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Coronavirus : comment Serfim organise la reprise
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Coronavirus : comment Serfim organise la reprise

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L’ETI lyonnaise Serfim, spécialisée dans les travaux publics (Vénissieux, CA 2019 : 410 millions d’euros) se prépare à une reprise progressive de ses activités. Avec une dizaine de métiers différents le groupe, désormais dirigé par Alexandra Mathiolon, mise sur une forte dose de méthodologie et, malgré les surcoûts attendus, assure ne pas vouloir transiger sur la sécurité de ses 2 250 collaborateurs.

L’entreprise familiale lyonnaise Serfim (Vénissieux / CA 2019 : 410 M€ / 2 250 salariés) a, dès le 16 mars, fait le choix de « ne pas transiger sur la sécurité » en stoppant certains chantiers chez ses clients publics ou privés. Ainsi, très vite 80 % des salariés sont passés en chômage partiel. Seules certaines activités comme la collecte de déchets, les services d’astreinte pour les fuites de gaz et l’alimentation électrique, l’intervention sur des claquages de câbles, ou les opérations de dépollution, prioritaires, se sont poursuivies.

Dans la foulée, le comité de direction de Serfim, groupe spécialisé dans les métiers des travaux publics, route, eau, énergie, dépollution, recyclage, ouvrages d’art, réseaux de fibre optique… a créé une cellule de crise. Au menu des réunions : les nominations de référents Covid-19 sur chaque chantier, un point avec les responsables des ressources humaines sur l’évolution des effectifs, le suivi des clients, l’information aux salariés…

Un guide de 24 pages à simplifier

Place, désormais, « à l’après ». Depuis l’annonce de la fin progressive du confinement à partir du 11 mai, l’idée est de reprendre à 50 % d’activité partielle. Le Guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction, « très bien fait » sera suivi à la lettre. Même si, pondère Alexandra Mathiolon, directrice générale du groupe depuis le 1er janvier dernier, cet outil « ajoute de nouvelles contraintes à nos collaborateurs, lesquels suivaient déjà des règles de sécurité drastiques ».
Alors comment s’organisera la reprise des activités chez Serfim ? La direction de la QSE (qualité sécurité environnement) mène les premières formations auprès des équipes qui partent sur le terrain. « Leur rôle est stratégique aujourd’hui », estime la trentenaire. Leur mission ces jours-ci : « traduire » et simplifier le guide de 24 pages en règles simples pour chacun des dix métiers du groupe. « C’est d’ailleurs difficile de faire court ».

« Nous avons choisi de privilégier la reprise des chantiers où les distances de sécurité sont faciles à respecter ». Ainsi, dès cette semaine, certaines équipes testent les nouvelles règles, estiment le volume de matériel - masques, gants, gel - nécessaire par jour et en feront un retour précis. Parmi les changements qui s’opéreront au fil de la reprise, Serfim va décaler les horaires de début de journée, organiser un roulement pour l’utilisation des vestiaires et du réfectoire. L’entreprise a passé commande auprès de l’ardéchois Chamatex pour s’équiper en masques lavables, en plus des masques FFP2. « Mais nos métiers sont physiques, alors garder le masque tous les jours à 100 % ça va être difficile de l’exiger » anticipe la dirigeante, « même si certains sont déjà habitués à porter des masques avec visières, comme dans le secteur de l’électricité ».

Surcoûts en perspectives

Autres changements d’habitudes en perspective : l’utilisation fréquente du savon et des jerricanes d’eau sur les chantiers, l’usage de l’essuie-mains… Tandis que la mise à distance dans les véhicules s’impose comme le prochain projet. « Nous attendons des homologations pour séparer les fourgons en deux compartiments avec des plexiglas », précise la dirigeante.

Pour l’activité déchetteries, où les collaborateurs reçoivent du public, Serfim expérimentera l’usage de borne pour avancer son véhicule afin de limiter les contacts entre individus. « Sur ce point, nous sommes prêts à reprendre dès le feu vert des collectivités ». Pour les salariés tertiaires, les bâtiments flambant neufs de Vénissieux ont désormais un sens de passage pour aller d’un endroit à un autre, avec parfois ajout de plexiglas entre les bureaux. Et un passage plus fréquent des sociétés de nettoyage. L’attente est forte. Au sein des 2 250 collaborateurs « plus de 80 % nous demandent de reprendre le travail », expose cette diplômée de l’École des Mines de Saint-Etienne.

Reste désormais à évaluer le surcoût, inévitable, de ces aménagements. L’impact transport, les prestations de nettoyage, et surtout la baisse de productivité… la fourchette est actuellement estimée entre 10 et 20 % de surcoût. « C’est énorme et demande à être affiné dès la reprise des chantiers », indique Alexandra Mathiolon, qui évalue à ce stade un coût matériel supplémentaire de l’ordre de 3 euros par collaborateur et par jour. « Comme nous ne faisons pas de fortes marges, nous serons vigilants ». Mais pour celle qui est à la barre de Serfim depuis un peu plus d’un an, « nos choix ne sont pas dictés par les coûts. Notre priorité est de protéger nos collaborateurs, en comptant sur la solidarité des clients ». Car dans cet océan d’incertitudes, une chose est certaine, « ces nouvelles règles devront être maintenues. Nous entrons dans une crise longue et ces méthodes de travail devront durer bien après le déconfinement ».

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