L'année du Coq commence bien pour Laurent Wauquiez. Celui qui doit se rendre en Chine dans quinze jours pour promouvoir l'industrie de la montagne n'a pas attendu de poser les pieds à Shanghaï pour célébrer à sa façon cette nouvelle année chinoise. Ce lundi 30 janvier, au siège de la région Auvergne-Rhône-Alpes, toutes les planètes étaient alignées en sa faveur. Pour la première édition du Digital Summit, un événement qui se veut annuel et destiné à promouvoir les start-up et autres initiatives numériques, l'homme avait rassemblé le ban et l'arrière ban des dirigeants qui comptent dans ce secteur : de Laurent Fiard (Visiativ à Bruno Bonnel (Innorobo), Bernard Belletante (EMLyon), Jean-Michel Bérard (Esker) et plus de 1.000 professionnels...
L'occasion pour lui de rappeler qu'il entend faire d'Auvergne-Rhône-Alpes « la première région digitale d'Europe », sorte de Silicon Valley locale. L'élu Les Républicains dit vouloir consacrer 650 millions d'euros en quatre ans à son ambition numérique. Ainsi 220 millions seront déployés pour équiper 100 % du territoire en fibre ; 260 millions d'euros pour accompagner la création de 10 000 emplois et 750 start-up. Et enfin 170 millions d'euros dans les services et la dématérialisation des démarches administratives liées à la Région.
Le soutien de Xavier Niel
Mais l'annonce la plus attendue concernait le projet du "Campus européen numérique", promesse de campagne du candidat Wauquiez qui, depuis un an, semblait avoir du mal à émerger. Ces dernières semaines les choses se sont débloquées. Le Campus numérique ouvrira ses portes à 200 ou 300 élèves en septembre prochain sur 3 400m² dans le bâtiment King Charles, situé à la Confluence, et abritera une école de codage. Celle-ci s'inspirera de l'Ecole 42 fondée par Xavier Niel, PDG d'Iliad-Free, présent lors de ce Digital Summit. L'entrepreneur a exprimé sa volonté de mettre son modèle pédagogique au service du projet régional.
« Pour moi, cette région est la première région alternative sur les nouvelles technologies. Et toutes les initiatives qui visent à ouvrir des centres de formation des jeunes au codage sont bienvenues. A la clé, c'est un emploi assuré », a-t-il promis, annonçant que Lyon sera la première ville à accueillir la petite sœur de "42" en France. Selon Laurent Wauquiez, plus de 8 000 postes de codeurs seraient à pourvoir dans le pays. Cette école est à l'image de Free : peu coûteuse et au service du plus grand nombre. Ainsi, à Paris, les étudiants ne sont sélectionnés que sur leur degré de motivation et encadrés par très peu d'enseignants. La pédagogie ry epose sur la gestion des projets, l'entraide et le travail collaboratif.
Un programme à 60 millions d'euros
Cette école sise à Confluence n'est que le premier étage de la fusée. Plus tard, en 2020, « le site de 11 hectares à Charbonnières-les-Bains accueillera 2000 à 3000 étudiants », a indiqué Laurent Wauquiez. Le Campus abritera en effet quatre "briques" : des formations digitales assurées par cinq écoles (en cours de sélection, 80 au total ont répondu à l'appel à manifestation d'intérêt) ; un pôle dédié à l'accompagnement de l'écosystème avec des labellisations de formation dans les universités ou écoles de la Région ; un autre spécialisé dans le soutien aux entreprises et industries traditionnelles qui veulent basculer dans le 2.0. Sans oublier l'école de codage. Le programme "Campus numérique" est chiffré aux alentours de 60 millions d'euros pour l'ensemble des quatre années à venir.
Ultime vertu de cette journée qui a accueilli plus de 1000 participants à la conférence plénière de midi en présence de Xavier Niel puis Laurent Solly (Facebook France) : faire taire les rumeurs de défection de la vice-présidente de la Région en charge du Numérique, Juliette Jarry. Celle-ci, disait-on, était lassée des positions politiques de son Président et ne voyait pas le dossier Campus Numérique avancer suffisamment vite. Ce lundi, maîtrisant parfaitement son dossier, elle semblait plus que jamais mobilisée.
