvertes pendant le curage réalisé pour opérer un état des lieux précis de la situation en mars 2019. Kasinos de Bretagne décide de tout détruire sauf la façade nord de l’édifice et les deux pignons, à la demande des Bâtiments de France et à la satisfaction des Perrosiens, attachés à la silhouette familière de l’emblématique hôtel.

Les chambres panoramiques sont les plus spectaculaires du complexe du Grand Hôtel — Photo : DR

La démolition commence en septembre 2019. Les travaux dureront plus de deux ans, jusqu’en ce mois d’avril 2022, et auront coûté quinze millions d’euros. Une soixantaine d’entreprises, "à 90 % bretonnes et principalement costarmoricaines", auront œuvré à sa renaissance lors du chantier qui s’étalait sur 4 600 m² et cinq étages reconstruits. Les entreprises locales ont aussi été sollicitées pour les achats d’équipements. Les machines à sous, dont le prix moyen se monte à 28 000 euros, seront à terme au nombre de 100, soit quinze de plus que dans l’ancien établissement. Le nouveau lieu comptera un peu plus de 80 équivalents temps pleins.

6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires attendu

Pour rentabiliser l’investissement, le groupe compte essentiellement sur l’activité casino, dont la rentabilité se situe entre "8 et 10 %", selon Hugo Corbillé. "Le complexe devrait générer un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros", explique le président. Les jeux (machines à sous mais également les black jacks et roulettes, en électronique et en traditionnel) devraient y participer à hauteur de quatre millions d’euros. Pour arriver à cette somme, il faut prendre le produit brut des jeux (les sommes perdues par les joueurs) et le diviser par deux, soit le niveau annoncé par Hugo Corbillé des taxes de l’État et prélèvements communaux. Le restaurant de 80 couverts et le bar du rez-de-chaussée ne pèseront que "7 à 8 % de l’activité. Ce sont des services clients, un moyen de démystifier l’entrée dans un casino", confie le chef d’entreprise.

Le complexe du Grand Hôtel de Perros-Guirec comprend également un restaurant — Photo : DR

L’hôtel de 57 chambres, qui arbore un look années 30 - comme l’ensemble du complexe - devrait quant à lui obtenir ses quatre étoiles. "Nous répondons aux critères", révèle le Costarmoricain. "Pour cette activité, le marché est là, l’hôtel fonctionnait avant sa fermeture." Le chantier des Thermes marins, qui a lieu juste à côté du Grand Hôtel, et qui comprendra 90 chambres ayant l’ambition d’afficher également quatre étoiles, ne l’inquiète pas et le renforce même dans sa confiance. Les prix varient de 129 à 499 euros, avec une amplitude suivant les saisons de l’ordre de 30 à 40 %, suivant les catégories de chambres (elles sont dix). Outre ces 57 chambres, dont 43 ayant vue sur mer, la partie hôtelière du complexe, dirigée par Anne-Marie Nicol (auparavant au Grand Hôtel des Bains, à Locquirec) compte également un spa spectaculaire, bénéficiant de la meilleure vue sur mer, du cinquième étage. "Il est équipé d’une douche à neige, d’un jacuzzi, d’un sauna et d’un hammam", décline Hugo Corbillé. "Nous avons sacrifié trois chambres pour le placer là mais c’est un lieu unique, qui sera la signature du Grand Hôtel." La même réflexion a présidé au positionnement à ce même étage de la salle des petits-déjeuners, qui se transforme en bar en terrasse ou rooftop à partir de l’après-midi.

La rentabilité de l’hôtel sera assurée à partir d’un taux de remplissage annuel de 64 %. Les principales clientèles visées sont les Parisiens, grâce notamment au TGV, ainsi que les Bretons, en espérant capter le marché en croissance des courts séjours.

Larmor-Plage, plus gros casino du groupe

Kasinos de Bretagne regroupe six casinos, trois dans les Côtes-d’Armor et trois dans le Morbihan. Ces établissements de jeux cumulaient 50,4 millions d’euros de produits bruts des jeux sur l’exercice clôt le 31 octobre 2019, dernier à être pertinent pour une profession qui a dû fermer ses portes de nombreux mois pendant la crise sanitaire. Les deux établissements les plus importants sont les deux derniers créés : soit Larmor-Plage (13,4 millions d’euros de produits bruts des jeux) et Vannes (12 millions d’euros), devant Saint-Quay-Portrieux (9,3 millions d’euros), Perros-Guirec (6,7 millions d’euros sur l’ancien emplacement), Fréhel (5 millions d’euros) et Quiberon (4 millions d’euros). Le groupe compte au total 300 salariés. Il s’appuie notamment sur l’événementiel pour attirer et renouveler l’intérêt et l’envie de jouer de ses clients, dont le profil serait plus hétéroclite que le retraité des après-midi de semaine. Hétéroclite également est la situation des différents établissements réunis sous la marque Kasinos. Si le Grand Hôtel de Perros-Guirec appartient, via une SCI, aux actionnaires de la holding, comme ceux de Fréhel et Quiberon, les établissements de Larmor-Plage et Vannes sont occupés via d’un bail emphytéotique de 20 ans, tandis que celui Saint-Quay-Portrieux appartient pour moitié à la commune et au groupe.

Le Grand Hôtel a conservé sa façade nord — Photo : Matthieu Leman

Après une digestion rendue nécessaire par l’investissement conséquent, Kasinos de Bretagne va-t-il poursuivre sa croissance externe ? "À la fin des travaux de l’établissement de Vannes, nous n’avions pas l’idée de grandir et le groupe Barrière nous a appelés pour Perros…", se souvient Hugo Corbillé. "Ce qui est vrai aujourd’hui n’est pas vrai demain… Nous ne sommes pas en recherche mais les occasions s’étudient."

Une campagne d’affichage de promotion du Grand Hôtel s’est déroulée au mois de mars dans des stations de métro parisiennes — Photo : DR
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