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Thierry Emin : du rugby professionnel à la relance industrielle du textile français
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Thierry Emin : du rugby professionnel à la relance industrielle du textile français

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Le président du club de rugby d’Oyonnax, Thierry Emin, s’est lancé dans l’industrie du textile il y a quatre ans. Depuis, il a repris plusieurs sociétés, qu’il veut rassembler sur un nouveau site à Saint-Vulbas, dans l'Ain. Une façon de participer à la relance du textile en France.

Thierry Emin, président du fabricant de tissu aindinois Billon et du club de rugby d'Oyonnax — Photo : Déborah Berthier

Lorsqu’il fait visiter les ateliers de fabrication de tissu Billon (3 M€ de chiffre d'affaires en 2021, 33 salariés), installés à Dagneux, dans l’Ain, il arrive encore parfois à Thierry Emin de découvrir des spécificités du tricotage. L’entrepreneur a repris la société centenaire en 2020. Au cours des trois dernières années, il a également lancé une marque de vêtements de sport techniques, Aura Évolution ; fondé une start-up qui développe un procédé de recyclage des collants, Ecollant ; est devenu actionnaire majoritaire du créateur de collants Divine, basé dans l'Yonne ; et vient d’acquérir une marque lyonnaise de vêtements de sport féminins, Les poulettes fitness.

Un novice du textile

Il y a quatre ans, le monde du textile était pourtant étranger à Thierry Emin. L’ancien joueur de rugby et président du club d'Oyonnax depuis 2014 avait passé toute sa carrière - plus de trente ans - au sein d’une société spécialisée dans le papier et le carton ondulé : Emin Leydier, née de la fusion de l’entreprise familiale avec le papetier Leydier.

Quand, en 2018, l’actionnaire majoritaire américain et les dirigeants cèdent le groupe à une multinationale espagnole (Saica group), Thierry Emin, alors directeur général délégué, quitte le navire et se met en quête d’une seconde vie professionnelle. C’est presque par hasard qu’il se retrouve projeté dans le secteur du textile. "C’est parti d’une rencontre avec un autre industriel d’Oyonnax, le dirigeant d’Ain Fibres, Becher Al Awa, et de la volonté de proposer aux joueurs du club des équipements en textile technique de qualité et produits en France", se souvient-il. Il commence par prendre des parts dans la société du fabricant de textile technique. Le reste suit.

Un investissement de 10 millions d’euros à venir

Son inexpérience dans le secteur et son caractère "un peu naïf" et "va-t’en guerre", tel qu’il se décrit, sont une force selon lui. "Depuis les années 1960, les acteurs du textile français n’ont connu que la décroissance. Il fallait probablement venir de l’extérieur pour reprendre une entreprise d’une trentaine de salariés, qui en a compté plusieurs milliers, vouloir participer à la relance du textile made in France en intégrant des innovations comme la technologie seamless (sans couture, NDLR) et se dire qu’il était possible de réussir", glisse-t-il.

Toutes ces tentatives ne sont pas des réussites immédiates. La création ex nihilo de la marque Aura Évolution s’est notamment avérée plus ardue qu’anticipé. "J’avais l’ambition de faire du coupé-cousu made in France. Mais c’est complexe et très cher", reconnaît-il. Pas de quoi freiner ses ardeurs. Les reprises de ces dernières années ont, pour la plupart, été faites sans préméditation, au fil des rencontres et du contexte. Mais, les projets ne manquent pas. Parmi les prochains sur la liste : démarrer la confection de chaussettes seamless, rapatrier la production de collants Divine en France, lancer une branche Divine Sport… Et d’ici deux à quatre ans, l’ensemble de ces activités devraient être réunies sur un site unique, à Saint-Vulbas. Montant de l’investissement estimé : 10 millions d’euros.

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