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Laurent Dolbeau (France Air) : « Je me suis préparé en douceur à reprendre les rênes de l'entreprise familiale »
Témoignage Lyon # Industrie

Laurent Dolbeau (France Air) : « Je me suis préparé en douceur à reprendre les rênes de l'entreprise familiale »

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76% des dirigeants d'entreprises identifient comme repreneur idéal un membre de leur famille (Deloitte). C'est le cas de l'entreprise familiale France Air qui a nommé il y a quatre mois Laurent Dolbeau, 36 ans, directeur général, quatrième génération à la tête de l'entreprise de 148 M€ en 2018, avec 600 salariés. Témoignage.

— Photo : France Air

« Mes dimanches en famille ont été bercés durant trente ans par des conversations autour de l'entreprise familiale, sa stratégie, son avenir. Mais jamais personne ne m'a dit que je devrai, un jour, reprendre les rênes de l'entreprise. Mon père, en particulier, m'a laissé très libre.
Après un master en droit international et une première expérience dans une étude d'avocat, accomplissant des tâches très solitaires, le goût de l'action et de l'entrepreneuriat m'ont rattrapé. J'ai décidé d'intégrer l'EMLyon, pour affûter ma connaissance des rouages d'une entreprise. Mon père ne m'a jamais fait sentir que je pourrais alors entrer à mon tour dans la lignée des chefs d'entreprise de la famille. Il m'a au contraire conseillé d'avancer à mon rythme. Avec le recul je réalise qu'il m'a épargné cette pression. Peut-être savait-il intimement que j'aurai à gérer celle de l'entreprise.
Il est vrai qu'en tant que " fils de ", je suis observé au microscope ! Mais cela est bien normal et ne me choque pas. C'est même plutôt sain. Pour me " construire " comme leader, devenir légitime, des preuves de compétences doivent être apportées à chaque étape. Je dois constamment me poser des questions, me challenger, prouver que si je suis à ce poste-là c'est que j'en ai les ressorts et que je sais prendre les décisions. Cela m'oblige à être bon ».

Marche par marche

« Après l'EM Lyon j'ai été expatrié dans une entreprise (Astrapool, NDLR) à Shanghai, en Chine durant trois ans. Mon employeur m'a proposé de reprendre la direction d'une filiale en Chine. J'ai alors échangé avec mon père en lui disant que si je voulais mettre un pied dans France Air, dans la perspective de reprendre l'entreprise c'était le moment. Mon choix était fait. Mais personne ne m'a déroulé le tapis rouge, et personne ne m'attendait. C'est ainsi que je suis " rentré " opérationnellement dans l'entreprise, franchissant les échelons marche par marche. D'abord comme responsable régional en 2009. Puis responsable marketing durant 3 ans avant de devenir directeur marketing (2 ans) puis directeur général. Je n'ai pas le sentiment de porter un sac à dos trop lourd pour moi, ni même celui d'être dans une voie à sens unique pour 40 ans. Je me sens fier d'être là mais la vie est longue ! Je prends pour l'heure plaisir à impulser de nouveaux projets, qui sont sans doute plus ceux de ma génération ».

Passation de pouvoir

« J'ai réussi à faire passer au budget la création d'un poste de digital-marketeur qui va poursuivre le développement digital que j'ai initié. Mon père qui demeure président du directoire ne m'a pas lâché comme ça dans la nature, on discute beaucoup, on essaye de prendre les décisions ensemble, je suis respectueux de ses avis autant que lui l'est de mes choix et de mes décisions. Même si je sais parfaitement qu'il n'aurait pas eu les mêmes ! Cela se passe très bien entre nous. La particularité quand on est à la tête d'une entreprise familiale qui va bien, c'est d'avoir du temps, cela évite de faire des bêtises, d'autant qu'il s'agit de notre argent. »

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