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Voulant déployer l'hydrogène dans les bâtiments, Sylfen part à la conquête de l'Europe
Isère # Production et distribution d'énergie # Levée de fonds

Voulant déployer l'hydrogène dans les bâtiments, Sylfen part à la conquête de l'Europe

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La start-up grenobloise Sylfen, à l’origine d’un système de stockage et de conversion d’énergie à destination des bâtiments, est en train de boucler une levée de fonds pour imposer sa solution en Europe.

Caroline Rozain, Nicolas Bardi et Marc Potron, les trois associés de Sylfen — Photo : Sylfen

Créée en 2015 par Nicolas Bardi, Caroline Rozain et Marc Potron, Sylfen développe une technologie de stockage sécurisé qui permet de stocker de très grandes quantités d’énergie hydrogène pour les bâtiments. La société (18 salariés) investit 580 000 € pour lancer la production d’une demi-douzaine de modules de son électrolyseur et pile à combustible réversible. "Ce produit permet, associé à des batteries et à un stockage d’hydrogène, de faciliter considérablement l’alimentation en énergies renouvelables de tous les sites bâtimentaires : immeubles de bureaux, résidences, équipements sportifs, zones d’activité ou de logistique", explique Nicolas Bardi, président de Sylfen.

Une usine en Aura en 2023

Pour réduire les émissions de CO2 d’un bâtiment, Sylfen propose sa solution "Smart Energy Hub" associant l’hydrogène à des batteries et capable de stocker l’énergie puis de la reproduire selon les besoins. "Cela fonctionne comme un électrolyseur pour stocker de l’électricité sous forme d’hydrogène puis comme une pile à combustible pour produire électricité et chaleur à partir de cet hydrogène quand on en a besoin", explique-t-on chez Sylfen où l’on croit qu’un bâtiment peut être "alimenté à 100 % par des énergies renouvelables produites localement comme le solaire ou l’éolien". La technologie à l’origine de cette solution a été développée au CEA-Liten de Grenoble, le centre de recherche européen dédié à la transition énergétique. Dès 2023, Sylfen espère y construire un outil industriel pour produire en grandes séries entre Grenoble et Chambéry.

La start-up détenue par ses cofondateurs et par le CEA-Investissement a pour l’instant été financée principalement par Bpifrance et des fonds européens (2,5 millions d’euros en tout). Récemment lauréate du prix deeptech de Bpifrance et du plan de relance territoires d’industries, Sylfen compte changer d’échelle, grâce une levée de fonds de plusieurs millions d’euros. Objectif : remplir son carnet de commandes et conclure des partenariats commerciaux dans les cinq pays européens qui concentrent à la fois la moitié de la population européenne et des mètres carrés de bâtiments construits : Espagne, Italie, Allemagne, Belgique et Royaume Uni. Deux contrats ont déjà été signés en Italie. Dès cette année, Sylfen équipera à Turin un pôle d’activité regroupant une dizaine de bâtiments. Il sera alimenté par l’hydroélectricité produite par la rivière voisine. La start-up grenobloise installera aussi bientôt sa solution à la mairie de l’île de Procida, au large de Naples.

Un marché européen de plus de 4 milliards d’euros

La jeune pousse entend aussi doubler ses effectifs d’ici deux ans en embauchant ingénieurs, développeurs et commerciaux. "Nous avons un produit industriel innovant, sur lequel nous sommes pionniers. C’est maintenant qu’il faut faire la différence, déployer et massifier notre solution", expose le président. En 2021, il vise un chiffre d’affaires d’environ un million d’euros et près de 10 millions dès 2022. "L’objectif est de multiplier par 10 notre chiffre d’affaires chaque année". Une ambition à la hauteur du défi : accélérer la transition énergétique des bâtiments de plus de 1 000 m² (centres commerciaux, logements, complexes sportifs, bureaux, écoquartiers, etc.). Ce marché pèserait en Europe, plus de 4 milliards et demi d’euros. En Auvergne Rhône-Alpes, où sont présents 80 % des acteurs de la filière hydrogène, Sylfen revendique sa singularité : "Nous associons beaucoup l’hydrogène à la mobilité, pourtant le bâtiment représente près de 40 % des émissions de gaz à effet de serre en Europe, c’est-à-dire autant que celui des transports" affirme Nicolas Bardi.

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