Implanté à Briord, dans la plaine du Bugey (Ain), depuis sa création il y a 160 ans, le groupe d'ameublement haut de gamme Roset (635 salariés, 120 M€ de chiffre d'affaires en 2021), qui détient les marques Ligne Roset et Cinna, est un symbole de l’ameublement design made in France. 95 % de ses collections de sièges, meubles et autres objets décoratifs sont fabriqués dans l'Hexagone. L’entreprise, submergée par les commandes depuis la crise du Covid, est aujourd'hui confrontée à la difficulté de trouver des couturiers et couturières pour la fabrication de ses housses de fauteuil et de canapé.
Favoriser l’insertion de publics réfugiés
Alors le groupe a décidé de les former lui-même en faisant, par la même occasion, une bonne action : ses élèves sont des réfugiés arrivés en France il y a moins de dix-huit mois. Depuis le 27 juin 2022, son usine de Saint-Georges-de-Reneins (Rhône), qui emploie 30 couturières produisant 800 housses par mois, a ainsi rejoint un parcours de formation initié par l’Agence Nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes (AFPA) de Bourg-en-Bresse. Celui-ci s’inscrit dans le cadre du dispositif Hope, dont l’objectif est de favoriser l’insertion de publics réfugiés grâce à la formation à un métier. De son côté, l’Afpa accompagne les apprenants sélectionnés dans leur recherche de logement à proximité de l’entreprise, pour sécuriser la démarche d’embauche.
"Nous avons de la peine à recruter dans ces métiers car il n’existe pratiquement plus d’école qui forme à la couture d’ameublement", confie Sophian Farah, chargé de recrutement production du groupe Roset. Au total, l’entreprise a sélectionné huit candidats sur un groupe de 20 personnes en leur faisant passer un entretien de motivation et des tests de logique et de couture destinés, notamment, à mesurer les aptitudes naturelles, mix de force et de dextérité. La promotion 2022 est exclusivement masculine, constituée de six Afghans et de deux Soudanais âgés de 22 à 32 ans.
Promesse d’embauche
D’une durée de dix mois, la formation se déroule en deux étapes. Dans une première phase, le centre Afpa de Bourg-en-Bresse a mis à niveau le groupe en langue française avant de les immerger dans l’usine lors d’un stage de deux semaines au cours duquel les élèves ont été familiarisés aux techniques de la couture d’ameublement.
Depuis le 3 octobre, les apprenants sont entrés dans la phase de professionnalisation. Jusqu’en avril 2023, ils seront alternativement formés par l’Afpa et par le groupe Roset au sein même de l’atelier de Saint-Georges-de-Reneins. Une formule choisie pour éviter les allers-retours entre le centre de formation et le lieu d’apprentissage en entreprise.
À la fin de leur cursus, les réfugiés passeront l’examen dans le but d’obtenir le certificat reconnu par l’État de Compétences Professionnelles en couture d’ameublement, avec, à la clé, la promesse d’une embauche. Fraîchement diplômées, les jeunes recrues viendront renforcer les effectifs de l’atelier, qui devra encore engager 12 couturiers ou couturières pour tourner à plein régime.
