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Fabricant de textile d'habillement, Chamatex investit 800 000 euros dans deux lignes de masques
Ardèche # Textile # Innovation

Fabricant de textile d'habillement, Chamatex investit 800 000 euros dans deux lignes de masques

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La PME Chamatex, spécialisée dans les textiles techniques innovants, vient d'acquérir deux lignes de production de masques. Les machines seront installées dans l'usine Pierre Rocle, que l'entreprise ardéchoise a racheté l'an dernier. En parallèle, la société développe un projet d'usine automatisée de chaussures de sport haut de gamme.

— Photo : Chamatex

Déjà cinq millions de masques sortis des usines, depuis le début de la crise sanitaire. Et l’entreprise ardéchoise Chamatex (120 salariés), spécialisée dans le textile technique, ne compte pas s’arrêter là. Elle vient d’investir 800 000 euros pour l’acquisition de deux lignes automatisées de confection de masques afin de pérenniser la production. La première, qui sera installée fin août, permettra la fabrication de 250 000 unités par mois. La seconde, opérationnelle un mois plus tard, s’inscrit dans un projet mené en partenariat avec trois marques de sports. Son objectif de production : 20 000 masques par mois.

À la fin des années 2000, on n’aurait pourtant pas donné cher de l’avenir de Chamatex qui pèse aujourd’hui 25 millions d’euros de chiffre d’affaires et enregistre une croissance annuelle moyenne de 15 %. L’entreprise, alors spécialisée dans le textile d’habillement destiné aux grandes centrales d’achat, venait de voir son chiffre d’affaires dégringoler à 7 millions d’euros, contre plus de 100 millions au début des années 2000. Une victime collatérale de la concurrence indienne et chinoise.

De sous-traitant à codéveloppeur

Son salut, la société basée à Ardoix, en Ardèche, le doit à Gilles Réguillon, gendre du fondateur Jean-Claude Montagnon, devenu dirigeant de l’entreprise en 2006 et actionnaire majoritaire en 2010. « Depuis dix ans, Chamatex a opéré un virage vers le textile technique », explique Julian Dykiert, directeur du développement. Plus question de se concentrer sur l’esthétique des textiles, mais plutôt sur leurs performances techniques et leurs propriétés fonctionnelles. La nouvelle stratégie de Chamatex se décompose alors en trois axes : se diversifier pour ne plus être tributaire de la conjoncture économique d’un seul marché, se développer à l’international pour trouver des relais de croissance supplémentaires, et surtout, investir dans l’innovation afin de remonter la chaîne de valeur et être en mesure de se positionner comme codéveloppeur et non plus sous-traitant.

Photo : Chamatex

L’innovation au cœur de la stratégie de Chamatex

« Sans innovation, Chamatex n’existerait plus, résume Gilles Réguillon. Elle est le moteur de notre croissance et continue à nous donner de la perspective pour les années futures. » Une équipe de six personnes et 5 % du chiffre d’affaires annuel sont dédiés à la R & D. La société commercialise ses produits sur six marchés cibles (industrie et santé ; ameublement ; sport et luxe ; racing et équipements de sécurité ; uniformes corporate ; fils et chaînes). Elle doit sa croissance à ses innovations, en particulier à son produit phare, Matryx, un textile codéveloppé entre 2013 et 2016 avec le lyonnais Babolat (équipementier en tennis, CA 2018 : 136 M€ / 340 salariés) et le groupe Zebra, agence de stratégie digitale basée à La Tour de Salvagny (CA 2018 : 4 M€ / 49 salariés) pour les chaussures de sport.

D’ailleurs Chamatex a répondu avec Zebra à un appel à projets « en cours de finalisation » du Campus Région du numérique, qui prévoit la création d’une usine-pilote, automatisée et flexible, permettant d’optimiser le nombre d’emplois nécessaires à la fabrication de chaussures techniques dans la région.

« Nous serons opportunistes »

« Ce composant présente le double avantage de réduire de 50 % le nombre de composants et de n’avoir besoin que d’une seule épaisseur. On a donc moins d’assemblage de pièces et le produit fini est plus léger », précise Julian Dykiert. En 2016, 80 000 paires avaient été vendues. En 2020, elles devraient être plus d’un million. Entre-temps, d’autres disciplines sportives (randonnée, handball, basket, etc.) ont adopté le matériau et « codéveloppé » avec Chamatex un produit sur mesure : un textile très souple pour les marques de trail, des fils réfléchissants intégrés pour la marque de vélos Mavic, etc.

Diversification et croissance externe

L’objectif est désormais de diversifier les usages de Matryx. « Nous sommes en train d’élargir ses applications aux chaussures de sécurité, indique le directeur du développement. Et nous développons des produits pour le secteur du luxe et de l’ameublement », qui devraient être commercialisables à l’horizon 2021-2022.

En parallèle, Chamatex déploie une stratégie de croissance externe. Après avoir racheté deux spécialistes du fils, Profil Tex en 2013 et BD Fils en 2015, la société s’est offert Pierre Rocle, ses 45 salariés et ses 8 millions de chiffre d’affaires en 2019. « Cette entreprise était en perte de vitesse dans le secteur de l’ameublement, détaille Julian Dykiert. Nous allons y introduire de l’innovation pour accroître sa rentabilité et développer l’export. » Après avoir investi « plusieurs milliers d’euros » dans la modernisation de son outil industriel et la formation du personnel, l’usine installée à Tarare (Rhône) tournera à 70 ou 80 % en 2020 et la part de l’export dans le chiffre d’affaires, passée de 15 % à 25 % en 2019, devrait continuer à croître.

Une stratégie de synergie industrielle que Chamatex entend appliquer à ses futures acquisitions. « Qu’il s’agisse d’un outil industriel ou d’un nouveau marché cible, nous serons opportunistes », prévient Julian Dykiert.

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