Bordeaux
Paul-Henri Belin : « Une régulation du prix du foncier serait bénéfique pour Bordeaux »
Interview Bordeaux # Immobilier

Paul-Henri Belin directeur général de Belin Promotion Paul-Henri Belin : « Une régulation du prix du foncier serait bénéfique pour Bordeaux »

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La PME familiale Belin Promotion (40 salariés, entre 50 et 60 millions de chiffre d'affaires chaque année) vient de lancer les travaux du programme immobilier "Palais Gallien Fondaudège". Un projet emblématique pour l'entreprise toulousaine qui se dit à l'affût de nouveaux projets sur un marché immobilier bordelais tendu.

Photo : Belin Promotion

Le Journal des Entreprises : Vous venez de procéder à la pose de la première pierre du vaste programme "Palais Gallien Fondaudège". Vous allez notamment construire 94 logements. C'est l'un des projets immobiliers phares de la ville, du fait de son emplacement et de son prix (6 500 euros/m2)...

Paul-Henri Belin : Ce projet nous tient à cœur car il est emblématique. Nous avons participé à un concours avec un trio d'architectes Luc Arsène-Henry, Alain Triaud et Juliette Faugère. Le programme comprend les logements mais aussi un parking de trois niveaux de sous-sol et la réhabilitation de l'ancienne usine d'embouteillage pour que s'y installent l’accélérateur de start-up Héméra et un magasin Carrefour Market.

Ça a plu à Marie Brizard, nous avons remporté le concours fin 2015. C'est un projet contraint car situé dans un cadre très urbain, en plein centre-ville, cela touche à la rénovation d’un quartier historique. Et il faut ajouter à cela les travaux du tramway en cours (la ligne D s'arrêtera au pied de ce nouvel ensemble, N.D.L.R.). Cela crée forcément des petites tensions mais on a trouvé un bon modus operandi avec chacun. Ce programme nous passionne tellement que nous avons décidé de rester propriétaires de la halle qui abritera Héméra. C’est notre côté, « on est Bordelais ».

Étonnant pour une entreprise toulousaine ! Pourquoi avez-vous décidé de vous développer dans la métropole bordelaise ?

P.-H. B. : Ah la fameuse rivalité entre Bordeaux et Toulouse... nous ne nous sommes jamais sentis concernés. Mon père Marc Belin a créé l'entreprise il y a plus de 50 ans à Toulouse. Nous sommes une PME familiale et indépendante. Et nous avons toujours été enclins à venir à Bordeaux. Cela fait d'ailleurs 20 ans que l’on y sévit. À l’époque, nous connaissions un architecte qui nous a proposé un projet sur Bordeaux et on l’a suivi. On est tombés sur des partenaires avec qui on s’entendait donc on est restés. Aujourd'hui, nous employons 12 personnes en Gironde, Belin Promotion compte un peu plus de 40 salariés au total. On développe des programmes à Bègles, Pessac, Mérignac, Talence... On est à l’affût ! L'immobilier se développe tellement en ce moment à Bordeaux.

L'ensemble « Palais Gallien - Fondaudège » est-il à la hauteur de vos espérances ?

P.-H. B. : A ce jour, sur les 94 logements prévus, nous en avons vendu environ 80. La livraison est prévue en plusieurs étapes : d'abord la halle cet été, deux bâtiments au deuxième semestre 2019 et deux bâtiments au deuxième semestre 2020. On a essayé de faire correspondre tout ça avec les travaux du tramway. Le chiffre d'affaires global pour le programme est estimé à 50 millions d'euros.

Il y a quelques semaines, le maire de Bordeaux Alain Juppé a formulé des propositions pour faire baisser le prix du foncier de 1 000 euros le m2 à 600 euros. Qu'en pensez-vous ?

P.-H. B. : C’est bien, évidemment. Est-ce qu’on y arrivera ? C'est une autre histoire... Si tout le monde joue le jeu, cela permettra d’afficher des prix de vente plus abordables, pour les primo-accédants surtout. Entre la LGV et l'attractivité de la ville parce qu'elle est belle et agréable, la demande a explosé. Il va falloir que tous les acteurs de l'immobilier soient capables de répondre à cette demande. Si on peut avoir une régulation du prix du foncier, ce sera bénéfique pour tout le monde... Sauf pour les vendeurs qui vont devoir revoir à la baisse leurs prétentions quant au prix de leur terrain. Je ne dis pas qu'on n'y arrivera pas mais ce sera compliqué !

Un article du projet de loi logement dit Elan réduit à 10 % le nombre de logements neufs accessibles aux personnes à mobilité réduite, contre 100 % actuellement. C’est une bonne mesure selon vous ?

P.-H. B. : On fait le yoyo. On était à 100 %, on passe à 10 %. C’est trop peu. Il y a un juste milieu ! Ça veut dire quoi 10 % des logements, vous les installez où ? On assigne les personnes à mobilité réduite au rez-de-chaussée ? Je trouve cela très déstabilisant. Il va falloir que l'on prenne le temps d’y réfléchir.

Vous avez fait du cinéma pendant 16 ans. Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre l'entreprise familiale ?

P.-H. B. : J’avais l’impression d’en avoir vu suffisamment, j’avais envie de changement. Et puis, avec le recul, je trouve que le cinéma et l'immobilier sont deux secteurs qui se ressemblent beaucoup. Le terrain, c'est le scénario, l'architecte devient réalisateur, et le promoteur prend la place du producteur. Et puis il faut bien le dire : l'immobilier est un milieu dans lequel on est entourés de beaucoup de comédiens (rires).

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