En près de cinquante ans, la PME ardéchoise Pipo Moteurs (15 salariés) a acquis une multitude de titres dans le milieu de la compétition automobile. Après avoir équipé les mythiques Peugeot 205 T16 ou la 206 WRC en rallye, Pipo Moteurs a brillé fin août sur le circuit des 24 Heures du Mans et surtout prouvé la fiabilité de son moteur en compétition d’endurance. Embarqué sur deux voitures de l’écurie américaine Glickenhaus Racing, le moteur V8 biturbo, conçu et assemblé par les équipes de Frédéric Barozier, a terminé à la quatrième et cinquième place de la course Le Mans Hypercar, la catégorie reine. "Cette première expérience réussie dans le monde de l’endurance et du circuit nous apporte de la visibilité, démontre nos compétences et renforce notre crédibilité", assure le PDG de Pipo Moteurs depuis 2017, date de la reprise de l’entreprise aux côtés d’Eximium. "Le Mans était un gros challenge puisque c’était la première fois qu’on développait un moteur V8 biturbo alors que nous étions jusqu’alors sur un moteur 4 cylindres turbo. Nous terminons la course en faisant également le moins d’arrêts aux stands", souligne le PDG de la PME, sous contrat avec le constructeur Hyundai.
Fiabilité et rapidité d’exécution
Sur 2 000 m² à Guilherand-Granges (Ardèche), Pipo Moteurs possède un bureau d’études, trois lignes d’assemblage et quatre bancs d’essais. L’équipe assure également un support technique pendant les courses sur lesquelles ses moteurs sont engagés. Des compétences techniques et une équipe resserrée à l’origine du succès de Pipo Moteurs au Mans. "Nous avons les capacités de concevoir, produire et assembler un moteur très rapidement. En seulement dix mois, nous avons réussi l’exploit de dessiner et livrer le moteur au constructeur", se targue le PDG, qui a clôturé l’exercice 2020 à 4 millions d’euros, contre 7 millions d’euros en 2019. Un retrait de l’activité en plein Covid-19 dû essentiellement à l’absence de compétitions, malgré les 95 % du chiffre d’affaires réalisé à l’international. Une réactivité grâce aux relations tissées avec des fournisseurs et sous-traitants de la région. "Plus de la moitié des pièces du moteur sont usinées par des industriels de Rhône-Alpes", revendique Frédéric Barozier.
Haro sur l’hydrogène
Reste que l’avenir semble déjà écrit. Alors que la société travaille depuis quelques années sur des moteurs fonctionnant sur des énergies alternatives (bioéthanol), le choix de l’hydrogène l’a finalement emporté. "C’est un vecteur énergétique qui a le vent dans le dos", souffle le PDG, qui se fixe comme objectif de parvenir à développer un moteur hydrogène pour le Dakar 2023 et les 24 Heures du Mans.
Pour la technologie, Pipo Moteurs poursuit sur sa lancée d’un moteur à combustion interne, plutôt qu’une pile à combustible. "La technique reste la même que sur un moteur thermique classique avec une bougie qui allume l’hydrogène. Mais cela suppose de redessiner tout le système d’injection et de procéder à un gros travail de simulation et de tests", souligne celui qui collabore avec plusieurs entreprises de la région dont CMRT, spécialiste lyonnais des motorisations et des carburants alternatifs. D’après le dirigeant, la compétition n’est qu’un vecteur de développement vers d’autres usages : "La technologie pourrait être déclinée ensuite sur des générateurs pour produire de l’électricité dans des bus ou des engins de chantiers qui nécessitent de la puissance et un temps d’usage allongé par exemple".