Orano investit massivement pour produire plus d’uranium enrichi à Tricastin
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Orano investit massivement pour produire plus d’uranium enrichi à Tricastin

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Le groupe français Orano prévoit d’investir plus de 1,3 milliard d’euros sur le site de Tricastin, à cheval entre la Drôme et le Vaucluse, afin d'accroître ses capacités de production en uranium enrichi. Un moyen de renforcer la souveraineté énergétique de la France au regard du contexte géopolitique.

Le site nucléaire de Tricastin accueille déjà une unité de production d’uranium enrichi — Photo : Jeanne Menjoulet

Entre 1,3 et 1,7 milliard d’euros. C’est le montant que le groupe français Orano prévoit d’investir sur le site de la centrale nucléaire de Tricastin dans le cadre de son projet d’extension de l’usine Georges Besse 2. Construite en 2004, cette usine d’enrichissement d’uranium, à cheval entre la Drôme et le Vaucluse, a été progressivement mise en service entre 2011 et 2016. Elle dispose aujourd’hui d’une capacité de production annuelle de 7,5 millions d’unités de travail de séparation (UTS, unité servant à mesurer le travail nécessaire à la séparation d'uranium). Orano voudrait aujourd’hui porter les capacités de production du site à leur maximum, c’est-à-dire 11 millions d’UTS.

Pour ce faire, quatre modules seraient ajoutés aux quatorze déjà existants. Le calendrier prévoit de commencer les travaux fin 2024, pour une mise en service complète à l’horizon 2030. Au total, une cinquantaine d’emplois supplémentaires pérennes directs devraient être créés (350 personnes environ sont actuellement employées dans les usines Georges Besse 2).

Une réponse au contexte géopolitique

Ce projet d’extension vise à répondre au besoin d’augmentation "des capacités d’enrichissement afin de contribuer à la souveraineté énergétique occidentale", indique Orano. Actuellement, quatre producteurs majeurs se répartissent en effet le marché mondial de l’enrichissement d’uranium : deux enrichisseurs occidentaux, le britannique Urenco (31 % des capacités de production) et Orano (12 %), un enrichisseur russe, Rosatom (43 %), et le chinois CNNC (13 %). Contrairement à l’Europe et aux États-Unis, la Russie assure aujourd’hui elle-même sa souveraineté énergétique. Rosatom contribue même pour 30 % en moyenne des approvisionnements du marché occidental (28 % aux États-Unis, et 31 % en Europe).

Le projet d’extension doit aussi permettre "d’anticiper rapidement une situation de pénurie potentielle à court et moyen termes". Le conflit entre la Russie et l’Ukraine "peut entraîner un arrêt total ou partiel de la fourniture d’uranium enrichi par Rosatom pour le marché occidental", étaye Orano.

Avant la guerre en Ukraine, Orano estimait que "la demande resterait stable". Mais au vu des conséquences possibles du conflit, Orano estime désormais son marché potentiel sur les années 2030-2040 à 11 millions d’UTS par an. Les producteurs d’électricité américains ont d'ores et déjà engagé des discussions commerciales pour la substitution de leur uranium enrichi d’origine russe.

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