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Coronavirus : l'UIMM Loire dénonce le double discours de l'État
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Coronavirus : l'UIMM Loire dénonce le double discours de l'État

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Dans la Loire, le courrier du préfet Evence Richard exhortant les entreprises à poursuivre leur activité est mal passé dans un contexte de crise sanitaire liée au coronavirus. Surtout au sein de l’Union des industries et métiers de métallurgie (UIMM) qui dénonce le double langage de l’Etat.

"Il est parfaitement utopique de penser que les chefs d'entreprises puissent garantir l'application stricte des mesures barrières au sein d'établissements industriels", s'insurge le président de l'UIMM Loire Philippe Rascle — Photo : DR

« La philosophie générale des mesures gouvernementales est d’éviter autant que possible tout regroupement de personnes afin de ralentir la propagation du virus […] Mais cela ne saurait signifier que l’activité économique doit être réduite pour tous les autres secteurs professionnels qui ne génèrent habituellement pas de rassemblements de clientèle. Je tiens donc à rappeler que si les mesures de restriction doivent être strictement respectées, elles ne doivent pas aboutir à dissuader nos concitoyens de poursuivre leur activité, hormis pour les commerçants impactés par les interdictions d’ouverture ».

Daté du 18 mars, le courrier du préfet de la Loire Evence Richard n’est pas passé inaperçu. Envoyées aux chambres consulaires et fédérations professionnelles du département, les recommandations de l’État qui exhortent les entreprises à poursuivre leur activité passent mal, notamment dans la métallurgie. « Le préfet nous a demandé de faire passer le message à nos adhérents. Ce que l’on a fait même si nous ne sommes pas d’accord. Et depuis, je reçois une quantité hallucinante de mails et coups de téléphone de la part de nos entreprises qui ne savent plus quoi faire », explique le délégué général de l’UIMM Loire.

Confrontées à l’arrêt brutal des gros donneurs d’ordre de l’automobile et de l’aéronautique, les entreprises ligériennes de la métallurgie et de la mécanique se posent légitimement la question de l’intérêt ou non de maintenir leur production. D’autant plus que le message du gouvernement est de nature à jeter le trouble.

La sécurité des salariés en question

« D’une part, les services de l’État encouragent les entreprises industrielles à poursuivre leurs activités, et d’autre part nos salariés entendent des messages les plus alarmants sur la situation sanitaire et l’impérieuse nécessité de rester confinés. Comment justifier à nos salariés, le fait qu’ils ne peuvent pas rencontrer leur famille, leurs amis mais qu’ils peuvent se rendre sur leur lieu de travail et rencontrer leurs collègues », s’insurge le président de l’UIMM Loire Philippe Rascle dans une tribune envoyée ce jour (jeudi 19 mars) à la presse.

D’autant que le maintien de l’activité pose clairement une problématique de sécurité des salariés et de responsabilité des employeurs, qui pour la grande majorité sont aujourd’hui dans l’incapacité de leur fournir les protections nécessaires (masques, gants et gels hydroalcooliques) au bon exercice de leur activité en période de pandémie.

« Il est parfaitement utopique de penser que les chefs d’entreprise puissent garantir l’application stricte des mesures barrières au sein d’établissements industriels. […] Par ailleurs nul n’ignore que la responsabilité pénale du chef d’entreprise peut-être engagée. Il est en effet le seul garant de la santé physique et mentale de ses salariés, en l’espèce, les risques sont très clairement avérés », développe le président de l’UIMM Loire.

Des conflits sociaux en perspectives

« Prises entre le marteau et l’enclume », selon l’image de Daniel Roché, les entreprises ligériennes de la mécanique et de la métallurgie sont depuis deux jours confrontées à un climat social délétère. « J’ai été saisi par des représentants syndicaux salariés, faisant état de conflits graves avec les directions. Il appartient de préciser clairement si on continue de laisser les millions d’emplois industries en dehors des mesures d’urgences et exceptionnels mises en place. Je ne parle évidemment pas des secteurs vitaux de notre économie (agroalimentaire, pharmacie, santé…) », développe Philippe Rascle.

Et son délégué général de conclure : « Il y a un malaise grandissant et les conflits sociaux qui vont se développer dans les jours qui viennent laisseront des traces. »

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