À l’Euroairport de Bâle-Muhouse (CA 2018 : 143,1 M€, 6 300 collaborateurs sous-traitants inclus), les passagers se font rares ces dernières semaines. Mais au terminal cargo, les avions continuent de décoller. « Le fret a même légèrement augmenté » depuis le début de la crise du coronavirus, confie Stefan Wyer, responsable communication de l'aéroport, sans être en mesure de donner des chiffres précis.
C’est ce que confirme Swissport International (CA groupe 2019 : 3 Mds€, 65 000 collaborateurs) qui occupe 7 500 m² sur les 21 000 m² du terminal cargo de l’Euroairport. À Bâle, le fret représente environ 25 % de l’activité de cette société suisse dont le siège est à Opfikon, non loin de Zürich.
Son porte-parole Christoph Meier estime qu’à l'Euroairport « la situation est particulière puisque 40 % du fret traité par Swissport vient de l’industrie pharmaceutique ». Le hall du terminal cargo de l’aéroport inauguré en 2014 est réfrigéré et homologué pour ce secteur d'activité. La semaine du 23 mars 2020, un avion-cargo transportant 118 tonnes de médicaments a décollé vers Pékin, « alors que ce type de transport se fait normalement par voie maritime, un mode de transport actuellement perturbé », explique le porte-parole. Par ailleurs, dans la nuit du 31 mars au 1er avril dernier, l’Euroairport a également vu atterrir un avion de fret en provenance de Chine transportant deux millions de masques commandés par la Région Grand Est pour le personnel soignant régional.
Des clients d’autres aéroports se reportent vers Bâle
La semaine du 23 mars, Swissport a donc doublé son activité fret à Bâle-Mulhouse, passant de 7 à 15 avions par semaine. Huit avions de la compagnie aérienne Qatar Airways normalement destinés à l’aéroport de Luxembourg ont été transférés à l’Euroairport. L'aéroport de Luxembourg ferait face à un manque de personnel lié à l'épidémie de coronavirus ce qui ne lui permettrait plus d'assurer certains services. Bâle-Mulhouse a également récupéré le fret express destiné au canton du Tessin, en Suisse, normalement livré depuis Milan où l’aéroport est fermé.
Enfin, selon Christoph Meier, si l’Euroairport continue d’avoir du fret, c’est parce qu' « on envoie le fret avec des avions-cargos et non pas dans les cales des avions de passagers, car ceux qui atterrissent à Bâle-Mulhouse sont trop petits. » Selon lui, « les aéroports qui accueillent des vols commerciaux de taille plus importante ont vu leur trafic de fret impacté suite à la suppression de ces vols, pas nous à Bâle-Mulhouse. »
Le trafic passagers quasiment à l’arrêt en Alsace
Comme ailleurs, à l'Euroairport, le trafic passagers, qui représente la première source de revenus de l’aéroport, a été réduit à la portion congrue. Selon Stefan Wyer, « Aujourd’hui, nous avons environ deux vols par jour contre environ 80 habituellement la dernière semaine de mars, estime le porte-parole de l'aéroport, avant d'ajouter que ces vols devraient finir par s’arrêter totalement. La baisse du chiffre d'affaires devrait être de 40 à 50 % pour le mois de mars ».
Par ailleurs, à l’aéroport de Strasbourg-Entzheim (CA 2019 : 25 M€, 1 000 collaborateurs sous-traitants inclus), « il n’y a plus de trafic commercial depuis le vendredi 20 mars au soir », indique Sandrine Ostrowsky, présidente du directoire par intérim, sans pouvoir préciser pour l’instant la baisse du chiffre d’affaires. L’aérogare a donc été fermée, mais l’aéroport peut accueillir des vols commerciaux s’il est prévenu une à trois heures à l’avance selon la taille des avions. Le fret, quant à lui, « représente une part non significative de l’activité » de l'aéroport de Strasbourg, précise Sandrine Ostrowsky. Elle assure actuellement la présidence du directoire jusqu'à la prise de poste de Renaud Paubelle, prévue le 1er mai 2020.
