Au sein de l’entreprise de logistique des vins et spiritueux Dartess (240 salariés, 19 M € de CA en 2019), à Blanquefort en Gironde, l'activité se poursuit au quotidien au service des 220 clients – propriétaires viticoles, négociants, industriels, distributeurs ou importateurs. « Nous nous sommes posé la question de fermer l’entreprise, mais nous réunissions les conditions nécessaires à la mise en place de toutes les barrières sanitaires », tranche Frédéric Lanteri, directeur général de Dartess.
Pour adapter ou réaménager les postes, une équipe a été constituée, dédiée aux stocks stratégiques, produits désinfectants et masques. « Dans le cadre de nos activités de conditionnement et de fabrication, nous disposions d’un stock suffisant. Nous avons connu une tension en fin de première semaine sur le gel hydroalcoolique, mais nous sommes parvenus à reconstituer notre stock auprès de plusieurs fournisseurs. Nous avons également sollicité la société qui est en charge du nettoyage du site. La solidarité régionale a joué à plein », reconnaît le dirigeant. Une pharmacie voisine à Blanquefort a ainsi accepté de produire et fournir du gel hydroalcoolique à Dartess, de même que des clients locaux comme le groupe de e-commerce CDiscount.
Un management de proximité
Au-delà des questions de protection des collaborateurs, les équipes dirigeantes de Dartess ont renforcé leurs actions de management de proximité. Un message clair : en ces temps troublés, chacun est libéré des objectifs de performance. « Nous travaillons sans pression. Au plus près du terrain, nos managers nous remontent quotidiennement les informations. Cette communication interne est ascendante, mais également descendante », précise le directeur général.
Ainsi les nombreux messages de soutiens, de remerciements et d’encouragements émanant des clients de l’entreprise seront compilés pour être communiqués aux salariés. « Nous sommes fiers de participer à cette chaîne vertueuse au sein de la filière logistique. Cette crise aura eu pour effet de mettre en avant les valeurs de cohérence, de solidarité », estime Frédéric Lanteri.
Le e-commerce réclame des opérateurs
Dans cette entreprise spécialisée dans la logistique des vins et spiritueux, 1 500 commandes sont préparées chaque jour. L’activité emballage et conditionnement poursuit 80 à 90 % de son activité classique, le transport près de 50 %, quand le e-commerce décolle de 120 %. « Nous avons été sollicités à plusieurs reprises par des acteurs du e-commerce, du négoce également, mais nous avons refusé. Nous devons maintenir l’activité de nos clients existants. Nous n’avons pas vocation dans ces conditions à intégrer de nouveaux clients ».
Cette croissance d’activité de la dizaine de plateformes de e-commerces partenaires de Dartess est absorbée par des équipes renforcées. L’intérim vient pallier des taux d’absentéisme qui ont grimpé jusqu’à 35 % des effectifs lors de la deuxième semaine de crise, pour redescendre à 28 %, contre 5 % en temps normal. En revanche l’activité du segment des cafés, hôtels et restaurants (CHR) connaît un ralentissement sans précédent. « Certains de nos clients CHR parviennent toutefois à se projeter et à s’organiser pour la reprise. Par exemple, en reconstituant leurs stocks pour l’été, leurs assortiments de vins rosés », tempère Frédéric Lanteri.
Un équilibre précaire
Une autre ombre complexifie la chaîne logistique : l’export. « L’activité avec la Chine est repartie, nous avons chargé beaucoup de containers, certes. Mais le rythme d’accostage des bateaux a énormément ralenti », explique le dirigeant, qui reconnaît avoir peu de visibilité sur le trafic maritime, tout comme dans une moindre mesure sur la logistique du dernier kilomètre en France, notamment en livraisons aux particuliers.
Autre crainte exprimée par le directeur général : les défaillances des partenaires. « Pour le moment, du côté de nos fournisseurs en cartons et en emballages, ça tient », souffle Frédéric Lanteri. Une condition essentielle à la poursuite de l’activité de l’entreprise blanquefortaise.